Un groupe énigmatique pour une musique tout aussi énigmatique. Povarovo est composé de trois artistes qui préfèrent garder l’anonymat. Le nom du groupe fait référence à un ensemble de localités (Поварово) inhabitées au fin fond de la Russie, soupçonnées d’abriter l’émetteur du UVB-76 (surnommé "the buzzer"), une espèce de version soviétique des "number stations" américaines (stations de radio, d’origine incertaine, qui diffusaient des messages codés pendant la guerre froide).
Ça titille l’imagination non ?!

Repéré par le label Denovali, Povarovo nous offre donc Tchernovik, un premier album présenté comme un mélange de darkjazz, de néo-classique et de musique traditionnelle soviétique.
L’influence de grandes références du darkjazz comme Bohren & Der Club of Gore ou The Kilimanjaro Darkjazz Ensemble est incontestable, mais Povarovo vient d’une contrée austère, cela se sent : là où ses mentors sont mélancoliques, froids et quelquefois exubérants, Tchernovik est désespéré, glacial et minimaliste.

Les morceaux sont répétitifs et lancinants, et l’intensité du mouvement va croissant tout le long de l’album comme si les artistes trépignaient, soufflaient dans leurs saxophones et répétaient inlassablement les mêmes lignes de basse sombres pour ne pas mourir gelés sur place.

Mais écouter Tchernovik c’est comme souffler dans ses mains par -30°C : un faible soulagement à la morsure du froid et retarder l’inévitable car tôt ou tard l’engourdissement va venir.