Mai 2024 - les albums de la rédaction

Pendant que certains s’écharpent sur des sujets politiques, du côté de la rédaction d’IRM c’est au sein de la traditionnelle - mais tout sauf routinière - sélection mensuelle que ça flingue à tout va, dans la joie et la bonne humeur ceci dit et surtout avec une inextinguible soif de découvertes. En témoigne cette nouvelle salve de choix ayant plus ou moins fait consensus au regard de nos propositions diverses et variées, dont vous pouvez heureusement retrouver certains laissés-pour-compte dans notre rubrique "avis express".





1. Beth Gibbons - Lives Outgrown

Elnorton : Mettons-nous à l’aise d’emblée pour nous sortir de la vigueur de certains débats sur les réseaux sociaux : ce Lives Outgrown ne boxe pas dans la même catégorie que le Out of Season publié par la Bristolienne il y a plus de vingt ans aux côtés de Rustin Man. Bien. Ne pas rivaliser avec l’un des albums les plus somptueux de la musique contemporaine n’a rien de honteux, mais cette précision semblait nécessaire pour éviter de partager l’euphorie de certains.
Néanmoins, ne comptez pas sur moi pour hurler avec les loups qui voient en ce Lives Outgrown un album plat et, désolé pour le terme largement relayé par ses détracteurs, "chiant". Ce disque n’est rien de cela. Bien au contraire.
Loin du trip-hop de Portishead, loin du krautrock ou du hip-hop qu’explore son compère d’alors, Geoff Barrow avec un projet (BEAK) surestimé et l’autre (Quakers) qui ne l’est pas assez, Beth Gibbons poursuit ce qui avait été laissé en suspens avec Out of Season, au point de remplacer un membre de Talk Talk (Rustin Man était le pseudonyme de Paul Webb) par un autre (Lee Harris assure les parties de batterie sur cet opus). Ainsi, elle continue son chemin sans nous surprendre outre mesure s’agissant de la ligne artistique (elle avait déjà repris des compositions de Gorecki et l’inspiration symphonique de cet album apparait assez évidente), mais en nous émerveillant toujours, tant sa voix et la richesse des instrumentations contribuent à installer une ambiance en permanence sur le fil. De la pop mélodico-symphonique de ce calibre en 2024, il n’y en a plus tant que cela. Et ce n’est pas seulement l’affection portée à Beth Gibbons qui explique cet avis élogieux.

Le Crapaud : C’est peu dire que cet album était attendu. Plus de vingt ans après un premier album tant vanté, comment échapper à la pression de l’attente du public ? Beth Gibbons y paraît imperméable tant ce Lives Outgrown regorge d’authenticité et de choix personnels. A distance des querelles de réseaux, j’apprends qu’on l’attaque, qu’on le compare, qu’on le relativise. Je ne comprends pas bien ce qu’on lui reproche. Je le trouve intégralement sublime. Un poil trop léché, peut-être. Mais à ce niveau de production, c’est reprocher son luxe à un palace. Tout est beau, profond, intelligent, sensible. Prenons la section rythmique, par exemple. Loin d’être centrale, elle accompagne discrètement le songwriting unique de la Bristolienne. Toutes en souplesse, les percussions soutiennent les arpèges de la guitare acoustique avec le moelleux d’un coussinet de chaton. Les roulements de tambour feutrés posent la voix cassée de Gibbons sur une assise de velours. Les arrangements de cordes sont d’une finesse incroyable. La voix, pleine d’émotion, incarne ces chansons avec une telle intensité qu’on croirait la chanteuse prête à s’effondrer de chagrin à chaque montée en puissance des compositions. Car oui, il faut le dire, c’est un album extrêmement triste. Le deuil, le temps qui passe, le corps qui s’use... il n’y a pas de quoi se réjouir en même temps ! Au centre de ce spleen rayonnant, le morceau Lost Changes, d’une beauté mélancolique infinie, constitue le point névralgique, et porte à son paroxysme la splendeur d’un album de bout en bout frissonnant de gravité.

