Syndrome - Now And Forever
Troisième album pour Mathieu Vandekerckhove aka Syndrome rattaché depuis 2011 au label ConSouling Sounds, au sein duquel nous retrouvons des noms tels qu’Aidan Baker ou encore Fragment., pour ne citer qu’eux.
Je ne vais pas vous le cacher, je découvre le musicien via cet album, sans réelle idée sur ce qui m’attend.
Le visuel choisi pour la pochette n’est autre que la peinture Bateau, 2011 de Matthieu Ronsse, que le Belge s’est réappropriée en ne gardant qu’un vestige de ce visage au regard dénué de toute étincelle de vie. Le clip vidéo accompagnant la longue piste de 28 minutes qu’est ce Now And Forever s’attache tout à fait à cet esprit, mais je vous laisserai en juger par vous-mêmes.
L’atmosphère s’installe dans la pudeur et la tranquillité. Les notes de guitare se posent avec parcimonie pour nous plonger d’ores et déjà en pleine méditation. La mélancolie s’empare alors peu à peu de la piste tandis que les riffs s’étirent et se perdent au large. Passées les cinq premières minutes, la guitare est presque seule à bord, l’immersion est alors totale, les images apparaissent encore plus ralenties qu’elles ne le sont déjà. Les cordes se précisent alors, rapidement relayées par une première voix taillée dans le granit qui vient compléter la constance dramatique de la nappe de fond. A l’image du clip et ses larges plans fixes, la musique traduit cette solitude extrême, où présence et absence sont mises en tension. La deuxième voix, plus douce, accompagne quant à elle la magnifique mélodie de guitare qui tient en suspens le morceau. Le duo marche à merveille.
La guitare monte alors, les regards fuient, apparaissent comme pleins de remords. La tempête approche. Les riffs s’irritent, montent en intensité, et s’emballent progressivement. Le souffle s’accélère, les regards se crispent, et l’atmosphère se noircit pour atteindre son apogée au terme des 15 minutes qui révèlent des balayages de cordes à l’incandescence jubilatoire et à la tristesse marquée au fer rouge, renflouées par les bruits blancs qui se déversent et submergent en totalité l’instrument.
Encore transis par ces quelques minutes purement épiques, l’ambiance retombe d’un échelon, avant d’effacer progressivement les cordes au profit d’un drone saisissant qui boucle l’album en vous paralysant net.
Notre corps est alors complètement passif, porté par les eaux, nos muscles ne répondent plus et nous n’avons d’autre choix que de laisser faire les choses, car notre sort finira bien par nous rattraper tôt ou tard.
Tout simplement magnifique, cet album est une réelle surprise. Dédicacé par Syndrome à son fils Wolf, le morceau est à vivre pleinement avec le clip, filmé intégralement en noir et blanc. Une telle liberté d’action, moi ça me donne des frissons.
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