Cecilia::Eyes - Mountain Tops Are Sometimes Closer To The Moon
Ecosse : 1 - Belgique : 1.
Match Nul.
1. Flags
2. Too late for a porn movie
3. Shift/Kill
4. One million whales (Recycled)
5. Clocks
6. Song for Alda
7. Our longest winter
8. Peter Star (My Father-In-Law’s Secret)
9. Farewell she whispered
On a coutume de dire, dans les milieux autorisés, que les groupes belges ont été béni des Dieux. Mais que, quoi qu’on fasse, année après année, depuis la déferlante du groupe qui en portait justement le nom en latin, ils furent maudits à tous lui être comparés.
He bien, non.
Pas Cecilia::Eyes. Parce que voyez-vous, Cecilia::Eyes est un groupe de post-rock. Instrumental. Et du coup, il n’y a pas de chant avec cet accent d’outre-Quiévrain reconnaissable entre mille. Et que donc, si je ne vous l’avais pas dit, vous n’auriez même pas su que Cecilia::Eyes étaient belges. Et si je vous avais fait écouter l’ouverture de leur album, vous auriez même peut-être cru qu’ils étaient écossais, et non pas de Morlanwelz, Belgique. Et qu’ils ne s’appelaient pas Cecilia::Eyes, mais que leur nom se terminant par deux voyelles évoquait une peluche en fourrure bigarrée.
Parce qu’il fallait être drôlement culottés pour ouvrir ce splendide Mountaintops... par la même suite d’accords que Mogwai Fear Satan, avec exactement le même genre de traitement sonore (ce son splendide sera d’ailleurs sur tout l’album, murs de guitares et envolées relayées par trente mille pédales d’écho et d’effet se répondant les unes aux autres) mais avec un résultat (Flags, 6 minutes de bonheur) nous faisant croire au retour du gang écossais et non à une vulgaire repompe de leur titre.
Parce qu’il faut bien le dire, Cecilia::Eyes viennent de signer un album qu’on aurait vraiment aimé entendre de la part de Mogwai. Une sorte de synthèse ultime des premiers albums du groupe (Suites d’accords simples, répétition à l’infini de phrases musicales, atmosphère calme mais tendue, montées soudaines et héroïques) et du son sophistiqué des productions récentes, avec un gigantesque clin d’oeil à la scène noisy des années 90 (les groupes shoegaze comme Slowdive, My Bloody Valentine, Telescopes, etc...)
D’ailleurs, le deuxième morceau, Too late for a porn movie, en est emblématique, basse dub, échos volés à Slowdive ou Cocteau Twins, atmosphère échappée d’un Ulrich Schnauss qui aurait découvert les instruments de musique, les vrais, en bois, breaks de batterie syncopés à la Ride.... sept minutes qui ne peuvent que mettre le baume au coeur, teinté d’une indicible mélancolie. Une simplicité apparente mais une musique labyrinthique, à l’image du livret du CD présenté comme un livre dont vous êtes le héros, si chers aux années 80 / 90.
Dès le mur de guitares à la My Bloody Valentine (on pense aussi à M83 ou My Vitriol pour les influences plus récentes) démarre le morceau suivant, "Shift/Kill", syncopé comme un instrumental de Swervedriver, tendu comme un vieux Mogwai (la fameuse suite d’accords de "Flags" revient d’ailleurs au milieu du morceau)... puis s’enchaîneront les saynètes musicales, culminant pendant les gigantesques (à tous les sens du terme) "Song for Alda" et "Peter Star" (ONZE minutes de bonheur !). On restera accroché à ces mélodies de guitares cristallines posées sur un mur du son d’une épaisseur invraisemblable, Clocks se terminant par exemple dans des suraigus ravissants.
Tous les morceaux s’embriquent les uns dans les autres, formant un paysage musical plus que convaincant, d’une harmonie totale, et sans un seul accroc, d’apparence lisse mais truffé de petits détails qui montrent la richesse profonde de la production, due à Joël Grignard et Pierre Vervloesm, qu’on a déjà vus chez Monsoon, dEUS (tiens donc) ou Attica... Le groupe cite également Pink Floyd dans leurs remerciements, on sent là la volonté de construire le disque à la façon d’architectes sonores.
Le groupe s’est d’ailleurs fendu de la première partie d’iLiKETRAiNS l’an passé à Bruxelles, on comprend aussi pourquoi.
Un superbe voyage musical pour amateurs de post-rock. "Play it loud !" nous dit la vache dans le boîtier CD. Sans problème.
Si les mots Belgique et post-rock ne riment pas forcément ensemble, nos amis d’outre-Quiévrain peuvent se vanter d’avoir Cecilia::Eyes. Ces derniers ont sorti il y a quelques semaines Disappearance, un très beau troisième album.
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