Rabbit : Effectivement, alors qu’un mois seulement s’est écoulé depuis la sortie de l’album, les réseaux ne nous ont rien épargné. Débats stériles sur sa nature même au sein de la discographie de la Britannique (premier solo, deuxième solo ? on constatera simplement que c’est le premier signé Beth Gibbons, seule) ; emballements au-delà de toute raison ("l’album de la décennie" - nous ne sommes qu’en 2024 faut-il le rappeler) à la mesure de ceux qui en découvrant Third en firent immédiatement le chef-d’oeuvre de Portishead, le temps l’ayant depuis repositionné à sa juste place de très bon outsider ; oppositions tout aussi déraisonnées dont Elnorton a bien parlé, entérinées par des performances live semble-t-il trop "appliquées" (rappelons tout de même, là encore, que l’album vient de voir le jour et n’est probablement pas encore rodé sur scène) et prenant systématiquement comme mètre-étalon comparatif un nouvel opus de BEAK> jugé plus "singulier" par un public qui n’a visiblement jamais posé l’oreille sur Can ou surtout les Silver Apples (dont le morceau The Seal notamment n’est rien de moins qu’un copié/collé)... tout y est passé, avec plus ou moins de mauvaise foi, de refus poseur de se plier au consensus, ce même consensus qui fait de Lives Outgrown notre album du mois de mai sans qu’il n’ait été cité par tous les votants de l’équipe et pas plus d’une fois à la première place. L’album pourtant, sans jouer dans la même cour qu’un Out of Season dont l’épure introspective, la gourmandise mélangeuse et la production aérée semblent toujours beaucoup trop grandes aujourd’hui pour cette étiquette "pop" que l’on affuble faute de mieux à la Bristolienne, n’a rien d’un disque pour quadras nostalgiques comme on a parfois plus le lire ici et là. Cette nostalgie, elle serait plutôt à rechercher dans l’éternel retour des genres, des esthétiques et des tendances, du post-punk à la synth-pop des années 80 en passant, pourquoi pas, par le krautrock, la kosmische musik et la motorik plus à la mode que jamais aujourd’hui du côté des musiques expérimentales, de quoi faire du dernier effort neurasthénique de Geoff Barrow, autrement plus audacieux avec Quakers, un disque aussi anachronique (on n’ira pas jusqu’à dire opportuniste, le krautrock faisant depuis longtemps partie de son ADN) que ses déclarations sur l’industrie musicale et Spotify, venues 15 ans trop tard. Si Lives Outgrown est "pop", c’est une pop sans concession (cf. l’immense Rewind, dissonant et halluciné pour n’en mettre que mieux en exergue les percées de lumière noire), à l’acoustique intense et rêche sous la luxuriance et les élans capiteux des arrangements (Tell Me Who You Are Today, qui d’emblée démontre l’influence pérenne de Talk Talk), aux drums presque tribaux (Burden of Life, Beyond the Sun) et dont les tourments intérieurs jaillissent sans ostentation à l’image de ce For Sale désespéré sonnant comme un soundtrack de western à la croisée de Morricone et Nina Nastasia... autant dire à des années-lumière de cette pop mainstream racoleuse, surproduite, désincarnée, dénuée de textures et d’atmosphère avec laquelle certains ont de plus en plus d’indulgence aujourd’hui, les même parfois qu’un évident déficit d’attention fait prendre des vessies pour des lanternes (à croire, aussi aberrant cela puisse-t-il nous paraître, que l’on peut avoir plus de réticence dans nos cercles en 2024 à s’accorder sur Beth Gibbons que sur l’imbuvable Billie Eilish ou pire, l’insipide Taylor Swift ?) et un petit bijou tel que celui qui nous occupe ici pour un disque "plat" ou "chiant" (faut-il donc qu’ils n’aient pas écouté Reaching Out ou qu’ils soient bien malentendants pour ne pas en avoir goûté l’irrésistible tension cuivrée). Des choeurs d’enfants de Floating On A Moment aux refrains légèrement trop lyriques d’Oceans (tant du point de vue du chant que des violons), l’album n’est pas parfait pour autant mais ces légers excès ne le rendent que plus humain, tout comme le long déroulé final du doux Whispering Love, sortie du tunnel pas encore tout à fait apaisée mais joliment pastorale venant passer du baume sur le maelstrom d’émotions qui précède. Un album du mois pas volé, en somme.



