L’Anglais Ryan Lee West a beau avoir déçu nos espoirs d’héritage Warpien, Sonne a tout ce qu’il faut pour réchauffer les cœurs des déçus du nouveau Caribou avec son électronica housy et sensuelle aux fourmillements bucoliques hors du temps.

Après s’être frotté au banger discoïde avec l’efficace et récréatif Kid Velo, le producteur de Leicester met en effet toute sa maîtrise des beats épileptiques (Recovery) et des distorsions oniriques (Think Tank) au service d’une certaine délicatesse mélodique et mélancolique sur ces six titres qui ont le bon goût de ne pas céder aux sirènes d’un hédonisme bas du front.

Plutôt que de laisser une Second Chance (beurk) aux mièvreries vintage du mal-nommé Our Love dont on vous épargne la chronique par simple compassion pour l’auteur d’Andorra, essayez-vous donc à la retenue d’un Sonne dont le potentiel orgasmique se suffit du fantasme sans s’embarrasser de l’explosion, à la lente montée d’un 3 Chords maîtrisant comme son nom l’indique l’immersion deep en trois accords, ou au lyrisme extatique assez irrésistible d’Helios, et on vous garantit de succomber à la sérénade acoustique émergeant du gracile Haunt, instant magique de cet EP en suspension :

Et si ça n’est sûrement pas le remix éthéré offert ces jours-ci au songwriter chamber-pop londonien Douglas Dare (compagnon de route au sein du label Erased Tapes) qui permettra au géniteur du fabuleux The Decadent EP de renouer avec l’angoisse déliquescente, le spleen cybernétique et les saillies acides qui en firent à l’époque l’hybride rêvé d’Aphex Twin et d’Autechre, Rival Consoles n’en a pas moins de beaux jours devant lui et on ne peut que s’en réjouir.