2013 au peigne fin : 30 albums hip-hop
Depuis quand les médias supposément indépendants ont-ils cessé de rechercher intelligence, élégance et honnêteté dans le hip-hop, ignorant Decorative Stamp ou Hand’Solo Records, délaissant Anticon et Fake Four pour un Def Jam en perdition sur le plan artistique depuis les années Jay-Z ou pire, toutes ces nouvelles filiales d’Universal affichant des "Money" dans leur nom ou des $ sur leur logo ? Difficile de ne pas se poser cette question au regard des bilans imbuvables dont nous abreuvent déjà les Spin, Rolling Stone, Exclaim ! et autre Huffington Post en attendant Pitchfork et compagnie.
Au programme, toujours ces mêmes dépositaires d’un rap mainstream racoleur dopé à l’autotune, aux beats trap sans âme, aux grosses basses club et aux synthés clinquants qui dégoulinent partout, les sempiternels Drake (tête à claque en chef du cheptel), Chance The Rapper (oui, celui qui fricote avec l’éternel prépubère Bieber), Pusha T des surestimés Clipse, le A$AP Mob au grand complet avec ses bangers moches et léthargiques... et bien sûr Kanye West. Car si l’on s’était dit qu’on ne blâmerait personne (la bonne blague !), c’est de toute évidence par lui que tout a commencé tant son glissement d’un hip-hop gracile et généreux, à la fois abordable et audacieux, vers l’antithèse poussive et prétentieuse des trois derniers albums semble avoir conditionné toute la pseudo esthétique célébrée aujourd’hui par les faiseurs de mode voués aux encarts pub de la critique musicale 2.0*.
(*Vous savez, ces tâcherons autosatisfaits qui voudraient nous faire croire que les crispants Daft Punk, cachetonneurs parmi d’autres sur le Yeezus de ce dernier, ont inventé la musique du troisième millénaire avec leur revival disco-funk surcompressé et mal pompé sur Chic, Earth, Wind & Fire, Michael Jackson ou le mauvais Stevie Wonder des années 80 - autant d’influences soit en passant que la presse rock ou électro aurait honnies avec raison il y a 10 ans ?)
Bref, vous l’aurez compris, et qu’importe si ce cru hip-hop 2013 n’est pas parti pour me laisser un souvenir impérissable, ici au risque de paraître pédant on parle de vraie musique, singulière et racée, et tant mieux si les hipsters trouvent notre alternative ennuyeuse à crever parce que c’est justement tout ce qu’on leur souhaite.
Mes 15 albums hip-hop 2013 commentés
Que ce deuxième opus du rénovateur londonien soit en passe d’échapper à mon top 50 général de l’année en dit heureusement plus long sur la richesse musicale de ce cru 2013 que sur la qualité de ses sorties hip-hop ou la légère distance que j’ai prise dernièrement avec l’actualité du genre. Moins constamment captivant que son prédécesseur, Some Say I So I Say Light n’en demeure pas moins rafraîchissant par son approche atmosphérique et métissée d’électronique d’un hip-hop narcotique et ambivalent, souvent gorgé de spleen mais parfois nettement plus vénéneux à l’image d’un Cold Win martial et anxiogène à souhait :
< 5ème de notre bilan du mois d’août >
Le problème avec ce genre de bilans thématiques, ce sont ces albums à cheval entre plusieurs univers. Sans les interventions voilées au micro du beatmaker phare d’Anticon, aux manettes des cultissimes Themselves, Subtle et 13&God, nul doute que Late Pass aurait atterri dans la case abstract/beat music, dopé comme il est aux expérimentations opiacées du dub, du krautrock ou de la bass music versant noisy et saturé. Qu’importe, ce retour solo tant attendu et tout sauf décevant méritait bien une seconde place quelque part !
Spoutnik vous en parlera mieux que moi mais cette résurrection du hip-hop new-yorkais spleenétique, soucieux, sec et sans fioriture des glorieuses nineties fait plaisir à entendre, d’autant qu’à l’image d’une reprise remarquée du Shook Ones Part II de Mobb Deep, le duo de Long Island ne confond pas influences et révérence, sonnant comme lui-même et personne d’autre, surtout à l’heure où l’esbroufe se taille la part du lion chez les rap addicts.
Quand le nerd en chef de la galaxie Hand’Solo joue à la guerre avec son bataillon Backburner au grand complet, la tension le dispute à la truculence, le premier degré flirte avec l’ironie mordante et les institutions militaires rient jaune. Une mitraille de tubes sur cet album à faire passer Platoon pour une colonie de vacances.
