Le Loup - The Throne Of The Third Heaven Of The Nations’ Millennium General Assembly
Sans crier gare, Le Loup est sorti de l’ombre l’année dernière, en se révélant être une formation américaine qui pourrait rapidement devenir une référence en matière de folk expérimentale avec un premier album surprenant et prometteur.
1. Canto I
2. Planes Like Vultures
3. Outside Of This Car, the End Of the World
4 . To the Stars ! To the Night !
5. (Storm)
6. We Are Gods ! We Are Wolves !
7. Breathing Rapture
8. Look To the West
9. (Howl)
10. Le Loup (Fear Not)
11. Canto XXXVI
12. I Had a Dream I Died
Depuis quelques années, la ville de New York est au centre de tous les regards. On connaît évidemment les événements qui s’y sont passés, mais c’est surtout la scène musicale foisonnante et intéressante (des Strokes à Animal Collective) qui a éclos aux yeux de bon nombre. Simple coïncidence, on ne le saura jamais vraiment. Par contre, on peut constater que la ville de Washington DC, également touchée, n’a semble-t-il pas connue cette même création et émulation artistique. Avec l’apparition de Le Loup, originaire de la capitale américaine, les regards vont sûrement s’intéresser de plus près à cette scène et on pourra peut-être y découvrir quelques merveilles insoupçonnées. Quoiqu’il advienne de l’avenir, cette formation est déjà une véritable révélation qui mérite qu’on la suive attentivement depuis la sortie de ce premier album étrange et insolite, The Throne Of The Third Heaven Of The Nations’ Millennium General Assembly , un certain jour de septembre dernier aux Etats-Unis, une coïncidence, un signe …
Véritable instigateur de ce projet ambitieux, Sam Simkoff a élaboré seul ce premier album alors qu’il était dans un état de crise et de doute. Au final, cet opus se révèle être une sorte d’exutoire personnel, un chemin qui mène vers la rédemption au gré des mélodies complexes et enchanteresses qui le composent. Il est d’ailleurs inspiré par la descente aux Enfers de Dante, célèbre cantique médiéval de la Divine Comédie . Les morceaux Canto I et Canto XXXIV issus de cet album sont en fait le premier et dernier chant qui voit l’arrivée de Dante au Purgatoire. Ambitieux, ce projet l’est tout autant par le titre de ce disque difficile à retenir, titre qui est également celui d’une œuvre créée par l’artiste américain James Hampton de la première moitié du XXième siècle, constituée de 177 pièces travaillées et assemblées avec minutie se rapportant à des textes bibliques (plus de détails sur ce lien). C’est sans doute, ce travail d’assemblage précis et méticuleux que Sam Simkoff a voulu reproduire dans The Throne Of The Third Heaven Of The Nations’ Millennium General Assembly . Mais loin de toutes ces références qui pourraient être difficiles à porter, la musique de Le Loup se trouve être un voyage initiatique passionnant. Il suffit de se laisser accompagner, il n’y a pas de risques, la descente est bien plus paisible qu’il n’y paraît à la première approche.
Entouré de six autres musiciens, Sam Simkoff amène ainsi Le Loup vers des territoires apaisés et lumineux afin de se libérer de ses vieux démons. Et ce n’est pas le tonnerre et les éclairs de (Storm) en plein milieu d’album qui le feront dévier de son chemin. On pourra même y entendre le doux chant des oiseaux qui succède à cette tempête et ce brouillard électronique. Tout cela commence donc avec un Canto I qui suit une ligne de banjo claire, sur laquelle se superposent des chœurs au loin et une rythmique à base de percussions à la fois inventive et entraînante. Curieusement, on se retrouve plongé dans une atmosphère mystique et orientale loin de la traditionnelle folk américaine comme on pourrait s’y attendre. Sur Planes like Vultures, le chant en réverbération sur des nappes électroniques discrètes progresse crescendo jusqu’à devenir choral alors que les notes de claviers deviennent plus inquiétantes sans être toutefois effrayantes. On le devine, le groupe suit les mêmes pas que les formations avant-gardistes Grizzly Bear ou Animal Collective apparues ces derniers temps, justement du côté de New York, qui semble donc faire des émules à travers l’Amérique. On y retrouve cette même vision d’une musique en perpétuel mouvement, cette même recherche d’innovation au niveau des rythmiques et des sonorités. Néanmoins, ce septuet sait rester unique et se distingue de ses deux comparses par une certaine plénitude qui le rend bien plus abordable.
Cette recherche de l’harmonie et de la paix intérieure se fait à l’aide d’une instrumentation riche et variée sans pour autant paraître surchargée et imposante, et qui sait s’oublier et se faire discrète devant l’émotion d’une voix, d’un chant. Il faut dire que le chant peut être considéré comme un instrument à part entière chez Le Loup. Tous les membres de cette formation y participent, leurs chants se croisent, s’entremêlent, se répondent en chœurs. Ainsi Ouside of this Car, the End of the World s’appuie simplement sur une rythmique électronique progressive sur laquelle les voix s’entrelacent à souhait et s’en donnent à cœur joie, l’ensemble s’aventurant sur des terrains psychédéliques avec bravoure et réussite. Malgré le pessimisme que pourrait laisser croire le titre, ce morceau se montre véritablement radieux et enjoué. Sam Simkoff est sûrement un rêveur, le regard souvent tourné vers le ciel, comme le laisse deviner To the Stars ! To the Night ! cette jolie ritournelle avec seulement un banjo pour l’accompagner et quelques chœurs.
De par son instrumentation traditionnelle (cithare, banjo, et diverses percussions …) et de par son utilisation des technologies modernes (ordinateur, programmation …), le groupe réussit à rendre sa musique hors du temps, s’affranchissant de toutes les frontières et pouvant laisser libre cours à toute l’imagination de son créateur. Il réussit cette alchimie notamment sur We are Gods ! We are Wolves !, sans aucun doute un des morceaux les plus enthousiasmants avec ces clappements de main. Celui-ci n’est pas sans rappeler la folktronica de The Postal Service, l’association talentueuse entre Death Cab for Cutie et Dntel dont entre parenthèses, on attend toujours une suite à Give Up depuis 2003. Par la suite, Le Loup emprunte un chemin plus nostalgique avec la ballade Breathing Raptures qui laisse la place à un autre bien plus sombre et escarpé Look to the West dont la montée progressive avec claviers et guitare électrique semble libératrice.
La richesse mélodique du groupe trouve sûrement son apogée sur Le Loup (Fear Not) entêtante avec ses multiples percussions cristallines et ses entrelacements simples et complexes à la fois. Et même si Canto XXXIV n’est qu’une simple réponse au premier chant, il ouvre la voie à l’inquiétant I Had a Dream I Died, morceau final qui se termine sur une lueur d’espoir avec ces chants d’oiseaux indiquant la fin de cette quête et de cette aventure. On ne sait pas si celle-ci aura permis au leader de Le Loup de se rassurer et trouver sa voie dans un monde difficile à comprendre, on a toutefois une petite idée dessus. Mais en tout cas, ce voyage passionnant et trop court donne envie de repartir immédiatement.
En 2007, Le Loup sortait de l’ombre pour se laisser apprivoiser avec un premier album loin d’être si docile que cela. On le sait, The Throne Of The Third Heaven Of The Nations’ Millennium General Assembly était l’œuvre personnelle et ambitieuse de son unique auteur Sam Simkoff. Mais c’était bien sur scène avec une troupe de musiciens au grand complet (...)
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