IRM Expr6ss #3 - Akhlys, Thou, Locrian, Full of Hell, Ufomammut, Sumac
Un sélection 100% metal cette fois, scène musicale décidément miraculée pour la curiosité que parviennent plus que jamais à générer auprès d’un relativement large public ses représentants même les plus expérimentaux, atmosphériques et/ou radicaux, autant de qualités généralement appréciées des amateurs. L’occasion de varier les plaisirs mais aussi les labels avec 6 écuries emblématiques différentes, comptant parmi les plus passionnantes du genre à l’heure actuelle - au même titre que Relapse, Southern Lord, Season of Mist, Pelagic, Riot Season, The Flenser, Nuclear Blast ou encore Wolves and Vibrancy Records - sans pour autant s’y limiter pour certaines, et même loin de là (cf. Thrill Jockey ou Sacred Bones).
Akhlys - House of the Black Geminus (Debemur Morti, 5/07)
Depuis qu’Ævangelist a splitté, donnant naissance à un ersatz sans saveur, ou que Terra Tenebrosa se fait discret, Akhlys fait partie tout comme Knoll, Rorcal ou encore Oranssi Pazuzu de ces rares groupes dont le degré de sauvagerie, de magnétisme vicié et d’écrasante densité de production ont été capables de soutenir la comparaison sans ciller. Digne successeur de Melinoë, House of the Black Geminus les voit une fois de plus à leur meilleur avec des morceaux toujours aussi ambitieux, malaisants et suintants de radiations obscures, les Américains se permettant même entre deux embardées épiques et brutales de flirter avec un dark ambient tempétueux (Black Geminus) pour mieux mettre en exergue l’implacable vélocité de leur black metal des enfers.
Thou - Umbilical (Sacred Bones, 31/05)
Toujours aussi irréductible, le sextette de Baton Rouge emmené par les guitaristes Andy Gibbs et Matthew Thudium sonne particulièrement opaque, glauque et malsain sur ce nouvel opus ouvertement lo-fi bourré de larsens et de saturations, tirant cette fois encore le meilleur d’influences allant du sludge (Narcissist’s Prayer) au punk hardcore (Unbidden Guest) en passant par le doom (Siege Perilous) voire le grunge (The Promise), genre ouvertement abordé par le passé, tandis que le grunt vindicatif et enragé du vocaliste Bryan Funck fait le reste.
Locrian - End Terrain (Profound Lore, 5/04)
Avec le trio de Chicago, on quitte un moment l’ultraviolence au profit d’un post-metal aux synthés irradiés et au chant clair, riche en chemins de traverse - du quasi prog tribal d’Utopias au screamo aérien d’After Extinction, du rock futuriste et feutré de Black Prisims Of Our Dead Age au dark ambient d’Umwelt ou Innenwelt, privilégiant tour à tour les guitares ou l’électronique. Un retour à l’esprit de leurs albums des années 2010, après la parenthèse doom/ambient/folk de New Catastrophism en 2022.
Full of Hell - Coagulated Bliss (Closed Casket Activities, 26/04)
On revient non pas à l’ultra- mais à la powerviolence avec ce nouvel opus du groupe de Dylan Walker (Sightless Pit), cachant derrière une pochette semi-numérique assez informe son goût pour un hardcore qui tire ici moins systématiquement sur le grind qu’à l’accoutumée (avec de beaux restes tout de même en la matière, de Half Life of Changelings à Gasping Dust) jusqu’à en lorgner sur des choses plus industrielles et downtempo à l’image de Fractured Bonds to Mecca ou sur un doom/sludge d’une lenteur consommée (Bleeding Horizon), bien que toujours adepte, pour l’essentiel, des morceaux de moins de 2 minutes aux riffs azimutés.
Ufomammut - Hidden (Neurot Recordings, 17/05)
Si ce 12e long-format des Italiens, toujours bien campé sur son assise stoner/doom/sludge aux accents narcotiques, ne m’a pas fait énormément d’effet à la première écoute (lassitude peut-être ?), force est d’avouer que c’est un grower et que le savoir-faire du trio au quart de siècle d’existence lui permet encore d’assurer de bien beaux crescendos de tension sans chichi, la palme donc aux morceaux les plus longs et en particulier au Crookhead introductif (mais aussi à la conclusion Soulost, beaucoup plus resserrée mais vibrante de psychédélisme synthétique).
Sumac - The Healer (Thrill Jockey, 21/06)
Un peu moins d’enthousiasme, surtout après l’impressionnant Into this juvenile apocalypse our golden blood to pour let us never avec Keiji Haino au micro, pour ce nouveau mastodonte du trio d’Aaron Turner, patron de feu Hydra Head pour en remettre une couche sur mes labels préférés du genre. Manque de sève, minimaliste quelque peu indigeste, tendance à la démonstration... j’ai eu beaucoup de mal à vrai dire à passer le cap des 25 minutes de World of Light. La suite, toutefois, s’avère plus réussie, du riffesque Yellow Dawn au métamorphe The Stone’s Turn de 25 minutes également mais plus intenses celles-là, en passant surtout par le fiévreux et déglingué New Rites, sans nul doute le sommet de ce disque pas évident à dompter.
Akhlys sur IRM
Thou sur IRM - Bandcamp
Locrian sur IRM - Bandcamp
Full Of Hell sur IRM
Ufomammut sur IRM - Site Officiel - Myspace
Sumac sur IRM
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