Ça faisait bien longtemps qu’on n’avait pas entendu un si bel album néo-classique, sans ambition expérimentale ni prétention arty, simplement vibrant et poignant sans jamais tomber pour autant dans la caricature ou l’émotion facile. L’Anglais Joel Nathaniel Pike va à l’essentiel avec ces 8 titres composés au piano puis étoffés d’échos de guitare drone ou post-rock, de cordes tantôt lyriques ou plus lancinantes et de contrebasse grondante ou jazzy qui siéent on ne peut mieux à cette succession d’élans maximalistes et de respirations introspectives.

Celui dont les disques de Sufjan Stevens ont "changé la vie" nous rappelle ainsi au souffle de la musique du New-Yorkais (du moins avant The Age of Adz ...) mais davantage encore au Nils Frahm des débuts ou à certains artistes du collectif New Amsterdam et du label Bedroom Community pour cette approche à la fois rafraîchissante et révérencieuse du classique contemporain, entre respect des règles harmoniques, liberté de construction (cf. les mélodies à tiroirs du titre éponyme) et flamboyance des émotions. Un premier album de haute tenue, qui fait suite à une triplette d’EPs tout aussi remarquable à redécouvrir via Bandcamp.