2. EABS - Reflections of Purple Sun

Rabbit : "Désormais valeur sûre d’un jazz psyché 70s au groove assassin (cf. ici l’introductif Boratka et le sommet final Purple Sun aux incursions électroniques bien senties) et riche en chemins de traverse, EABS est de retour en quintette après la parenthèse In Search of a Better Tomorrow avec le trio pakistanais Jaubi. Pas de profond changement ceci dit, et derrière la pochette très Sun Ra ou Heliocentrics de ce 6e opus des Polonais se cache une nouvelle fois un beau melting-pot plus ou moins méditatif (le très ambient/krautrock Flute’s Ballad que n’aurait pas renié Can en guise d’interlude), hypnotique ou improvisé, mais qui n’en oublie pas pour autant le jazz moderne tendu comme un arc et riche en arrangements immersifs (synthés planants, claviers cristallins, effets psyché), soli de cuivres en avant et basse virevoltante à la Thundercat, cf. les 10 minutes assez irrésistibles de Flair dont la dynamique explose à mi-parcours en breakbeats virtuoses à la DJ Shadow avant de virer free sans avoir l’air d’y toucher puis de mettre les bouts du côté du versant acide et cosmique d’un Herbie Hancock."

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Elnorton : Il n’est guère étonnant que la majorité de mes compères, adeptes de ce "jazz psyché 70s au groove assassin" tel qu’habilement décrit par mon collègue ci-dessus, apprécient ce disque. En revanche, il est plus surprenant que je partage cet enthousiasme tant le jazz ne m’apparaît éventuellement supportable que dans le cadre de fusions avec d’autres genres. Et c’est justement le cas ici, entre le spectre du krautrock de Can (Boratka, Flute’s Ballad), celui d’une jam session Warpienne façon Plaid (My Night, My Day) ou le psychédélisme tropical de Purple Sun, sans oublier un Flair plus exigeant mêlant beats et vents déstructurés. On navigue dans tous les sens sans jamais perdre la cohérence d’ensemble. D’une richesse à faire vaciller ceux qui sont allergiques au jazz, rien que ça !



3. Dizraeli - Joy Machine

Rabbit : "À l’écoute de Joy Machine, formidable condensé de ce que le jazz peut revendiquer d’actuel avec une élégance sans faille, on pense pas mal à Moor Mother, pour sa spiritualité mystique et ses courants de conscience tirant sur le free avec son groupe Irreversible Entanglements. La scène londonienne est à l’honneur sur ce disque du trop rare Dizraeli, rappeur et multi-instrumentiste de Bristol croisé du côté du producteur virtuose Tom Caruana (notamment au sein du collectif de Brighton The Menagerie) ou encore outre-Atlantique sur un titre de l’excellent premier album d’Ockham’s Blazer, et ça s’entend de diverses manières, tant via le midtempo acid jazz très cool de la coda de A Love for the Rain que sur un Greek Summer louvoyant entre pop et orchestrations psyché capiteuses à la Heliocentrics, ou sur les tendus et percussifs Wild Animus et Dear Cousin qui semblent devoir autant à la bass music qu’au grime ou à l’afrobeat. Même les morceaux les plus ouvertement jazz ont toujours quelque chose de singulier à offrir, d’arrangements impressionnistes et narcotiques en maelstroms de lignes vocales droguées et autres crescendos de basses fréquences et de synthés. Une belle claque !"

