Une toute nouvelle rubrique que l’on essaiera de faire vivre à une fréquence hebdomadaire sur IRM et dont l’objectif est simple : mettre en avant quelques disques dignes d’intérêt de l’année en cours sans pour autant les chroniquer en bonne et due forme, mais sans non plus les cantonner à une simple présence dans notre agenda des sorties. Quelques lignes en somme, pour vous donner envie d’écouter et peut-être faire découvrir une ou deux pépites passées entre les mailles du filet. Après les défuntes rubriques Tape M’En 5 et 7 IRM Breaking News, on est donc parti sur le chiffre 6 et on démarre avec une série spéciale EPs, format trop souvent ignoré que nous prenons plus que jamais plaisir à défendre dans ces pages.

 Cassie Kinoshi’s seed. - gratitude (International Anthem, 22/03)

Nominée au Mercury Prize il y a quelques années, la saxophoniste et arrangeuse Cassie Kinoshi est partie d’une commission du London’s Southbank Centre pour donner naissance à ce nouvel EP de jazz moderne aussi luxuriant qu’aventureux. Accompagnée par un ensemble à géométrie variable d’une vingtaine de musiciens (dont une turntabliste), la Britannique lorgne autant ici sur la musique contemporaine (sun through my window) que sur le classical ambient (interlude ii) ou même plus discrètement la musique électronique, avec une ferveur et un lyrisme proprement désarmants.

 Jérôme Chassagnard - Timeless Travelers (Hymen, 8/01)

On l’écoute depuis le tout début de l’année avec une fascination jamais démentie, c’est dire si cette nouvelle réalisation de l’ex Ab Ovo met encore la barre très haut en termes d’électronique au feeling orchestral, entre IDM cristalline (I), ambient d’éternité au piano épuré (II) et autres fantasmagories à synthés, organiques et angoissées (IV). Magnifique.

 Sagana Squale - Interruption ! (Mutefakemusic, 28/03)

Le successeur du Scornien Piranha, alternant morceaux courts propices à l’expérimentation (Interruption 03) ou plus longs et immersifs (Scheol et ses géniales textures post-shoegaze à la Dälek), est peut-être moins massif mais riche en contrastes saisissants, les beats pesants y croisant des rêveries futuristes (No future) et les ambiances fuligineuses des samples étrangement décontextualisés (respire). Prenant !

 MENES the Pharaoh & Kabuki Blind Ninja/542 - Pharaobi Ghouzi : RopeBridge (Three Demon Tapes, 21/05)

Encore un petit bijou d’indie hip-hop influencé par le Japon pour le Canadien MENES the Pharaoh, mais moins jazzy ou soulful cette fois sous la patte lo-fi et profondément mélancolique du producteur Kabuki Blind Ninja (aka 542), dans une veine tristounette aux beats presque liquéfiés et autre sampling baroque qui n’est pas sans évoquer son compère l’excellent 7rinth, avec lequel le rappeur originaire de l’Ontario a croisé le fer à plus d’une occasion.

 Metronomy - Posse EP Volume 2 (Ninja Tune, 12/07)

Comme avait pu en témoigner quelques années plus tard l’excellent Summer 08, le carton mondial de The English Riviera avait quelque peu éclipsé le fait que sous leur élégance de dandys synth-pop, les Britanniques de Metronomy cachaient un goût certain pour des télescopages nettement plus décadents. On en a peut-être la plus belle preuve ici, avec des morceaux phagocytant tour à tour le hip-hop old school (Nice Town avec l’excellent Pan Amsterdam), la French Pop et l’electronica d’un Squarepusher (le tube instantané Contact High) ou encore l’electro-pop rétro-futuriste et alambiquée des Ruby Suns de la belle époque (Typical). C’est sorti chez Ninja Tune - label en plein retour en forme soit dit en passant - et on ne s’en étonne même pas.

 Sachi Kobayashi - Lamentations (Phantom Limb, 28/06)

Enfin, on découvre ces jours-ci la Japonaise Sachi Kobayashi avec cet EP ambient des plus stimulants, dont les grands écarts subtils entre synthés déstructurés (Crack, Aftermath), harmonies célestes à la Brian Eno (Lament, Peace) et atmosphères hantées par les souvenirs (Memory) ou par un mal-être plus indicible (Pictures) finissent par esquisser les contours d’un univers d’une richesse et d’une étrangeté que ses précédentes sorties plus mélodiques et cotonneuses ne laissaient qu’entrevoir. À suivre de près !