Colin Stetson - When we were that what wept for the sea
1. The Lighthouse I
2. When we were that what wept for the sea
3. Infliction
4. Passage
5. Long before the sky would open
6. One day in the sun
7. Fireflies
8. The Lighthouse II (feat. Brighde Chaimbeul)
9. The Lighthouse III ((feat. Iarla Ó Lionáird)
10. Writhen
11. The surface and the light
12. The Lighthouse IV
13. Behind the sky
14. Wrathful seas quiesce
15. The Lighthouse V (feat. Iarla Ó Lionáird)
16. Safe with me
Sortie le : 12 mai 2023
On avait laissé en fin d’année dernière le saxophoniste et clarinettiste du côté du label expérimental australien Room40, avec deux longs titres austères et dronesques sur lesquels ses instruments de prédilection se muaient en bourdons mystiques aux accents synthétiques et futuristes. Grand disque encore une fois que ce Chimæra I, pris à contrepied néanmoins par le nouveau sommet qui nous occupe ici puisque When we were that what wept for the sea, en plus de retrouver l’essence d’un jazz libertaire et abstrait fortement influencé par les motifs et textures de la musique électronique, déroule ses improvisations extatiques sur pas moins de 16 titres d’une durée moyenne de 2 à 5 minutes aux sensibilités parfois presque pop, à l’image des couleurs et de la figuration libre aux thématiques exotiques de sa pochette.
En témoignent les deux ballades interprétées par le chanteur irlandais Iarla Ó Lionáird, d’abord The Lighthouse III faisant la part belle au piano puis The Lighthouse V dont le spoken word introduit une superbe élégie pour piano, cornemuse, guitare, cordes et saxo à effets, mais aussi plus généralement la dimension étonnamment accessible et lumineuse de cet opus, des polyphonies arpégées du morceau-titre ou de Long before the sky would open au très doux et enivrant The surface and the light et autres morceaux sur lesquels les harmonies vocales éthérées de Stetson lui-même se font entendre, évoquant presque celles d’un Thom Yorke. Pour autant on se se refait jamais totalement et sur un titre tel que The Lighthouse IV, le Canadien renoue avec son goût pour un dark ambient décharné où ses respirations laissées telles quelles se mêlent aux vrombissements inquiétants du saxo et à des vocalises plus menaçantes, avant d’enchaîner sur la gigue épileptique de Behind the sky et un Wrathful seas quiesce aux itérations fiévreuses.
Encore une bien belle bizarrerie en somme pour le musicien désormais fortement tourné vers les bandes originales de cinéma, jamais vraiment où on l’attend depuis ses incursions sépulcrales ou symphoniques il y a quelques années face auxquelles ce nouveau long-format n’a absolument pas à rougir.
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