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Riton : Totale découverte que ce Dizraeli (et quelle découverte !) et pourtant, avec un petit paquet de collaborations avec certains de mes producteurs préférés en la matière, il y avait tout pour que ce nom ne passe pas au travers de mes oreilles. Certes, l’erreur est réparée, et de la meilleure manière, puisque, malgré un excellent disque commun avec le fameux Tom Caruana (illustrant bien l’accointance du Bristolien avec les bijoux de beats groovy sertis d’un flow impeccable), ce ne sont pas ses accents folk, voire swing (Engurland (City Shanties) en 2009 et Moving in the Dark en 2013), ni son pot-pourri de dub-bass-grime-uk garage sur The Unmaster (2019) qui me feront le plus vibrer, mais bien ce nouvel album sublime de bout en bout, amalgame de tout ce qui se fait de sensible et vibrant en matière de jazz saxophonique et de hip-hop moderne hors des tranchées. Un sommet !



4. Emika - HAZE

Rabbit : "Retour au choses sérieuses pour l’un de nos plus grands espoirs électroniques du tournant des 10s... un retour également vers le futur du passé qui passe avant toute chose par la case dubstep (celui d’un Burial plutôt que d’un Skrillex, cela va sans dire) dans un brouillard de textures réverbérées et de chant éthéré (star key), parvenant à nouveau à incorporer avec naturel ce goût pour un piano néoclassique plombé (Harmony) pour finalement nous rappeler au genre de vortex de malaise et de mélancolie mêlés qui faisaient tout le prix de l’homonyme Emika. Puis, étonnamment, le chant en vient à se mettre en retrait et à disparaître totalement sur des titres à la fois percutants et presque hantologiques (4/4, Low End), sortes de réminiscences tourmentées d’une époque que l’on imagine marquée par des déceptions et des regrets, entre deux transitions ambient ou synthétiques (Lull, Film), au point que la deuxième partie du disque s’avère être entièrement instrumentale, ce qui eut été un suicide commercial chez Ninja Tune de la part d’une artiste dont les plus gros succès à l’époque flirtaient avec le trip-hop mais devient ici le symbole d’une renaissance dans l’exigence."

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Elnorton : Que dire de plus ? C’est effectivement du côté du dubstep de Burial qu’Emika oriente ce nouveau disque, celui de la renaissance. Ce n’est plus tout à fait la Emika de Ninja Tune mais, depuis ce premier album, c’est bien la version 2024 de la Britannique qui en est sans doute la plus proche et, assurément, la plus enthousiasmante. La comparaison avec Burial mérite toutefois d’être nuancée puisque l’on ne retrouve pas sur HAZE la noirceur absolue développée par William Bevan. A l’inverse, un certain optimisme noir se dégage parfois de ces compositions qu’on devine essentielles pour l’artiste lorsqu’elle indique : "j’avais ces morceaux dans ma tête depuis plusieurs années, ce disque a sauvé ma vie".
Rien n’est feint dans la démarche d’Emika et cet album rempli de contrastes, non content d’être paradoxalement assez immédiat, se bonifie au fil des écoutes. Percussions façon dubstep donc, voix saccadée, à la fois enivrante et hantée, pianos néoclassiques glacés, réverbérations hantologiques, tout concourt à faire de ce disque une expérience profonde qui ne demande qu’à être répétée à la manière du The Eraser de Thom Yorke - oeuvre solo la plus aboutie du leader de Radiohead - dont l’influence semble manifeste sur cet album qu’Emika définit, justement, "comme un mix de Thom Yorke, Burial et Nils Frahm". Essentiel, Haze sera très haut dans mon classement annuel.



