Happy Mondays - Uncle Dysfunktional
A l’annonce de la reformation des Happy Mondays, symboles du "baggy sound" à la fin des 80’s et au début des 90’s, nombreux étaient ceux qui ne donnaient pas cher de la nouvelle peau du groupe de Manchester (qui, il faut bien le dire, n’est plus "Madchester" depuis longtemps) et de son leader au physique de camionneur, Shaun Ryder.
1. Jellybean
2. Angels And Whores
3. Deviantz
4. Rats With Wings
5. Cuntry Disco
6. In The Blood
7. Anti Warhole (On The Dancefloor)
8. Rush Rush
9. Dysfunktional Uncle
10. Dr Dick
11. Somebody Else’s Weather
C’était pourtant oublier un peu vite qu’après la célébrité des années Factory, le bonhomme, associé au claviériste/producteur Danny Saber, avait profité de la relative confidentialité de sa seconde formation, Black Grape, pour livrer en 1995 un véritable coup de maître avec les fusions pop/groove/hip-hop de It’s Great When You’re Straight... Yeah ! , qui mettait notamment dans le même shaker Serge Gainsbourg et les Beastie Boys, sans d’ailleurs démériter deux ans plus tard avec l’excellent Stupid Stupid Stupid et son single-buldozzer Money Back Guaranteed.
Si l’on ajoute à ça l’atmosphérique Amateur Night In The Big Top , excellent essai "solo" mis en musique par Pete Caroll en 2003, et une participation jouissive au formidable Demon Days de Gorillaz deux ans plus tard (la faute au fan Damon Albarn ?), on ne peut plus guère parler de retour anachronique de la part de Shaun Ryder.
Alors quelle importance qu’il chante ou non avec un prompteur sur scène* (bon d’accord, faut quand-même avouer, c’est pas vraiment la classe... mais a-t-on seulement pu un jour parler de classe à propos des Happy Mondays ?), force est de constater que l’anglais ne s’est jamais véritablement reposé sur les lauriers de la gloire passée de son groupe d’origine, et que ça n’est certainement pas avec ce nouveau manifeste libertaire en forme d’hymne ironique à la dégénérescence de notre société qu’il va commencer à lorgner sur son porte-monnaie, quoi que puissent laisser sous-entendre les propos d’un groupe dont la promptitude à l’autodérision reflète l’humilité plus qu’autre chose.
Non, Shaun Ryder et ses trublions Bez et Gary Whelan attendaient simplement un retour d’inspiration, celle-là même, plus sombre et psychotique mais toujours aussi barrée qui fait de ce Uncle Dysfunktional , à défaut d’un chef-d’oeuvre qui marquera l’année, du moins une suite tout à fait digne à Pills’N’Thrills And Bellyaches , 17 ans plus tard (on passera sur Yes Please ! , anciennement dernier album en date du groupe, sorti en 1992).
Il n’y qu’à jeter un oeil à la pochette, gros-plan sur un Chucky rigolard bourré ou sous acide (les deux à la fois ?), puis une oreille au groove fiévreux et fantômatique du Jellybean d’ouverture qui suffit à laisser les imitateurs Kasabian sur le carreau (Shaun Ryder conclue d’ailleurs sur une phrase laconique mais sans équivoque : "I’ve made some mistakes, man" ; les jeunots ont encore beaucoup à vivre et autant à apprendre) pour céder à nouveau aux vieilles sirènes du baggy... avec raison. Du hit à l’ancienne Angels And Whores, avec son mélange de rock puissant, d’électro groovy et de banjo, à Anti Warhole (On The Dancefloor), qui emprunte aux programmations électro et même aux délires indiens de M.I.A. pour au final dépasser sans mal la plupart des morceaux de son récent Kala , la trajectoire d’ Uncle Dysfunktional se révèle idéale : les cuivres et beats old school de Deviantz, parodie de r’n’b à la Neptunes sur laquelle l’anglais, au côté du rappeur californien Mickey Avalon, chante avec la lascivité d’un vieillard cacochyme, le trip-hop bluesy et psychotique de Rats With Wings, sommet boîteux de l’album, la disco-pop hawaïenne (!) de Cuntry Disco, le mélodica sur choeurs irréels et les accents folky d’In The Blood... que du bonheur, quoi.
Alors certes la fin d’album est plus conventionnelle, mais elle se laisse écouter sans déplaisir, notamment grâce à la funky-pop rétro passée au bottleneck de la (presque) chanson-titre Dysfunktional Uncle, aux riffs et aux effets sonores rigolos de Dr Dick (sic) ou au dub noisy pour Tom Waits du pauvre qui clôt l’album en bonus track. Et là, on pourra dire ce qu’on voudra, bien que le talent ne soit pas toujours au rendez-vous, Shaun Ryder et sa bande ont encore beaucoup d’humour à perdre pour parvenir à nous ennuyer.
* Source : Maxime Chamoux... du coup je serais vous, j’irais quand-même vérifier, on sait jamais bien quand ça ondule du sombrero avec notre talentueux chanteur de Mexico.
Pour découvrir Uncle Dysfunktional , quatre extraits de l’album, Cuntry Disco, In The Blood, Dysfunktional Uncle et Somebody Else’s Weather, sont en écoute sur myspace.
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