Thomas Belhom - Maritima
1. Earthquake
2. Panthère dans les Algues
3. Hungary
4. El Cairo
5. Manon
6. Color
7. Krayola
8. South of Tucson
9. Carnaval Mou
10. Souvenir Hanté
11. Dusk
12. Assada Massala
Sortie le : 10 novembre 2014
Thomas Belhom a compris une chose importante. Le registre dans lequel il évolue peut rapidement engendrer un écueil chez les musiciens qui se risquent à s’y engouffrer : la lassitude. Le genre humain, qu’il s’agisse de l’artiste ou de l’auditeur, est ainsi fait qu’il s’habitue plus aisément à la délicatesse qu’à la violence.
Sans jamais se départir de cette douceur qui a tôt fait de nous plonger dans un agréable cocon, le Français a donc habilement choisi de s’affranchir de nombreuses frontières musicales pour diversifier son propos. L’alternance entre les morceaux chantés (aussi bien dans la langue de Molière que dans celle de Shakespeare) contribue également à tuer toute répétition dans l’œuf.
C’est que l’on a ici affaire à un vrai disque narratif dont la trame, entrecoupée par certains titres transitifs tel que l’instantané Manon, pourrait correspondre à la fuite d’un homme quittant la civilisation urbaine pour renouer avec ses racines naturelles. Ces dernières trouvent un écho évident sur les deux derniers titres aux ambiances tribales particulièrement prononcées.
Maritima n’est pas pour autant l’album d’un abandon. Il est davantage question ici de renouer avec l’essentiel. La question de la communion et du lien, que ce soit avec la Terre, ses pairs ou soi-même, est en suspens permanent à l’image d’un Carnaval Mou mettant les pieds dans le plat en posant la question de l’amour (im)possible entre demi-frères et demi-sœurs. La spiritualité qui se dégage du cinquième disque de Thomas Belhom est donc évidente. Composé et enregistré entre la France, le Portugal et la Hongrie, mais toujours auprès d’un plan d’eau, Maritima n’est pas vierge de cette dimension littorale.
L’artiste joue sur les paradoxes en composant des titres à la fois aériens et aquatiques, lumineux et mélancoliques. Si l’on pense parfois ponctuellement à Yann Tiersen, Thomas Belhom s’est assurément inspiré des Tindersticks qu’il accompagna en tournée de 2003 à 2010 en plus d’assurer les percussions et la batterie sur The Hungry Saw, quatre BOs pour Claire Denis et les deux opus en solo de Start A. Staples. L’accointance avec l’univers des Nottinghamiens est davantage perceptible dans la démarche que dans le rendu final, les compositions des deux formations ne partageant pas grand-chose de plus qu’une classieuse délicatesse mélancolique.
Avec Maritima, Thomas Belhom s’affirme plus que jamais comme un artiste à l’univers singulier. Ne perdant pas de temps à tenir en respect les frontières parfois figées dans le domaine musical, son univers tolère aussi bien les musiques tribales et cinématographiques qu’une pop jazzy.
Quelles sont les raisons qui nous font, chaque année, lire et relire les différents tops affolant webzines et presse spécialisée ? Si ces objectifs plus (la volonté de partager de nouveaux disques) ou moins (l’illusion d’être un défricheur) avouables rendent l’exercice de plus en plus raillé, j’y vois essentiellement l’occasion d’ordonner mes découvertes (...)
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