Le grand disque hip-hop expérimental de l’année ne pouvait venir que du patron de Decorative Stamp, même si c’est Mism Records qui hérite de ces errances mystiques et lourdes de menace dont les instrus arabisants sentent bon le sable du désert et la liberté du free jazz, fulgurances du saxophone oblige.
< chronique >
A l’image de son concept narratif donnant à un giallo mafieux des allures de tragédie antique et vice-versa, le MC fantôme du Wu-Tang et son producteur rompu à la dramaturgie rythmique et orchestrale des Morricone, Schifrin, Axelrod ou Isaac Hayes font un sort au gangsta rap avec cette ode aux séries B dont le stylisme baroque transcende le propos, plus ambitieuse et musicalement aboutie que n’importe quel album du genre depuis le premier Only Built 4 Cuban Linx du compère Raekwon.
Offert au téléchargement à sa sortie, cet hommage doomesque à l’unique véritable album du cultissime duo de l’écurie Def Jux (revenu cette année sur EP), dont le mystérieux crew de producteurs 3:33 ne conserve ici que les parties vocales, n’est malheureusement plus en écoute. Gageons néanmoins que les amateurs de drums étouffants et d’atmosphères crépusculaires se débrouilleront de mettre la main d’une manière ou d’une autre sur ce disque digne d’un crossover entre El-P et Dälek.
Duo désormais incontournable de la scène new-yorkaise, Matter Ov Fact et EP ont fait court et concis mais surtout furieusement ludique et classieux avec ce Hark qui fait rimer cool et rugueux, sinistre et lumineux, et dont les humeurs nous prennent sans cesse à contrepied. Un peu comme si les Gravediggaz avaient eu l’idée saugrenue de croiser le fer avec Atmosphere, et si Barbiturates ou Smang Life cèdent de trop à l’appel du smooth, des titres tels que Skin Yarmulke, Hark Back, Oh Well ou encore Sun Shine se joueront à n’en pas douter des ravages du temps.
Fidèle au titre comme à la pochette de cet album aussi mastodontique et paradoxalement agile qu’un cachalot dans l’océan, le beatmaker nantais nous fait voyager loin dans son idée d’un hip-hop français rêvant son futur au lieu de ressasser la rue, prenant exemple sur Abstrackt Keal Agram ou Gravité Zéro plutôt que sur NTM. Forcément, ça donne un minimum de rimes et un maximum d’instrus lorgnant sur un abstract cinématographique et jouissif comme on n’en entend pas assez (clin d’œil aux heures de gloire d’un RJD2 moribond), mais quand Le Sept s’y colle sur Chaos Technique, à la fois plus rugueux, plus incisif et plus gracieux que tout ce qui se fait dans le genre aujourd’hui, c’est un bon coup de tatane supplémentaire à l’intention d’un rap hexagonal qui se la raconte beaucoup pour pas un rond.
< chronique >
Multipliant les allégories d’une société gangrenée par l’obscurantisme, le mépris de l’intelligence et le culte de la médiocrité, le rappeur d’Halifax épaulé à la production par Scott Da Ros (boss du label Endemik auquel on doit ce Land Of The Lotus Eaters ) cherche un chemin vers la lumière dans la pénombre de ses instrus atmosphériques et amplifiés, samplant sur Shibboleth le président Bartlet de The West Wing, symbole d’idéalisme confronté au conservatisme des privilégiés et à l’inertie d’un système au bord de l’autodestruction.
Solide de bout en bout mais pas toujours aussi brillante qu’on eut pu l’espérer de la part du producteur historique d’Aesop Rock (et par ailleurs l’un des derniers piliers abstract du label Ninja Tune), cette collaboration de Blockhead avec le rappeur Illogic n’en fait pas moins preuve d’une belle variété d’influences, jazz opiacé, blaxploitation et blues latin côtoyant le plus naturellement du monde électro cosmique, groove ethnique et trip-hop cinématographique pour offrir au flow coolissime de l’Américain un écrin de grande classe.
Le cloud rap avant l’heure du duo ricain avait du lyrisme à revendre sur cet album miraculeusement ressorti des tiroirs 6 ans après la fin de son enregistrement, mariant ombre et lumière sur 9 titres élevés au post-rock aérien, à la folktronica et à l’alt-rap musicalement décomplexé des grandes heures d’Anticon. Un petit classique instantané ouvert aux quatre vents dans tous les sens du terme !
