Onze titres pour un album de vingt quatre minutes. Dire que Ryan Pollie est le genre de type qui va droit au but est un euphémisme. L’Angeleno d’adoption (il est né à Philadelphie) nous propose un disque de poche concis qui s’avère tout à fait rafraîchissant.

Caché sous son pseudonyme de Los Angeles Police Department, l’Américain garde un coup d’œil quasi permanent dans le rétroviseur. Son songwriting, évoquant la deuxième moitié des années 60 ou le début de la décennie suivante, a les moyens de ses ambitions (1,000 League) à un tel point que Ryan Pollie n’a pas besoin d’étirer ses morceaux pour convaincre. Richesse mélodique et sincérité vocale : tout est là, relève de l’évidence et l’artiste a bien compris qu’il ne servait à rien de chercher davantage à convaincre au risque de perdre toute dimension empathique dans son propos.

Le coup d’œil dans le rétroviseur fonctionne également à moindre distance. On sent le jeune homme, âgé de vingt-cinq ans, fasciné par les années 90. Fan du Weezer de Pinkerton, l’influence d’un J Mascis est perceptible sur les compositions de Los Angeles Police Department dont la pochette n’est d’ailleurs pas sans évoquer celle de I Bet On Sky, dernier disque de Dinosaur Jr.

Hésitant en permanence entre pop de chambre au songwriting affûté et quelques éléments de post-grunge, Ryan Pollie propose un album éponyme sur le fil - seulement en-dedans sur un la fin de Go Down où l’utilisation accessoire de la flûte peut agacer l’auditeur - qui sait par ailleurs vivre avec son temps, il n’y a qu’à écouter Enough Is Enough et son chant rageux proféré en arrière-plan rappelant Win Butler d’Arcade Fire.

Concis, équilibré, empathique, les adjectifs ne manquent pas pour évoquer un album réalisé par un artiste doué et honnête partageant régulièrement la scène avec Alex G dont nous parlions il y a quelques mois dans cette même rubrique, et qui s’apprête à officier lors d’une mini-tournée en première partie du génial Avi Buffalo.