múm - Yesterday Was Dramatic – Today Is OK (20th Anniversary Edition)
Encore un classique islandais sur la date de sortie duquel personne ne semble s’accorder : 1999 pour les initiés indigènes, l’année suivante à une plus grande échelle, puis en 2001 internationalement... soit un an à peine avant que l’irruption du fabuleux Finally We Are No One, entre le chant rêveur et capiteux des sœurs Valtýsdóttir, la magie des arrangements, et des progressions confinant au post-rock versant électronique, ne vienne éclipser les instrumentaux bucoliques rescapés d’une candeur en voie de disparition de ce premier long-format pourtant demeuré culte.
1. I’m 9 Today (2019 Remaster)
2. Smell Memory (2019 Remaster)
3. There Is A Number Of Small Things (2019 Remaster)
4. Random Summer (2019 Remaster)
5. Asleep On A Train (2019 Remaster)
6. Awake On A Train (2019 Remaster)
7. The Ballað Of The Broken Birdie Records (2019 Remaster)
8. The Ballað Of The Broken String (2019 Remaster)
9. Sunday Night Just Keeps On Rolling (2019 Remaster)
10. Slow Bicycle (2019 Remaster)
11. The Ballað Of The Broken Birdie Records (Ruxpin Remix II)
12. Smell Memory (Bix Remix)
13. There Is A Number Of Small Things & The Ballað Of The Broken Birdie Records (µ-Ziq Straight Mix)
14. The Ballað Of The Broken Birdie Records (Biogen Mix)
15. Smell Memory (Kronos Quartet version)
16. Random Summer (Hauschka version)
17. The Ballað Of The Broken String (Sóley version)
Autant dire que cette édition anniversaire remastérisée par le label Morr Music, qui avait déjà ressorti l’album une première fois en 2005 pour le marché allemand avant de signer le groupe suite à son départ de FatCat à partir du très pop Sing Along To Songs You Don’t Know, est loin d’être superflue, et pas seulement pour ses 7 bonus, dont 4 relectures déjà connues des fans depuis múm – Remixed. Particulièrement séminal pour le label berlinois dont les signataires influencés par les débuts du combo islandais sont légions, Yesterday Was Dramatic – Today Is OK cultivait en effet à l’époque, au côté de Dntel ou Four Tet notamment et avant même que ce vocabulaire ne soit utilisé pour la première fois, les ferments de ce que l’on appellerait dans les années 2000 poptronica (ou folktronica, en cas de présence plus proéminente d’instruments boisés). Le disque, qui s’ouvre sur un titre aux allures de célébration de cette part d’enfance en nous qui ne s’éteint jamais (I’m 9 Today), accommode ainsi beats abstraits à la frontière de l’IDM et acoustique mélancolique faisant la part belle au bandonéon, au glockenspiel voire même sur le majestueux Awake On A Train aux cuivres et aux cordes - dont le violoncelle d’Hildur Guðnadóttir, aujourd’hui membre à part entière et principale vocaliste du groupe.
Pour nombre d’admirateurs ayant découvert sur le tard l’univers d’Örvar Smárason (interviewé à la sortie de Go Go Smear The Poison Ivy, le dernier grand disque de la formation jusqu’ici) et Gunnar Örn Tynes, Yesterday Was Dramatic - Today Is OK c’est surtout le fameux The Ballad Of The Broken Birdie Records. Certes le morceau, maintes fois remixé (les versions de Ruxpin, µ-Ziq et Biogen, respectivement glitchy, évanescente et presque hédoniste, en témoignent ici), est un bijou d’électro vocale onirique aux beats rafistolés, faits de bric et de broc, mais même sans les voix dessalées des deux femmes-enfants de la bande, le lyrisme click’n’cut de Smell Memory, la mélancolie lancinante du merveilleux The Ballað Of The Broken String préfigurant les atmosphères douloureusement vibrantes du mésestimé Summer Make Good, le souffle déstructuré de Sunday Night Just Keeps On Rolling ou les itérations enivrantes d’un Slow Bicycle rendant l’IDM plus humaine que jamais sont autant de chefs-d’œuvre dont l’électronica des 00s naissantes n’aura eu de cesse de s’inspirer, de Telefon Tel Aviv à Zoon Van Snook en passant par les géniaux The Books.
Quant aux trois réinterprétations inédites qui viennent clore l’album et justifient pleinement d’opter, au moment de découvrir tardivement ce sommet qui n’a pas pris une ride, pour la réédition qui nous occupe ici (et qu’il ne faudra pas manquer d’associer, pour mieux apprécier la trajectoire discographique des Islandais, à la compil de raretés Early Birds documentant leurs débuts), elles en accentuent la dimension émotionnelle alors encore en gestation chez le duo et constituent autant de réussites, à commencer par les plus de 9 minutes d’un Kronos Quartet que l’on n’avait plus connu aussi inspiré depuis un moment, sur un Smell Memory réinventé dont les cordes confrontent d’abord lyrisme et dissonance avant de dérouler leur spleen entêtant sur un parterre de beats véloces et organiques, soutenues par un piano virevoltant.
Un piano qui forcément devient central sur le Random Summer revu et corrigé par Hauschka, reformulant brillamment à coups d’arpèges en écho et de textures pulsées les cascades minimalistes de l’original, tandis que Sóley, que l’on attendait pas nécessairement dans un tel registre sans chant ni harmonies vocales d’aucune sorte, s’associe aux musiciens de múm eux-mêmes sur une version de The Ballað Of The Broken String qui renoue sans crier gare avec le spleen hanté, crève-cœur comme par permis, du Summer Make Good sus-nommé auquel le groupe dans sa configuration actuelle fait largement honneur sur scène - les Parisiens pourront d’ailleurs en profiter le 18 septembre prochain à l’occasion de leur passage par la Maroquinerie !
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