Dakota Suite & Quentin Sirjacq - Forever Breathes the Lonely Word

1. Edge of Mourning - Opening
2. An Immeasurable Sorrow
3. A Call From Beyond
4. The Only Truth I Know (for Johanna)
5. This Accident of Being Lost
6. When He Was Here
7. Committing Ourselves to Uncertainty
8. Our Wounded Landscape
9. These Unimaginable Things That You Bear
10. Words Left Unspoken
11. Meanwhile
12. In The Darkness We Still Wait For You
13. When Absence Became All We Knew
14. In The Silence of You Leaving
15. Fending Off Collapse
16. Edge of Mourning - Closing

2024 - Autoproduction

Sortie le : 4 août 2024

Deuil, introspection et poésie

4 ans après The Indestructibility Of The Already Felled, le Britannique Dakota Suite aka Chris Hooson, seul aux manettes du projet depuis maintenant quelques années, collabore une 5e fois avec le pianiste et multi-instrumentiste parisien Quentin Sirjacq, et se met plus que jamais à nu pour rendre un poignant hommage à un ami défunt, Nick Hawley. Les liner notes sur Bandcamp vous éclaireront sur la relation privilégiée qu’entretenait avec ce dernier le musicien de Leeds, qui a mis dans les 16 morceaux de ce généreux Forever Breathes the Lonely Word tout son chagrin sans tomber pour autant dans la mièvrerie mélodramatique d’un Nick Cave dernière période, ce qui n’est évidemment pas le genre de la maison.

Élégiaque sans l’être, ce nouvel opus aborde en effet la perte avec davantage d’introspection que de lyrisme, alternant instrus classical ambient aux cordes poignantes (Edge of Mourning, Words Left Unspoken, In The Silence of You Leaving) et comptines cristallines pour guitare et piano dont la mélancolie réconforte autant qu’elle attriste (The Only Truth I Know), ballades piano/voix dépouillées (When He Was Here, aux choeurs féminins désarmants façon Damien Rice de la belle époque, ou Meanwhile), néoclassique baroque aux cordes pincées (In The Darkness We Still Wait For You) et rêveries acoustiques éthérées doublées de synthés chaleureux (These Unimaginable Things That You Bear, When Absence Became All We Knew), pour mieux distiller d’emblée un parfait équilibre entre spleen désespéré, affres crépusculaires et lueurs d’espoir, à l’image des escaliers en colimaçon de la pochette s’extirpant de l’obscurité pour cheminer vers la lumière.

Il y aurait encore beaucoup à dire sur ce disque une nouvelle fois magnifique, qui sans pour autant effleurer le génie de l’impressionnant What Matters Most (les présences de Dag Rosenqvist et Emanuele Errante aidant) fait montre d’une émotion sincère et persistante tout en brassant avec envergure une belle variété de sonorités, tantôt folk, pop, modern classical ou ambient. Citons simplement le bien-nommé An Immeasurable Sorrow et sa mélodie de piano qui vous étreint le palpitant en toute simplicité, A Call From Beyond et ses nappes inquiétantes aux orchestrations perçantes, les 7 minutes délicates et poétiques de Committing Ourselves to Uncertainty avec ses reverbs entêtantes, le subtilement déglingué Our Wounded Landscape évoquant le déséquilibre causé par l’absence, ou encore le magnifiquement texturé Fending Off Collapse, peut-être bien même le climax d’un album dont les auteurs, et Chris Hooson en particulier bien sûr, ont décidément mis autant de talent que de coeur à l’ouvrage.


( RabbitInYourHeadlights )


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