Si en faisant dans le gros son Supergrass n’avait pas convaincu l’an dernier avec un Diamond Hoo Ha peu inspiré qui contribua sans doute à sonner le glas du quatuor d’Oxford, splitté en avril avec un album sur les rails qui ne verra vraisemblablement jamais le jour ( Release The Drones, annoncé comme plus chaotique sous l’influence du krautrock de Can notamment) mais que l’on aura peut-être la chance de voir joué sur scène à l’occasion du tout dernier concert du groupe à la Cigalle parisienne le 11 juin prochain, il est loin d’en être de même pour le premier opus des HotRats, nouveau projet du chanteur et guitariste Gaz Coombes et de son batteur Danny Goffey nommé d’après le chef-d’œuvre jazz-rock bien barré de Frank Zappa.

De prime abord un album de reprises à la sauce garage rock enregistré comme un remède à la gueule de bois ("imaginez-vous entrer en studio vers 11 heures du matin, prendre le petit-déj classique en forme de smiley, vautré sur le sol encore malade de la nuit précédente, puis vous vous relevez avec une idée de chanson, et d’un seul coup tout le monde se met à sautiller et se sent bien mieux", dixit Gaz Coombes), mais sous l’égide du producteur Nigel Godrich, qui a su tantôt s’effacer devant l’énergie minimaliste du duo, tantôt la pimenter des réminiscences de ce projet krautrock avorté : onomatopées étouffées (Lovecats), drones (Damaged Goods), échos d’outre-tombe (Pump It Up) et autres bruits non identifiés (Bike, sommet de l’album).
Ou mieux encore, relever de subtiles nappes de cordes ou de claviers cette sensibilité mélodique que l’on s’attendait forcément à trouver du côté des relectures de Big Sky, particulièrement fidèle à l’original bien que plus heavy, The Crystal Ship et sa production abyssale, Love Is The Drug avec ses petites touches de piano impressionnistes et son saxo rétro ou encore Up The Jonction, petit classique de Squeeze transformé ici en sommet de mélancolie éthérée sur piano minimaliste et rythmique trip-hop... mais peut-être un peu moins sous les guitares électrisantes du Queen Bitch de Bowie ou de l’hymne punk et jouisseur des Beastie Boys, (You Gotta) Fight For Your Right (To Party), méconnaissable ici.

Un OVNI rock aussi efficace que sincère en somme, dont le cœur de velours sous une chape lo-fi semble avoir séduit nos versaillais de Air. Coombes et Goffey les accompagneront en effet sur scène à la Cité de la Musique le 3 juin, après leur passage en ouverture de la soirée, pour la toute première interprétation en concert de la BO de Virgin Suicides, le résultat inattendu d’une rencontre fortuite dans un studio londonien.

[en bonus ci-dessous, la vidéo du single Drive My Car, reprise des Beatles finalement absente de l’album]