De bien belles vidéos homemade accompagnent la sortie de ce nouvel EP aux thématiques océaniques de l’ex Ab Ovo, mais aussi joliment que ces images vintage de film muet et de vidéo super 8 puissent en souligner respectivement la mystique maritime et les rêveries aquatiques, c’est bien la musique de Jérôme Chassagnard qui titille notre imaginaire sur ce successeur de Music For A Starlit Night aux tourbillons électro-ambient d’humeur aussi changeante que les marées, à l’image de l’artwork signé par le patron d’Hymen Records, Stefan Alt.

Aux crescendos atmosphériques d’un morceau-titre en flux tendu qui semble vouloir mettre en musique une mythologie associée aux profondeurs de l’océan de toute éternité - et qui y parvient par la grâce de synthés baroques du plus bel effet aux sonorités flirtant avec le marimba ou une harpe synthétique - fait ainsi suite l’IDM serpentine et stellaire d’Octopus, épousant les mouvements à la fois souples et saccadés de l’animal du même nom - le poulpe, donc - dans l’urgence de sa fuite, lorsque le danger guette.

Emmené par une guitare irradiée de nappes solaires et malmenée par les arythmies d’un beat caoutchouteux, Morning Sun décline ensuite son onirisme épileptique à la croisée de Boards of Canada et d’un post-rock contemplatif à la Silencio, tandis que See, clavier introspectif et nappes vaporeuses à l’appui, évoque ces fantasmagories d’horizon à perte de vue quand ciel et mer viennent se confondre en un vertigineux jeu de réverbérations organiques.

Seul véritable fil conducteur donc, par field recordings interposées : l’eau, un élément qui fascine le Français et impose sa matière à ces quatre instrumentaux mouvants, entrecoupés de clapotements et de bruits du ressac. Ensorcelant et, surtout, magnifique.