5. Innocent But Guilty - La Bonne Fête

Elnorton : Le coeur est-il vraiment à la fête ? Celui qui a choisi un (quasi-)oxymore pour pseudonyme n’est pas à un contrepied près et l’ambiance se veut plutôt austère sur ce disque. Austère mais intense et exigeante. Les quatre premiers titres donnent le ton à coups de drones et de déstructurations ambient résolument pessimistes malgré les synthés introductifs plus cosmiques de l’excellent Renégat. Et puis, avec le titre prêtant son nom à l’album, Arnaud Chatelard revient à des atmosphères plus mélodiques. Ce n’est toujours pas la fête, contrairement à ce qui figure sur la pochette, mais la colère semble s’apaiser au fil du disque. Comme si le prolifique artiste parvenait à l’apprivoiser pour en offrir à ses auditeurs un versant tout à fait passionnant, pile entre le costume d’Innocent But Guilty et celui de 154 fRANKLIN, alias lorgnant habituellement vers le trip-hop. Profond et fascinant.

Rabbit : Si La Bonne Fête ne fait pas partie des sorties d’Arnaud Chatelard à m’avoir le plus conquis cette année (jusqu’ici, je pense surtout à Hopeful Mutants avec NLC ou au premier album de son nouveau projet Ocean Teeth avec l’Américain Eddie Palmer de Cloudwarmer et Fields Ohio, deux albums dont on finira bien par vous toucher un mot), ce nouvel opus n’en regorge pas moins de réussites aux divergences stylistiques plus ou moins marquées, qu’il s’agisse de l’intrigante tempête de field recordings Purée de pois chiche ou du très beau triptyque d’ambient électro-acoustique constitué de Tout le monde s’en fout, Le dieu Herpes et Machinal, sommet d’onirisme d’un disque par ailleurs plus dronesque et cosmique.

Ben  : Tandis qu’approchaient ces fameux JO, Innocent But Guilty nous en livrait sa vision, davantage portée sur l’envers de son fastueux décor que sur l’autocélébration franchouillarde. Aujourd’hui, le contexte donne un éclairage encore différent à cet album au titre particulièrement caustique. Musicalement, La Bonne Fête fait la part belle aux synthétiseurs oniriques (Renégat) ou menaçants (Hématome, Vers on ne sait où...). Les pièces côtoient des compositions plus mélodiques pour un rendu de très grande qualité. Si je rejoins Rabbit sur le climax de l’album (la trilogie Tout le monde s’en fout, Le dieu Herpes et Machinal), j’aurais au contraire tendance à considérer ce dernier opus en date comme une œuvre majeure dans le corpus déjà bien riche du musicien bordelais. La Bonne Fête, c’est la cérémonie d’ouverture des Jeux d’un monde à la duplicité troublante, tout en faux-semblants, quelque part entre Philip K. Dick et Osamu Tezuka.



6. Jeremiah Cymerman - Body of Light

Rabbit : "Presque 3 ans après le superbe Citadels & Sanctuaries, on renoue avec la facette la plus mystique et feutrée du clarinettiste new-yorkais, les incursions free et dissonantes en moins et la batterie en sus. Avec Body of Light, c’est à un jazz atmosphérique aux nappes presque ambient que nous convie ainsi le passionnant Jeremiah Cymerman, où circonvolutions flûtées et affleurements saturés sont d’abord seuls à surnager dans un océan de reverb et d’harmonies de synthés claires-obscures (Of the Body Subtle), bientôt rejoints néanmoins par des pulsations basses aux élans presque industriels et aux contrastes sismiques (Tongue of Fire) puis par un violoncelle et une guitare tirant sur le genre d’ambient/post-rock évocateur cher à Astrïd. L’auteur du doomesque Sky Burial vient peut-être de livrer son disque le plus accessible, mélodique et introspectif sans pour autant renier ce goût jamais démenti pour des textures incandescentes et angoissées."

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Riton : Retour attendu de notre Christian Morin préféré de l’ambient new-yorkais avec cet album fleuve, qui s’écoule dans nos oreilles comme du petit lait. Body of Light nous montre, outre une ambiance filmique tendue et pas des plus triviales (cependant bien moins hermétique que par le passé), à quel point il tient et maitrise là un très bel instrument.



