Múm, interview à ciel ouvert
Quatrième album studio du groupe islandais officiellement resserré autour de Gunnar Örn Tynes et Örvar Þóreyjarson Smárason depuis le départ de Kristín Anna Valtýsdóttir l’an dernier, Go Go Smear The Poison Ivy est contre toute attente un album ouvert aux quatre vents, à l’image d’un duo qui s’est entouré pour l’occasion de ses amis musiciens les plus créatifs et délurés. Petit tour d’horizon en compagnie d’Örvar.
IRM : Go Go Smear The Poison Ivy mêle électronica, pop psychédélique, bandes originales 60’s et musique folklorique, avec une part plus importante d’instrumentation traditionnelle par rapport à vos précédents albums. D’où vous est venue cette richesse d’inspiration ?
Örvar : C’est un album lourdement diversifié mais je ne pourrais pas pointer telles influences musicales sans en faire une liste interminable ! Je peux vous dire que nous étions tellement enfermés dans cet album que quand nous l’avons fait écouter à des gens pour la première fois, certains y voyaient des influences psychédéliques, et ça nous a vraiment surpris à tel point que nous nous sommes demandés de quoi ils voulaient parler. Avec le recul, j’arrive à comprendre ce qu’ils voulaient dire.
Il me semble que ce nouvel opus est beaucoup plus hétérogène que vos précédentes réalisations. Cela vient-il du temps qu’a nécessité son enregistrement ?
Örvar : Oui, c’est une soupe pleine de différentes choses, des légumes, des vieilles chaussures et des poissons hideux. La raison en est certainement le temps qu’il a fallu pour l’enregistrer. Nous avions beaucoup de choses à laisser sortir, je pense.
Go Go Smear The Poison Ivy donne également l’impression d’un album bricolé à partir d’éléments très disparates, comme si vous aviez procédé par collage. Avez-vous évolué dans votre façon de travailler depuis Summer Make Good ?
Örvar : D’une certaine façon c’est une manière différente de travailler, mais je ne suis pas sûr que nous ayons travaillé en suivant une ligne de conduite, donc notre prochain album risque d’être un changement radical. Mais qui sait ? un collage est réellement une façon de regarder cet album, ça lui donne vraiment son sens. Certains sons proviennent de vieux films 16mm pris au hasard, des documentaires d’Europe de l’Est, des dessins animés, des home-movies américains, donc plusieurs éléments de cet album sont des collages.
Le départ de Kristín Anna Valtýsdóttir a-t-il changé quelque chose dans votre façon de composer ? Jouait-elle un rôle important sur ce plan ?
Örvar : Ça s’est rapproché de la façon dont nous travaillions au début, et ça a simplifié les choses. La plupart du temps, Gunni et moi n’avons pas besoin de discuter trop, nous bossons comme une main gauche et une main droite. Eirikur et Samuli ont aussi écrit des chansons avec nous, ce qui a ouvert un nouveau procédé d’approche de travail.
En parlant de Kristín Anna, avez-vous écouté Pullhair Rubeye, l’album qu’elle a enregistré sous le pseudonyme de Kria Brekkan avec son compagnon Avey Tare (Animal Collective) ? Qu’en avez-vous pensé ?
Örvar : Je ne l’ai pas entendu. Il était à l’envers, je ne pouvais pas le retourner, alors je l’ai raté... [l’album a été volontairement sorti mixé à l’envers, ndlr]
Suite à ce départ, au lieu de vous resserrer en duo, vous avez fait appel à quelques amis musiciens. Pourriez-vous nous en dire plus à leur propos ? Par exemple, qui assure le chant sur cet album (je pense notamment à la voix féminine sur le magnifique Guilty Rocks) ?
Örvar : Sila chante sur Guilty Rocks et le plus gros des vocaux est tenu par moi, elle et Hildur. C’était génial de beaucoup chanter sur cet album, et en ce qui concerne le groupe, c’est le même processus qui existe depuis un moment. Samuli et Erikur jouent avec nous depuis 6 ou 7 ans, et Ólöf et Hildur, à peu près pareil, car ce sont de vieux amis. Sila est peut-être la seule nouvelle venue sur cet album.
Vous nous aviez habitués à des noms d’albums et de morceaux très évocateurs, mais certains parmi ceux de Go Go Smear The Poison Ivy sont particulièrement étranges... Ont-ils tous une signification personnelle ?
Örvar : La plupart oui. Certains ont plus de sens que d’autres, ce qui n’en fait pas des morceaux plus vrais. Mais bon je pense que la plupart des titres ne veulent rien dire pour les gens de toutes façons.
