Du coté de l’ex (?) Nest, moitié de Deaf Center avec l’excellent Erik K. Skodvin, le label a changé mais la musique pas vraiment et l’on ne va s’en plaindre. Le pianiste norvégien, qui avait enchaîné 4 sorties solo chez Sonic Pieces, débarque en effet chez Leiter, l’écurie modern classical lancée en 2021 par Nils Frahm, ingé-son du bonhomme depuis son tout premier album, pour nous livrer le successeur du très beau Companion daté d’il y a trois ans, son seul long-format sur lequel le Berlinois n’avait pas travaillé.

Aux artworks monochromes typiques de la structure de Monique Recknagel succède pour la première fois une cover colorée dont les lignes abstraites semblent figurer une silhouette, et Frahm est donc de retour aux manettes (mix et coproduction) avec le sens de l’intimité captée en direct qu’on lui connaît. Pour le reste, on est immédiatement en terrain familier : des morceaux courts, au piano solo, dont l’apparente simplicité n’a d’égale que l’élégance et la délicatesse, teintées de mélancolie et d’introspection.

Des compositions les plus tristounettes (Exin) aux comptines irradiées d’une douce humilité (Imilla), de valses (Mirror) en réminiscences baroques (Marka) et autre incursion presque jazz (Tapper), du minimalisme de Rift, Stego ou Soma dont l’épure joue avec le silence à la densité plus dynamique d’un Seveight quasi lyrique, rien ne semble vraiment inédit dans l’esprit et pourtant on vibre comme aux premières mesures du merveilleux Pinô tant la musique d’Otto Totland a su conserver une grâce et une modestie essentielles, culminant d’entrée sur le sommet Savely puis en toute fin de disque sur le bien-nommé The French qui lui permet de renouer avec l’influence de Satie, présente en filigrane depuis les débuts. Le cocon musical idéal en cette fin de printemps troublée.