Richard Kapp - *
1. Like A Butterfly
2. V.I.P.
3. Warm And Safe
4. Climate
5. Cheesy Song
6. Struggle
7. Falling Star
8. Surfin’ In The Rain
9. Wake Up, It’s Me
10. Hello World !
Sortie le : 23 mai 2008
La beauté des choses simples est aussi fragile qu’éphémère, semble nous dire Richard Kapp à travers la pochette de ce deuxième album sur laquelle un pied de citadin s’apprête à écraser sans même y prêter attention le pissenlit dont semble s’être échappé l’astérisque du titre, comme pour emporter avec lui un peu de cette joliesse atemporelle qui caractérise les pop songs baroques et un brin surannées de ce brillant héritier de Scott Walker et Burt Bacharach.
Si l’on avait laissé l’autrichien l’an dernier sur le vrai-faux EP Short Songs volontairement dépourvu d’arrangements qui mettait en valeur l’évidence d’un songwriting pas loin d’être aussi séduisant dénudé qu’habillé, c’était donc pour mieux le retrouver paré de ses plus ravissants atours pour prendre la suite du superbe A Tie For Free, qui l’avait révélé il y a deux ans de la plus belle des manières, entre pop de chambre, jazz lounge et réminiscences électronica : un terrain de jeu partagé à l’époque avec Jeremy Warmsley, dont Richard n’hésitait pas à venir tutoyer les sommets le temps notamment du fabuleux The Kingdom’s Mine.
Ainsi, d’un luxuriant VIP au lyrisme virevoltant à Cheesy Song, pas-de-deux romantique entre le piano de Richard et l’alto de Christine Pawlik, en passant par la superbe ballade Warm And Safe illuminée par la voix de Delphine Cartalier aux choeurs, le songwriter et multi-instrumentiste viennois renoue avec cette écriture richement arrangée mais libérée de toute pesanteur orchestrale par la grâce d’une instrumentation constamment en mouvement (cette influence omniprésente du jazz), tout en parvenant une nouvelle fois à nous surprendre, notamment avec Climax qui s’ouvre sur une ligne de basse au groove assassin sur laquelle Richard s’essaie brièvement au beatbox avant d’y construire par petites touches (de piano, claviers et percussions puis trompette et violon) une atmosphère jazz très cinématique aux sonorités 80’s proches d’un Herbie Hancock. Le piano domine toujours, du dépouillé Falling Star qui s’envole à la fin au rythme d’une cavalcade de batterie, jusqu’au poignant Wake Up, It’s Me en duo avec la chanteuse argentine Bárbara Gilles, dont les merveilleuses harmonies se frottent en toute simplicité aux accents tragiques d’un violon ou au picking discret d’une guitare.
Parfois le trait est légèrement plus forcé et dès l’ouverture d’album sur Like A Butterfly et ses faux-airs de cabaret allemand on se prend à penser aux albums les plus maniérés de Neil Hannon, de Casanova à Fin De Siècle, dont la beauté résidait justement dans la mélancolie mal contenue sous ce masque décadent. C’est également le cas ici avec une trompette capable de passer en un clin d’oeil de la grandiloquence au vague à l’âme à l’unisson de la voix de dandy juvénile de Richard, ou encore sur Struggle avec les envolées pop d’un refrain aux arrangements fervents, mais pour le reste on parlera davantage de "pop ligne claire", à l’image de la superbe comptine Surfin’ In The Rain qui débute par une simple mélodie de piano mid-tempo pour bien vite se transformer en ballet printanier et légèrement spleenien de clavecin, cuivres et cordes jusqu’au final inattendu d’une rupture bossa-nova teintée de guitare wah-wah, contrepied un brin emphatique et déjanté symbolisant à la perfection ce mélange de candeur et de truculence qui nous rend Richard Kapp tellement attachant.
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