Le streaming du jour #911 : Dosh - ’Milk Money’
Hasard de l’actu, Dosh et Daedelus, les deux musiciens les plus baroques et inclassables jamais passés par les rangs d’Anticon confrontent leurs points de vue en cette rentrée. Mais là où le magicien californien récemment débarqué sur le label à la fourmi semble avoir perdu au profit d’une approche plus introspective et synthétique une partie du souffle libertaire qui faisait le prix de sa musique, c’est en quittant cette même écurie fidèlement servie pendant 10 ans que le touche-à-tout de Minneapolis largue définitivement les amarres avec l’album le plus freeform de sa discographie.
Notre multi-instrumentiste le revendique d’ailleurs dès la pochette de ce Milk Money sorti hier, qui pourrait donner de faux-airs d’enregistrement live au successeur du très bon Tommy : si les synthés analogiques et l’autarcie (à l’exception des fascinantes interventions vocales d’une chanteuse évoquant Björk dès l’intro loopée de l’onirique We Are The Worst) reviennent en force après deux opus plus entourés et néanmoins chaotiques qui l’auront notamment vu collaborer avec Bonnie ’Prince’ Billy (au chant sur Wolves And Wishes en 2008) et Andrew Bird que Dosh accompagne à la batterie depuis pas mal d’années maintenant, spontanéité et instrumentation live sont toujours au rendez-vous, de même que ce foisonnement dans les rythmiques et cette luxuriance dans les arrangements dont se nourrit sa musique à la croisée de l’électronica et du post-rock depuis le parfait The Lost Take.
Démontrant que mélancolie feutrée et lyrisme débridé sont bien loin d’être incompatibles, ce sixième album studio officiel - sans compter donc ses nombreux tour CD tels que le récent Silver Face - s’en donne à cœur-joie côté batterie alambiquée, mais n’en culmine pas moins sur le crescendo nébuleux aux jams quasi ambient d’un Legos (For Terry) dont la rythmique au vibraphone n’apparaît qu’au bout de 13 minutes de boucles dominées par un piano méditatif pour laisser place à des variations percussives proches dans l’esprit de la musique minimaliste des Terry Riley et consorts. Une référence à laquelle le musicien a forcément dû penser bien que ce morceau-fleuve soit en réalité dédié à son père Terry Dosh et à la patience qui caractérisait cet ancien moine bénédictin.
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