Petit bijou d’introspection au lyrisme jamais débordant malgré l’émotion véhiculée par la notion de deuil auquel s’attaque ce nouvel album du Canadien aux airs de fable existentielle, Woke Up Alone laisse de l’espace à ses nombreux guests/personnages sans qu’aucun n’ait l’idée d’éclipser la mélancolie du songwriting et l’épure des beats teintés de pop et d’électronique, dans la grande tradition efficace, audacieuse et sensible à la fois du label Fake Four et des précédents opus de son producteur-phare.
Pas exempt de petites fautes de goût dans ses chorus ou dans ses arrangements, Run The Jewels n’égale pas les sommets toxiques et oppressants des chefs-d’œuvre d’El-P ou de Company Flow - à l’exception du parfait Get It - mais déploie une dynamique incisive et viciée que le flow de Killer Mike habite avec une irrépressible conviction.
Je laisse le soin à Mag ? de vous familiariser plus en détails avec l’univers de ce duo franco-américain qu’elle connaît bien, pour ma part ce fut une découverte et le rap échevelé du Virginien Swordplay allié aux productions folky tour à tour tranchantes et mélancoliques mais toujours hautement mélodiques du Picard Pierre The Motionless m’ont évoqué l’excellence de Ceschi ou James P Honey - justement invités avec les sus-nommés James Reindeer et Ancient Mith sur le final 400 Years Of A Most Murderous Thirst.
15 albums de plus à considérer
16. Jonwayne - Rap Album One
Minimal et racé, ce premier véritable LP du nouveau poids lourd (sans mauvais jeu de mots) du hip-hop californien, aussi crédible en producteur drogué qu’en rappeur nonchalant, inscrit son groove méditatif aux incursions électro déconstruites dans la lignée des expérimentations du label Brainfeeder de ses potes FlyLo et Jeremiah Jae.
17. Prodigy & Alchemist - Albert Einstein
A l’exception du romantisme cheap d’un featuring de Domo Genesis dont on se serait bien passé, cet Albert Einstein sonne comme la sortie de tunnel que tout le monde attendait pour le MC de Mobb Deep, particulièrement à l’aise dans le cocon vintage de tension urbaine aux contours rétro-futuristes qu’a tissé pour lui son vieux compère Alchemist.
18. Sole - Crimes Against Totality
L’album rappé le plus solide et cohérent de l’ex patron d’Anticon depuis longtemps, dont les synthés crépusculaires, beats boom bap inventifs et autres bourdons saturés font bon ménage avec l’activisme d’un flow redoublant de focus et d’intensité dans sa critique des valeurs qui régissent, au mépris de l’humain, notre société globalisée.
19. Rocé - Gunz n’ Rocé
Dernier représentant d’un rap français qui n’a pas peur de se mettre à nu, de creuser l’aspect sociétal, éducatif ou comportemental d’une jeunesse déclassée au lieu de se complaire dans le moralisme social ou la rébellion racoleuse, Rocé est peut-être un peu trop conscient de sa verve mais suffisamment fort de sa conscience pour faire oublier l’egotrip au profit d’une poésie à la fois acerbe et ludique, qui fait mouche sans prendre l’auditeur de haut.
20. Ancient Mith - And The Dead Shall Lie There
Associé au très bon beatmaker suisse Mattr (lui même auteur plus tôt dans l’année d’une belle réussite d’abstract gothique et vénéneux) qui en assure l’assise baroque et ténébreuse de synthés saturés et de beats downtempo percutants, le MC de Denver débarque chez Dora Dorovitch avec un album d’alt-rap dystopique aux allures d’opéra urbain décadent. A découvrir !
21. U-God - The Keynote Speaker
En dépit de son petit ventre mou (les clinquants Stars et Golden Arms en trop), cet album passé quasi inaperçu aurait pourtant dû sortir U-God de l’ombre de ses compères du Wu-Tang Clan. Encadré par une production acérée de RZA et des featurings au cordeau de GZA, Kool Keith, Styles P, Inspectah Deck, Method Man, Elzhi et j’en passe, le MC de Staten Island joue en effet les bulldozers east coast avec une certaine classe et des titres tels que Heads Up, Fire ou Fame finissent par s’imposer durablement.
22. Hazardous Raisins - HZRDS RSNS
Encore une découverte due à l’ami Spoutnik, increvable tête chercheuse en hip-hop atypique. Malgré une petite allergie aux chorus r’n’b de Raphael Gibbs sur Same Ting, les manipulations éthérées du duo new-yorkais ne pouvaient que me séduire voire même davantage dans le cas des hachures électronica du sublime Cardi-x-Coke, futur classique à la cLOUDDEAD.
