C’est sous l’égide de Pelagic Records que Lost in Kiev retrouve la scène pour son troisième album Persona. Abordant l’intelligence artificielle dans un futur dystopique, le quatuor parisien livre l’œuvre la plus aboutie et complexe de sa discographie.

Sur les bases de ses précédents essais, Lost in Kiev structure son registre autour des codes du post-rock traditionnel tout en lui apportant une singularité perceptible. Le quatuor navigue ainsi autour de tableaux sonores graves guidés par une batterie tantôt vigoureuse, tantôt tambourinante. Ce socle rythmique solide renforce une basse ronde et prenante, laissant place malgré tout à de nombreux arpèges de guitares élégiaques. Malgré ces évidentes qualités, ce triptyque d’instruments s’avère réducteur. Persona repose essentiellement sur des sonorités électroniques glaciales, matérialisées par des nappes de synthétiseurs inquiétantes. Le groupe élabore à cette occasion un opus scénarisé inspiré de personnages et faits fictifs décrits grâce à des samples vocaux écrits pour l’occasion par la formation. C’est cette actualité anxiogène qui donne à Lost in Kiev ses lettres de noblesse, réussissant la parfaite jonction entre sa témérité originelle et son éloquence nouvelle.

Avec Persona, Lost in Kiev s’impose définitivement comme une référence de la scène post-rock internationale.