Le streaming du jour #179 : Blue Daisy - ’The Sunday Gift’
On a parfois de sacrées surprises avec Gogoyoko, site de streaming "équitable" trop souvent estampillé guitares en bois ou envolées lyriques à l’Islandaise. Car outre la diversité propre à cette scène insulaire plus que jamais surprenante, c’est toute une flopée de labels indé d’horizons divers et variés qui a jeté son dévolu sur ce pourvoyeur de musique en ligne aux velléités commerciales quasi inexistantes.
Ainsi de Black Acre, structure anglaise essentiellement vouée au dusbtep et dont on découvre ici le fils prodigue en la personne du producteur londonien Blue Daisy. Un pseudonyme qui trompe d’ailleurs sur la marchandise : pas plus de marguerites bleues que de dimanches ensoleillés au programme des évocations instrumentales de The Sunday Gift, dont les nappes crépusculaires, les basses abyssales et autres arrangements de cordes lancinants plantent immédiatement le décor. On est pas là pour rigoler et d’ailleurs les notions de mélodie ou même de rythmique passent le plus souvent au second plan de ces denses fumerolles dont les voiles mouvants semblent comme irradiés de l’intérieur par une lumière... forcément... noire.
Une noirceur fantomatique et néanmoins aérienne donc, qui fait immédiatement penser aux premiers albums de Tricky ou au Mezzanine de Massive Attack, la voix d’une certaine Anneka aidant à la comparaison, quelque part entre la pureté presque désincarnée d’une Liz Fraser et la langueur troublante de Martina Topley. Parmi les invités qui se succèdent au micro - autre point commun avec la démarche des Bristoliens - on trouve Heidi Vogel croisée au côté du Cinematic Orchestra ou plus récemment du jazzman de Brainfeeder Austin Peralta, le rappeur anglais Hey !Zeus ou encore la chanteuse soul Stacey Dowdeswell aka Stac dont le premier album Turn That Light Out avait été produit l’an dernier par Ben Lamdin (Nostalgia 77, Skeletons). Autant d’intervenants dont les discrets tours de chant se mêlent au brouillard ambiant à peine percé dans ses moments les plus cléments en fin de disque par quelques programmations réminiscentes d’une house éthérée.
A l’heure où Tricky n’en finit plus de s’embourber dans une pop frontale mais sans relief et où Massive Attack, révélant enfin le résultat de sa collaboration très attendue avec Burial, laisse retomber le soufflé sur 12 minutes hautement atmosphériques mais tout juste sauvées de l’ennui par l’apparition spectrale d’Hope Sandoval, on se disait qu’il était temps que la relève arrive. Heureusement pour nous, entre Ghostpoet, Amenta et maintenant Blue Daisy, elle semble plus que jamais assurée.
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