Cruel Diagonals - Monolithic Nuance EP
Sortie le : 17 octobre 2018
En dépit du très bon Disambiguation de juillet dernier, premier long format aux ambiances rituelles faites de friches rythmiques post-indus, de vocalises fantomatiques et de drones obscurs, on n’avait pas encore pris le temps de vous parler de la Californienne Megan Mitchell aka Cruel Diagonals, l’occasion de faire d’une pierre deux coups puisque Monolithic Nuance, du haut de ses 19 minutes, est l’un des 12 titres hors-format publiés depuis juin par le bien-nommé Longform Editions, label australien affilié aux excellents Preservation et dédié à ce genre de longues pièces immersives trop courtes ou trop minimalistes dans leur progression (cf. cette longue compo dépaysante d’une heure signée Matthewdavid, pour field recordings et marimba digitalement modifié) pour être qualifiées d’albums mais pour lesquelles on pourrait très bien parler d’EPs, selon nos critères totalement et discutablement subjectifs.
Un label qui ne bénéficie pas encore de l’exposition qu’il mérite malgré ses très belles réussites signées entre autres par Lee Noble (la méditation synthétique Q), Midori Hirano (les impros pianistiques plus ou moins fiévreuses ou incandescentes d’Improvisation for Piano in Summer 2018) ou Richard Youngs (les radiations urbaines aux fields recordings accélérés de l’inquiétant Daybreak) mais dont le concept mérite pourtant d’être mis en avant, d’autant plus qu’il est étroitement lié à la notion de "deep listening", cette idée d’écoute empathique, ouverte à la réception d’un état d’âme transmis par un musicien ou un simple interlocuteur, dont Cruel Diagonals fait le thème même de sa composition dans sa dimension socio-politique.
Entre complaintes chorales sous-tendues par des pulsations tour à tour caverneuses et futuristes, et no man’s land dark ambient aux grouillements synthétiques et raclements industriels, l’EP use principalement de synthèse modulaire et de la voix spectrale et envoûtante de l’Américaine, opposant ainsi tension et harmonie, pureté et malaise, pour symboliser la difficulté d’entendre et d’accepter l’autre au-delà de l’identité qu’il projette. Si toutes les sorties de Longform Editions s’avèrent être de cet acabit ou de celui du sus-nommé Daybreak, il va falloir garder l’oreille braquée sur l’écurie d’Andrew Khedoori (de la radio 2SER-FM) et Mark Gowing (graphiste responsable de ses pochettes géométriques) dans les mois à venir...
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