23. Aki Kharmicel - Aki Kharmicel
Producteur notamment pour son copain Gonjasufi, le Californien Kennuf Akbar aka Aki Kharmicel offrait grâce au format digital une seconde vie à ce drôle d’OVNI, enregistré l’année passé à base d’instrus soul/funk gondolées. Atmosphères rétro et bidouillages lo-fi sont au rendez-vous sur fond d’hommage au Black Power et au moins deux titres touchent au sublime, Shame et Flowers témoignant d’un songwriting tout aussi ironique et décalé que les manipulations narcotiques de ce Californien qu’on espère voir sortir bientôt de l’obscurité.
24. Latyrx - The Second Album
Le duo culte de la Bay Area apparaît toujours aussi insaisissable et généreux avec ce disque du retour inespéré, 16 après le cultissime The Album produit par DJ Shadow. Moins ambitieux et tenté par une sensibilité pop qui culmine sur le désarmant Exclamation Point, tube hip-hop de l’année pas loin d’un Why ? de la grande époque, ce deuxième opus essaie beaucoup de choses (opéra décadent, musique chorale, électro funky, dancefloor robotique, disco hédoniste, expérimentations épiques à la MPC façon Subtle avec Reload) et forcément ne réussit pas tout mais le plaisir qu’ont eu les deux joyeux lurons à confronter de nouveau leurs flows charismatique est un bonheur constant pour les oreilles.
25. Serengeti - Saal
L’album le plus introspectif du Chicagoan louvoie entre acoustique de chambre, blues synthétique et poptronica orchestrée. Un travail d’orfèvre signé Sicker Man auquel le MC incorpore un spoken word à la fois intimiste et récréatif.
26. Drapetomania - Drapetomania
Pensionnaire du Branch Out Collective, le duo Drapetomania nous vient du Michigan et nous prend dans ses filets à coups de flows limpides, de désillusions placides et de boucles hachées aux samples rétro et psyché. Court mais fameux.
27. First Light - Fallacy Fantasy
Faute d’avoir pu compter sur les Hieroglyphics amputés de leur producteur historique Domino, Pep Love et Opio ont assuré la part de cool west coast transversal de mon année hip-hop, fait de bom bap bien cadencé, de mélodies smooth et d’ornements planants. Pas faute d’y retrouver la majeure partie du Hiero crew (Del compris) et par extension des Souls Of Mischief et pourtant l’album produit par Unjust du trio Chosen Few échappe à la malédiction (cf. mes "déceptions" plus bas), sans génie certes mais sans moment creux ni erreur de parcours.
28. Soso - Not For Nothing
Si l’alt-rap du Canadien manque légèrement de charisme vocal pour emporter le morceau, nul doute que ses compos intenses et oniriques troussées en compagnie du producteur Maki et mâtinées de trip-hop acoustique et de post-rock feutré, sauront faire leur chemin chez les amateurs de hip-hop sensible et mélancolique.
29. Earl Sweatshirt - Doris
La patte malaisante du crew Odd Future commence sérieusement à tourner au gimmick cheap (Burgundy et 20 Wave Caps, les Neptunes et Samiyam sont décidément très mauvais) et au cliché lugubre qui ne fait plus peur à personne (Pre, Whoa) mais le jeunot Earl tient toujours le haut du pavé grâce à son flow détaché, quelques belles sorties de route (Molasses avec RZA et l’extatique Knight, tous deux mis en musique par le duo chicagoan Christian Rich) et une paire de productions anxiogènes pour de vrai (Hive et surtout Centurion, aux cordes dignes du Dr. Octagon d’antan sous l’impulsion de Christian Rich toujours).
30. Ta-ku & Raashan Ahmad - Low Fidelity, High Quality
Un petit plaisir énergique - et très certainement éphémère - dopé à la soul jazzy des intrus de l’Australien Ta-ku pour terminer cette sélection, en attendant de retrouver Raashan Ahmad en meilleure position plus bas.
Quelques EPs
1. Keith / Lippok / Jean-Michel - Blood On My Fendi
2. Strangelove - Purple
3. Jeremiah Jae - Bad Jokes
4. Kaigen x Shing02 - Jikaku
5. Serengeti - C. A. B.
Les liens des précédents choix parlant d’eux-mêmes, je me contenterai de louer les petits hymnes garage régressifs et décomplexés offerts par Odd Nosdam et Jel au rappeur dada de Chicago dans un registre totalement différent du Saal cité plus haut, fidèles à leur goût pour les distos abrasives et droguées et culminant sur un duo bluesy et nébuleux avec Doseone.
