Écueil du "difficile deuxième album" (il a bon dos celui-là) ou trajectoire logique pour un projet mort-né dont le premier opus, hormis quelques fulgurances et en particulier ce Foolius Caesar trip-hop au crescendo saturé, n’avait pas passé le cap de l’année 2022 à force de trop vouloir sonner comme les aînés Mazzy Star avec 30 ans de retard ? Toujours est-il que l’on ne donne pas cher de la hype autour de King Hannah après ce Big Swimmer aussitôt écouté aussitôt oublié.

Pas foncièrement désagréable pour autant, surtout si l’on a besoin d’une petite sieste, ce deuxième long-format donnait déjà le ton sur le papier avec la participation aux choeurs sur deux titres de la soporifique Sharon Van Etten : cette fois on reste sagement dans l’indie folk électrifiée, slacker juste ce qu’il faut pour espérer vendre des disques neurasthéniques en 2024, avec ce jemenfoutisme éculé du chant qui va jusqu’à singer sur Milk Boy (I Love You) le genre de spoken word détaché au songwriting ironique que l’autrement plus douée Courtney Barnett avait électrisé sur le tube Pedestrian At Best il y a déjà pas loin de 10 ans - idée intéressante certes pour se détacher de l’influence écrasante de la divine Hope Sandoval dont Hannah Merrick n’a décidément ni la grâce ni la personnalité vocale, mais qui fait plutôt flop sur ce titre.

Plus loin, sur Suddenly, Your Hand, l’un des morceaux les plus plan-plan avec This Wasn’t Intentional et John Prine On The Radio d’un disque qui heureusement se permet quelques vraies embardées électriques certes bateau comme pas permis mais relativement efficaces (New York, Let’s Do Nothing, Lily Pad, Davey Says), la Liverpuldienne susurre, en tentant d’imiter les intonations d’un Kurt Wagner : "I couldn’t care less what happens to them". Tout est dit concernant notre rapport au duo, dont les éclats de personnalité du décent mais très surcoté I’m Not Sorry, I Was Just Being Me semblent avoir disparu au profit d’un délitement flirtant avec le remplissage, qu’incarne à la perfection la "pièce-maîtresse" Somewhere Near El Paso aux plus de 8 minutes blues-rock voire vaguement psyché dont la succession de faux-plats finit par se prendre un gros plat sur notre indifférence.