Notre EP du mois



DM Stith - Flowers & Monks

Elnorton : C’est avec Fata Morgana que j’ai été convaincu par un DM Stith qui me laissait, auparavant, de marbre. Avec le recul, j’ai réévalué à la hausse Heavy Ghost et je reste toujours de marbre face à Pigeonheart. Bien. Et que vaut donc cet EP ? Il est dans la lignée de Fata Morgana et, sans surprise, est tout à fait bouleversant sans verser dans l’excès d’emphase. Beau, juste et dépouillé. Si je disais que DM Stith parvient à faire ce que Sufjan Stevens ne sait plus faire depuis quelques albums, ce ne serait sans doute pas très constructif mais probablement (au moins) un petit peu juste.

Rabbit : Effectivement la filiation avec le superbe Fata Morgana est évidente, ce nouvel EP de l’Américain moitié par ailleurs de The Revival Hour nous offrant en passant une version alternative du lumineux - et plus Sufjan-esque que jamais - The Oracle, ici agrémenté d’orchestrations de cordes irrésistibles de lyrisme. De la pop/folk cotonneuse et embrumée d’In Flowers transcendée par un chant à fleur de peau jusqu’à la douceur onirique d’un Fiery Burning Monks enluminé de synthés immersifs du plus bel effet, en passant par un Inchworm aux cascades de piano impressionnistes et déstructurées à coups d’électronique discrète, la suite entérine cette direction finalement assez sereine, à laquelle je préfère pour ma part le foisonnement hanté de Heavy Ghost mais dont la grâce quoi qu’il en soit ne pouvait laisser indifférent l’amateur d’acoustique à la fois vibrante, texturée et luxurieusement arrangée qui sommeille en moi.



Les classements des rédacteurs pour Mai 2024


- Ben :

1. Iglooghost - Tidal Memories
2. Initiatives Studio Various Artists III - Achluophobia
3. Innocent But Guilty - La Bonne Fête
4. Climax Landers - Zenith No Effects
5. Les Mercuriales - Les Choses M’échappent
6. Nouvelles Lectures Cosmopolites - The Polarity Lounge
7. Natalia Beylis - Lost - For Annie
8. VACATION - Rare Earth

- Elnorton :

1. Emika - HAZE
2. Blockhead - Luminous Rubble
3. Beth Gibbons - Lives Outgrown
4. Los Days - Dusty Dreams
5. Alex Smalley - Wave Particles
6. Jessica Pratt - Here In The Pitch
7. Innocent But Guilty - La Bonne Fête
8. Mary Lattimore & Walt McClements - Rain on the Road
9. øjeRum - En Sten For Solen
10. EABS - Reflections of Purple Sun

- Le Crapaud :

- Beth Gibbons - Lives Outgrown
- Shellac - To All Trains
- Dizraeli - Joy Machine
- Beak> - >>>>
- Jim Ballon - Sensations
- Aquaserge - La Fin de l’Économie
- Eric Chenaux - Delights Of My Life
- EABS - Reflections of Purple Sun
- King Hannah - Big Swimmer
- Bumcello - The Party

- Rabbit :

1. Oliver Barrett - Self towing "Snug"
2. Dizraeli - Joy Machine
3. Beth Gibons - Lives Outgrown
4. Ssaphia - The End and Beginning of​.​.​.
5. EABS - Reflections of Purple Sun
6. Jeremiah Cymerman - Body of Light
7. Koichi Shimizu - Imprint
8. Emika - HAZE
9. thisquietarmy - Les estampes
10. Dirk Serries - At Future Dawn

- Riton :

1. Dizraeli - Joy Machine
2. Emika - HAZE
3. Beth Gibons - Lives Outgrown
4. Gaza Glock x Illinformed - Frontline 97
5. EABS - Reflections of Purple Sun
6. Jeremiah Cymerman - Body of Light
7. Chantal Acda & The Atlantic Drifters - Silently Held
8. Crimeapple & Big Ghost Ltd - Bazuko
9. Thou - Umbilical
10. Holy Grinder - 10 Desecrations


Articles - 24.06.2024 par La rédaction
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