Fire ! Orchestra - Exit !

1. Exit ! Part One [19’29]
2. Exit ! Part Two [24’54]

2013 - Rune Grammofon

Sortie le : 11 janvier 2013

Gustafsson enflamme le free jazz en bande organisée

Jamais tout à fait là où on l’attend, le trio du Suédois Mats Gustafsson, également au saxo des non moins libertaires The Thing, est cette fois complètement ailleurs. Ni vraiment du côté des jams stridents et frénétiques troussés en compagnie du guitariste touche-à-tout Jim O’Rourke bien que les deux adjectifs puissent parfaitement trouver leur place pour décrire cet Exit !, pas non plus dans la progression farouche et obsédante du fabuleux In The Mouth - A Hand qui les vit l’an dernier croiser la route de l’omniprésent géant australien Oren Ambarchi. D’ailleurs, c’est bien d’un Fire ! Orchestra qu’il s’agit sur ce disque enregistré live au centre d’avant-garde Fylkingen de Stockholm, formation étendue à pas moins de 31 musiciens qui marquent d’emblée l’album de leur empreinte en striant de fulgurances cuivrées plus ou moins solaires ou dissonantes la première de ces deux pièces hors-format. Sur ce titre de près de 20 minutes, un groove martial déambule d’abord au gré des incantations de deux chanteuses véritablement possédées, pour mieux casser le rythme à mi-pacours au profit des errances plus feutrées du saxo du patron et d’une basse psyché à souhait, une dimension vocale qui suprendra forcément les amateurs de Fire ! mais que le trio exploite avec l’audace qu’on lui connaît.

Ainsi, Mariam Wallentin, qui s’était faite connaître en électrisant de son timbre de soulwoman vaudou la pop chamanique de Wildbirds & Peacedrums au côté justement du batteur Andreas Werliin - formant avec le bassiste Johan Berthling (Tape) le noyau dur de Fire ! - laisse ensuite le micro à Emil Svanängen (aka Loney Dear), improbable invité dont le falsetto en écho fait néanmoins merveille en ouverture d’une seconde partie d’abord nettement plus ambient et atonale, avant de se muer en fuite éperdue vers la sortie sous l’impulsion d’une rythmique kraut incandescente et des incursions schizophrènes de Gustaffson. Du moins là encore jusqu’à la rupture d’un second mouvement où les arabesques suraigues de Sofia Jernberg (soprano au sein des formations jazz Paavo et Seval) prennent enfin le dessus, déclamant avec force contorsions un texte pour le moins opaque écrit par Arnold de Boer de The Ex dans un silence pesant duquel se mettent tour à tour à affleurer divers instruments, réinstaurant peu à peu le règne d’un groove déstructuré dont les digressions cacochymes tentent de se partager les restes du festin avant le chaos (KO ?) final.

Une véritable expérience sensorielle, à ne surtout pas manquer si vous êtes friands de chemins de traverse - en l’occurrence à la croisée du free jazz, de l’ambient, du krautrock et d’un psychédélisme mystique et habité.


( RabbitInYourHeadlights )

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