Compilation - B.O. La France Chansons
« Les chansons de La France sont une tentative de synthèse de la pop-sike anglaise (nerveuse, acide, rapide, comptine victorienne pervertie par l’arrogance) et de la sunshine pop californienne (solaire, éthérée, lente, horizontale, angélisme vocal alangui par la drogue), mais une synthèse enfouie, car les instruments et les conditions d’enregistrement n’ont rien à voir avec le matériel électrique en jeu (dans les deux genres cités) : ni basse, ni guitare, ni batterie, ni orgue... » (Serge Bozon, réalisateur de la France).
1. L’Allemagne (Fugu)
2. Glasshouse Green, Splinter Red (The Kinsmen)
3. L’Angleterre
4. Little Girl Lost & Found (Peter & The Wolves)
5. L’Italie
6. Red Chalk Hill (John Pantry)
7. L’Allemagne
8. Smokey Wood (John Pantry)
9. La Pologne
10. Upside Down (John Pantry)
11. L’Angleterre (Demo, Fugu & Esdraffo)
12. Gospel Lane (Robbie Curtice & Tom Payne)
13. L’Italie (Sylvie Testud)
Sorti, malheureusement de façon confidentiel, sur les écrans en fin d’année dernier, La France raconte le périple durant l’automne 1917 de Camille (jouée par Sylvie Testud) partie rejoindre son mari au front et qui va s’immiscer dans le quotidien d’une troupe de soldats découvrant ainsi un monde dont elle ignore tout. La volonté de choisir la musique pop des années 60 pour illustrer un film de guerre peut paraître incongrue, tant ces deux univers semblent à priori distants et incompatibles. A y regarder de plus près, ces deux entités fonctionnent pourtant grâce au même vecteur, la nostalgie et à travers un même prisme, celui du passé. Sous cet angle, la superposition de deux époques (les années 60 et la première guerre mondiale) s’avère judicieuse et pertinente. Qui plus est, le film et sa BO mette en valeur un autre point commun, celui de la cohésion, de la fusion de plusieurs personnalités pour créer un ensemble solidaire : la troupe de soldats pour le film et le groupe pour la musique pop.
La bande originale La France Chansons est donc une compilation disparate et pourtant homogène visant à retranscrire la quintessence de la musique pop dans les années 60, que ce soit aux Etats Unis ou en Angleterre. On y trouve ainsi des chansons enregistrées live dans la nature sur des instruments de 1917 aux noms exotiques (guitare charbonnière, cornichophone, bandonéon...) et composées par Mehdi Zannad (alias Fugu) et Benjamin Esdraffo (pianiste entre autres de Barbara Carlotti). Le son est certes parfois approximatif mais ce parti pris audacieux, allié à la force des compositions, arrive à retranscrire de façon presque miraculeuse l’innocence de la pop sixties, comme sur le sublime La Pologne. D’autres morceaux ont été enregistrés en studio comme l’Italie chanté par Sylvie Testud et surtout l’Allemagne interprété par Fugu, probablement une des plus belles chansons françaises entendues en 2007 en forme d’hommage à une certaine pop californienne oubliée, à la fois fragile et éthérée.
Oui mais alors quid de la pop-sike anglaise, l’autre pôle censé être représenté sur cette compilation ? Et bien elle est symbolisée par John Pantry, producteur/compositeur obscur et oublié dont Serge Bozon est allé dénicher quelques pépites enfouies au fin fond d’un coffre au trésor sixties. On y retrouve ainsi divers morceaux enregistrés en solo ou caché derrière le nom d’un groupe (The Kinsmen, Peter & the Wolves), le but à l’époque étant de sortir des singles sous couvert de plusieurs identités différentes jusqu’à obtenir un succès improbable. Celui-ci ne viendra bien sûr jamais et Serge Bozon nous apprend dans le livret du disque, que John Pantry est devenu aujourd’hui pasteur dans l’Essex. Reste que ses chansons brillent encore aujourd’hui d’une splendeur infinie, parvenant à capturer l’essence d’une musique perdue, à la pureté divine. Red Chalk Hill ou Smokey Wood donnent ainsi l’impression d’entendre les démos d’un John Lennon encore inconnu, chansons à la virginité pâle sur lequel le temps n’a eu aucune emprise.
Plus qu’une simple BO et au delà du simple exercice de style, la France Chansons a valeur de témoignage, tout simplement essentiel.
Liens :
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Site internet du film
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