Necro - The Murder Murder Kill Kill Double EP

Avec ce vrai-faux double EP en 5 parties, le pape de l’indie rap hard-gore nous fait le coup de l’album-somme, les influences death metal et guests de Non-Phixion en moins. Faster Ron Braunstein ! Kill ! Kill !

THUG SHIT

1. Toxsik Waltz Voir la vidéo Necro - Toxsik Waltz
2. The System (feat. The Godfathers)
3. No Concern Voir la vidéo Necro - No Concern

DEATH RAP

4. Gore ! (feat. Mr. Hyde)
5. Sharon’s Fetus (The Pre-Kill)
6. Schizophrenia Voir la vidéo Necro - Schizophrenia

JEWISH GANGSTERS

7. Tough Jew
8. Rabbi Holding Guns
9. For The Streets

TABLOID/COMEDY/RANDOM

10. I’m Like Howard Stern Voir la vidéo Necro - I’m Like Howard Stern
11. Kid Joe Anthem
12. Rock The Kazbah

THE SEXORCIST

13. Raw Talent
14. Squirt
15. Porn Game Crucifixion

date de sortie : 31-07-2012 Label : Psycho+Logical-Records

Ne vous fiez pas (trop...) à la pochette de ce double EP distribué fin août chez nous par la Baleine et à son imagerie zombifique version comic ultra-gore, malgré son attachement à l’étiquette death rap qu’il a lui-même inventée pas question de grand-guignol folklorique pour le producteur phare de feu Non-Phixion - vous savez, le crew de son frangin Ill Bill qui voyait des hélicoptères noirs envahir le ciel sur fond de boucle nippo-yiddish ? Une influence culturelle qui demeure d’ailleurs prépondérante pour ce juif new-yorkais passionné de death metal (dont il joua d’ailleurs plusieurs années à ses débuts, ouvrant même sur scène pour Napalm Death ou Sepultura dans les années 80), de films de gangsters et de séries B sanguinolentes (on lui doit également quelques direct-to-video via Necro Films qu’il gère d’une main de fer au même titre que son label Psycho+Logical-Records), comme en témoignent encore ici les loops des bien-nommés Tough Jew et Rabbi Holding Guns, ou les chorus en hébreu du poignant For The Streets.

Toutefois, et vous l’aurez compris sans être forcément passés par la demi-douzaine d’albums studio que comprend sa discographie, Necro parle moins de religion que de violence sadique, d’instabilité mentale, de sexe hardcore, de crime organisé, de revenants et de mort à toutes les sauces, ce qui lui a d’ailleurs valu de voir son nom associé il y a quelques mois à cette triste affaire comme Oliver Stone à l’époque de la tuerie de Columbine prétendument inspirée du film Tueurs Nés. Mais si le propos est à mi-chemin de la satire et du défoulement gratuit, difficile de nier l’élégance de certaines productions bénéficiant de la culture ciné finalement très étendue du bonhomme, qui sous ses allures de skinhead taillé comme une armoire cache derrière son flow brutal et plus acéré que jamais façon Vic Mackey zozotant, sans aller jusqu’à parler de "sensibilité", un talent certain pour les évocations feutrées - citons l’insidieux The System avec le vétéran Kool G Rap, roi de la rime interne en roue libre déjà associé à Necro pour deux mixtapes sous le pseudo The Godfathers (en attendant l’album en fin d’année), l’atmosphère de giallo de Schizophrenia, le spleen éthéré de Rock The Kazbah ou encore le jazzy Porn Game Crucifixion et son ambiance de film noir interlope aux samples vintage piqués à l’Anglais Johnny Dankworth.


Une aisance qu’il affiche avec dérision sur Raw Talent, parallèle entre la prétention des rappeurs mainstream et l’autosatisfaction des acteurs de porno, ce qui ne nous empêchera pas de reprocher au natif de Brooklyn de se reposer un brin sur la formule qui fait toujours son énorme succès outre-Atlantique, la new school gothique d’hier sonnant parfois désespérément classique et ostentatoire aujourd’hui (cf. Gore ! avec l’habitué Mr. Hyde, ou Kid Joe Anthem). Néanmoins, il faut bien admettre que chacune des 5 parties de ce vrai-faux album concept, autrement plus sobre que ses derniers essais (excès ?), contient son lot de petits joyaux cradingues et politiquement incorrects, au point même de faire de ce 7ème LP la sortie la plus réjouissante du rappeur à ce jour ou pas loin à force de raffinement, de mordant et de concision (on est loin de The Sexorcist bien que la fin de disque y fasse ouvertement référence). Et puis sampler Melody Nelson de Gainsbourg pour ironiser sur le voyeurisme des médias et la fascination du public pour la pornographie plus ou moins explicite des talk shows (le tubesque I’m Like Howard Stern où tout le monde en prend pour son grade, des fausses midinettes d’Hollywood à Michelle Obama), ou le thème aussi malaisant que mélancolique de Rosemary’s Baby en toile de fond de l’entêtant Sharon’s Fetus rapprochant en filigrane le fanatisme aveugle des meurtriers de Sharon Tate de celui des anti-IVG, ça vaut tout de même son pesant de pop-corn en cornet king size.

Quant au cinglant et flippant Toxsik Waltz, il ouvre l’album sur 3 minutes de Necro pur jus période I Need Drugs / Gory Days en pleine possession de ses moyens, cinématique... en diable à l’image de la vidéo ci-dessous mettant en scène l’acteur Jay Baruchel ( Les lois de l’attraction, Cosmopolis ) aux prises avec un hideux petit démon de compagnie :

Chroniques - 18.08.2012 par RabbitInYourHeadlights