John Zorn - Templars - In Sacred Blood
Sixième opus du projet Moonchild, qui passe par le bûcher des inquisiteurs du Moyen-Âge pour mieux renaître de ses cendres.
1. Templi Secretum
2. Evocation Of Baphomet
3. Murder Of The Magicians
4. Prophetic Souls
5. Libera Me
6. A Second Sanctuary
7. Recordatio
8. Secret Ceremony
Les fans de la première heure du maître d’oeuvre de Naked City et du label Tzadik l’admettrons sans difficulté, John Zorn n’a guère brillé ces dernières années dans le registre de violence frénétique qui fit de lui une figure culte de l’underground hardcore à la fin des années 80. Ainsi, depuis The Crucible dont les jams infernaux remontent déjà à 2008, c’est surtout grâce aux facettes jazz ou exotica nettement plus light de ses Dreamers et autre Alhambra Trio, parfois d’ailleurs tout aussi ésotériques et aventureuses (cf. le fabuleux In Search Of The Miraculous, en 2010 ou le lunatique Mount Analogue cette année) que le New-Yorkais nous a régulièrement fait vibrer, avec pour points culminants le méditatif The Nobel Prizewinner et plus récemment The Gnostic Preludes, sommet de romantisme et de limpidité paru en février dernier.
Templars, dans ce contexte, est donc plutôt une bonne surprise et si l’on n’espère plus forcément voir chaque sortie du fameux Moonchild Trio renouer avec l’hystérie étouffante et tourmentée du premier volet de la série, ce sixième opus en 6 ans parvient sans difficulté à trouver son créneau, quelque part entre jazz obscurantiste, noise forcenée et psychédélisme horrifique à la croisée des BO de Morricone et de Goblin pour Dario Argento. Un aspect gothique qui doit beaucoup à l’orgue Hammond de John Medeski - collaborateur récurrent de Zorn (cf. dernièrement Nova Express ou encore le fantasmatique Interzone inspiré des écrits de Burroughs) dont le trio Medeski, Martin & Wood s’était chargé en 2008 du 11ème volume du Book Of Angels - et qui illustre ici la chute des Pauvres Chevaliers du Christ plus connus sous le nom d’Ordre des Templiers, arrêtés puis envoyés au bûcher pour hérésie au début du XIVème siècle après deux cents ans de bons et loyaux service rendus à l’expansionnisme chrétien.
Au côté du nouvel arrivant, on retrouve donc Joey Baron aux fûts, Trevor Dunn à la basse et bien sûr Mike Patton au chant pour un véritable festival de ces vocalises farouches, versatiles et décomplexées dont le chanteur de Faith No More a le secret. Parfait compromis de violence, d’atmosphère et d’élégance, Templars ouvre le rideau sur le décor feutré d’un monastère endormi, jusqu’à ce que Patton déchire le voile de la nuit à coups de hurlements rauques bientôt soutenus par les assauts électriques de Dunn, ancien compagnon de jeu au sein de feu Mr. Bungle que le chanteur retrouvera par ailleurs en remplacement de Kevin Rutmanis sur Oddfellows, le prochain Tomahawk à paraître en janvier 2013 (teaser ici).
Aussi à l’aise en crooner caverneux adepte du multilinguisme (Evocation Of Baphomet) qu’en imprécateur illuminé (Murder Of The Magicians, Libera Me), en maître de cérémonie occulte (Prophetic Souls) qu’en chuchoteur de secrets ancestraux poussé au bord de la folie par ses bourreaux inquisiteurs (A Second Sanctuary) ou même en goblin jeté au feu (Recordatio), Patton fait de sa voix malléable à l’envie un fil conducteur aussi tendu qu’insaisissable, comme elle ne l’avait peut-être plus été chez Zorn depuis le Moonchild originel. On y entend d’ailleurs de véritables paroles (écrites par le New-Yorkais), grande nouveauté pour la série qui aborde ici un répertoire plus narratif, dessinant les contours d’une tragédie ambiguë dont les instrumentistes viennent souligner avec juste ce qu’il faut de théâtralité les sursauts dramatiques et autres fulgurances libertaires que le compositeur parvient de nouveau à distiller dans ses partitions intenses et pétries de mystère.
En bref, oubliez les dérives démonstratives et décousues d’ Ipsissimus, le projet Moonchild est de nouveau sur les rails et se fait même plus accessible que jamais, de quoi convertir de nouveaux apôtres et former un nouvel Ordre à la gloire de John Zorn !
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