Après avoir joué les canards qu’on égorge avec Mats Gustafsson le temps du duo de saxos strident et dépouillé de l’album Stones sorti en novembre chez Rune Grammofon, c’est chez Constellation que Colin Stetson reprendra son exploration des frontières entre free jazz, drone, musique industrielle et pop le 30 avril prochain avec le successeur de l’acclamé New History Warfare Vol. 2 : Judges sorti il y a deux ans déjà.
Enregistré en son fief d’adoption de Montréal puis mixé comme le précédent aux Greenhouse Studios de Reykjavík par Ben Frost, également co-producteur du disque, New History Warfare Vol. 3 : To See More Light est décrit par le label canadien comme le plus cohérent et abouti des albums solo de l’Américain à ce jour. Outre les saxos alto, ténor et basse de l’intéressé, on y retrouvera Justin Vernon au chant sur quatre titres (dont une reprise du chanteur gospel Washington Phillips), le folkeux du Wisconsin que Stetson accompagnait sur l’éponyme de Bon Iver en 2011 prenant la suite de Shara Worden et Laurie Anderson (icône no wave, ceci expliquant cela) que l’on pouvait entendre sur une petite moitié des titres de l’opus précédent.
Quant aux instrumentaux, ils devraient nous donner l’occasion de retrouver dans sa veine la plus rythmique et polyphonique le jeu très particulier de Stetson, dont la circularité virtuose aux allures de transe hypnotique donne l’impression de superposer les boucles samplées comme sur ce premier extrait aux choeurs hantés, pourtant enregistré live en une prise comme tous les autres morceaux de l’album (chant mis à part) :
A noter que le morceau titre, du haut de ses 15 minutes, est le plus long jamais enregistré par Stetson à ce jour et nous est présenté comme du "sludge metal saxophonique", d’autres plages s’aventurant semble-t-il aux confins du grind... autant dire que ça promet, et d’autant plus quand on est familier des références religieuses émaillant les disques du saxophoniste qui n’en est plus à un paradoxe près.