They Made Frogs Smoke ’Til They Exploded, avec ses passages presque ambient, est un choix de single plutôt inhabituel, non ? Pourquoi ce morceau et pas Dancing Behind My Eyelids, Guilty Rocks ou Blessed Brambles par exemple ?
Örvar : Nous ne l’avons pas senti ainsi. Pour moi, c’est un choix logique. C’est une chanson simple, entraînante, avec un rythme fort et les gens semblent l’apprécier. Je pense que l’opinion des gens varie sur des choses comme ça et ce n’est pas une science exacte. Exception faite sur les chansons que vous citez car elles sont ambient et inhabituelles.
Votre univers musical est tellement à part qu’on a du mal à vous imaginer écouter les albums de vos contemporains. Le faites-vous néanmoins ? Quels sont les albums qui vous ont plus particulièrement marqués en cette première partie d’année 2007 ?
Örvar : Hmmmm.... je ne peux pas me souvenir qu’il y ait beaucoup d’albums qui soient sortis cette année. Le nouveau Antibalas est fantastique. En ce qui concerne les nouvelles musiques, j’écoute principalement ce que font mes amis et qui est très très bon. J’écoute de la vieille musique, ma découverte favorite de cet été fut Slim Gaillard [un jazzman afro-américain des années 40, ndlr], il est un peu déjanté et aventureux.
Pour ma part j’ai été marqué comme rarement par la vidéo de The Ghosts You Draw On My Back. Qui a eu l’idée de ce montage, l’auteur du clip (Hans J. Tandsether) ou vous-mêmes ? Connaissiez-vous l’univers de Jodorowsky, et en particulier ce film, El Topo, avant la réalisation de cette vidéo ? Le lyrisme mystique, les grands espaces allégoriques et l’abstraction baroque de ses oeuvres vous ont-ils influencés, notamment pour Summer Make Good ?
Örvar : Nous connaissions Jodorowsky et étions de grands fans d’ El Topo avant, mais nous n’avons pas fait cette vidéo. Nous sommes juste tombés dessus sur le net, et je ne suis pas sûr de qui l’a faite mais nous l’avons beaucoup aimée. Ça marche et ça se connecte d’une certaine façon. Je pense que Jodorowsky peut être une sorte d’inspiration distante ou alors peut-être que nous rêvons les mêmes rêves.
Puisqu’on en est aux influences, en revendiquez-vous pour ce qui est de la composition et des textures sonores ? Aphex Twin ou Boards Of Canada peut-être ?
Örvar : Oui, tous ces groupes ont eu une grosse influence quand nous avons commencé à la fin des 90’s et du fait que nous avons grandi avec, je pense que leurs effets peuvent encore s’entendre. Mais tellement de musique est passée dans nos oreilles que c’est difficile de poser telle influence à tel endroit. Quand nous avons enregistré Summer Make Good , nous avons seulement écouté des 33 tours des années 50 et 70, mais je ne sais pas comment tout s’est emmêlé.
On parlait de Summer Make Good... Ce nouvel album demeure par moments profondément mélancolique (Moon Pulls, I Was Her Horse ou le What We Never Were After All final), mais alors que le précédent était poignant mais particulièrement dépressif, Go Go Smear The Poison Ivy est bien plus lumineux, et même par moments joyeux. Múm est-il un groupe plus heureux aujourd’hui qu’il y a trois ans ?
Örvar : Oui, je suis sûr de ça. C’était également un album plus facile à faire, d’une certaine manière le soleil à beaucoup joué en nous faisant beaucoup sourire.
Récemment, votre propre influence m’a particulièrement interpellé à l’écoute des EP d’un talentueux duo londonien, A Pyxie Worm. En avez-vous entendu parler ?
Örvar : Non, mais je garderai les oreilles ouvertes pour eux.
Au fait, que signifie votre nom, Múm, en islandais ?
Örvar : Ça ne veut rien dire. En revenant en arrière nous aurions pu être un peu plus malins et choisir un meilleur nom, peut-être un avec une signification intrigante et plaisante en anglais, mais à l’époque on ne pensait pas à ça. Mais bon, on n’y pense pas plus maintenant, alors peut-être que c’est bien comme ça !
Propos recueillis le 30 août dernier. Merci à Örvar Þóreyjarson Smárason pour sa disponibilité.
Pour découvrir le groupe, rendez-vous sur sa page myspace ou sur l’excellent site de fan múm:web.
Interviews - 30.09.2007 par
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Encore un classique islandais sur la date de sortie duquel personne ne semble s’accorder : 1999 pour les initiés indigènes, l’année suivante à une plus grande échelle, puis en 2001 internationalement... soit un an à peine avant que l’irruption du fabuleux Finally We Are No One, entre le chant rêveur et capiteux des sœurs Valtýsdóttir, la magie des (...)
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