Après Arovane et Principal Participant, l’héritage des toujours actifs Plaid s’avère décidément des plus vivaces en cette rentrée, en témoigne ce nouvel album du Roumain Victor Popescu aka Brazda Lui Novac directement adoubé par le duo anglais, qui signe avec le ludique et surexcité Care l’un de ses très nombreux remixes en attendant de retrouver Andy Turner en compagnie de l’intéressé pour un nouveau projet tenu secret.

Plaid donc, une influence déjà sensible sur l’excellent Dizzy sorti il y a tout juste deux ans sur le label Raumklang Music mais éclipsée à l’époque par une autre référence warpienne, plus radicale celle-là et à l’honneur de notre rubrique ces jours-ci. Dire que Moldern est plus accessible que Dizzy équivaudrait ainsi à nier l’ambition mélodique déjà très affirmée du précédent opus, mais le fait est que la dimension fébrile et inquiétante façon fantôme épileptique dans la matrice qui prévalait alors sur certains titres laisse désormais de l’espace à la rondeur caoutchoutée des beats et aux songes délicieusement tortueux des synthés malgré les percées plus dark et martiales de Silk ou Trip, le disque s’ouvrant même aux vocalises planantes d’une certaine Luiza Zan sur un Naked dont la grâce troublante et downtempo ne peut que faire rêver d’une collaboration plus poussée.

Le Russe Midimode, compère de label du côté de Raumklang qui sortira début décembre chez Enpeg (division de n5MD consacrée au digital) son propre nouvel opus Spaceability, ne s’y est d’ailleurs pas trompé en choisissant de transformer ce titre en véritable épopée féérique, superbe relecture parmi les nombreuses autres qui font de l’écoute de ce disque une expérience gargantuesque. On citera Plaid, donc, mais aussi Architect pour un Ila cybernétique à souhait, Roel Funcken avec un modèle d’IDM stellaire et déstructurée, r.roo armé sur Silk de la délicatesse et du talent de découpage qu’on lui connaît, Dirk Geiger pour une élégie aux beats contrastés et ça pour ne pas mentionner tous les autres tant ce Moldern prenant de bout en bout compte peu de déchet, fait d’autant plus rare lorsque les remixes prennent une place aussi prépondérante.