Quelques mixtapes
1. Sage Francis - Sick To D(EAT)H
Idem que pour les EPs, inutile d’en rajouter sur les sorties chroniquées dans l’année mais cette collection de démos, de lives et d’inédits lâchée ces jours-ci par notre mitrailleur barbu valait bien quelques mots, nouveau bijou d’alt-rap bluesy et habité lorgnant sur l’americana voire sur la soul (l’irrésistible You Can’t Win avec B. Dolan) et qui nous gratifie avec Gimme Dat d’un tube épique, dark et véloce comme on les admirait du temps de Personal Journals - rien d’étonnant, c’est Buck65 le compère des années Anticon qui produit !
2. Jonwayne - Cassette 3 : Marion Morrison Mixtape
3. Wordburglar & VA - Grandpa Funnybook’s Mix-Tapingly Arranged Rapping Song Album 3 !
4. Jeremiah Jae & Oliver The 2nd - RawHyde Mixtape
5. More Or Les - Bigger On The Inside : A Time Traveller’s Mixtape
3 singles repêchés
Pas les meilleures chansons entendues cette année mais des classiques instantanés d’artistes qui n’ont pas pu trouver leur place dans l’une des précédentes catégories, faute de sortie à la hauteur ou de sortie tout court.
Raashan Ahmad - The Remedy (feat. Chris Karns aka DJ Vajra)
Un peu trop nu-soul-après-l’heure pour m’emballer pleinement, l’album Ceremony du sémillant Californien n’en avait pas moins en réserve un pur hit vintage comme on n’en fait plus, petit kaléidoscope light et addictif digne d’un bon vieux Beastie Boys, De La Soul ou A Tribe Called Quest.
Baralarm - Baralarm Back Now
Éparpillé, inégal et parfois même brouillon, le Welcome To The World du trio ricain Baralarm issu du même Branch Out Collective que les Drapetomania précédemment cité ne m’a guère emballé, mais à l’inverse le coup de foudre fut immédiat pour ce papillonnage féérique aux collages rétro dont les Avalanches n’auraient certainement pas renié le pouvoir d’enchantement psyché.
Witness - Tomorrow Never Comes (feat. Unsung)
Avec ses effluves éthio-jazz et sa vibe résolument décontractée, cette collaboration avec Unsung (dont on parlait aussi plus haut) m’engagera très certainement à surveiller de près les futures sorties du Pennsylvanien Witness, accoquiné par ailleurs sur son dernier album en date avec l’excellent Emancipator.
Une compilation à ne pas louper
Cooler Than Cucumbers - Salade de Concombres Vol. 2
Basée sur un thème graphique surréaliste, cette seconde salade du label Cooler Than Cucumbers s’avère généreuse en claques abstract (de Big Pauper à DaKoTa en passant par Le Parasite sus-mentionné ou encore notre ami Cyrod Iceberg) mais son versant rappé ne démérite pas avec outre les pépites opiacées d’Iris & Loop ou Haez One, des tueries en cinémascope signées Anubis 5 & Andy Able, Summon & Wormhole, Megabusive & Senz Beats et surtout La Mauvaise Humeur, lauréat hip-hop de mon bilan de l’an dernier dont la verve kafkaïenne, entre anticipation sociale et cauchemar bureaucratique, impressionne autant que l’urgence lancinante de son beatmaking futuriste et schizophrénique sur le génial Nouvelle Peau.
Déceptions
Essentiellement les nouveaux Hieroglyphics et Deltron 3030, pour une fois tout ce que Del a touché s’est tranformé en bouillie tiède, rien de honteux bien sûr mais les deux formations valaient tellement mieux que ça.
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- Sulfure Session #2 : The Eye of Time (France) - Le Vent Se Lève, 3/02/2019
- Aidan Baker + The Eye of Time (concert IRM / Dcalc - intro du Sulfure Festival) - Le Vent Se Lève (Paris)
- Squarepusher - Dostrotime
- Tomin - Flores para Verene / Cantos para Caramina
- 2 Tones - No answer from Retrograd
- Spice Programmers - U.S.S.R.
- Lynn Avery & Cole Pulice - Phantasy & Reality
- CID - Central Organ for the Interests of All Dissidents - Opium EP
- Darko the Super & steel tipped dove - Darko Cheats Death
- Leaf Dog - When Sleeping Giants Wake
- Stefano Guzzetti - Marching people EP
- Leaf Dog - Anything is Possible
- Tomin - Flores para Verene / Cantos para Caramina
- Novembre 2024 - les albums de la rédaction
- 2024 à la loupe : 24 EPs (+ bonus)
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- 2024 à la loupe (par Rabbit) - 24 chansons