Avec ce nouveau long-format dont le nom semble faire référence au destin en arabe, l’Écossais Craig Murphy délaisse ses récentes aventures chillout, IDM ou techno (qui culminaient l’an passé sur l’excellent EP Hypnagogo) pour revenir à ses premières amours, à savoir une ambient transcendantale aux délicats ressacs de textures granuleuses et de nappes kosmische (Source of Light Part Two) qui s’accompagnent ici et là sur ce Kismet de synthés rétro-futuristes et d’un piano aux réverbérations évanescentes (Toking Elders in Avalanche) pour mieux tutoyer les astres lorsque l’ascension se déleste de toute instrumentation superflue pour laisser évoluer dans une ambiance presque amniotique ses fascinants entrelacements de drones mystiques et distos organiques (Maighdean na Tuinne).

De l’hantologique Escape Pod donnant l’impression d’extirper ses nappes étouffées d’un futur effacé de la chronologie des hommes aux sombres et introspectives rêveries d’un Forgotten qui doit autant au Vangelis de Blade Runner qu’au Badalamenti de Twin Peaks, en passant par le ballet de distorsions pulsées d’un Beachcomber impressionniste et hypnotique ou encore Planes of Existence et son doux décollage vers un autre état de conscience, cette épure prend nettement le dessus sur la suite du disque, donnant d’autant plus d’"impact" (pour peu que ce terme fasse sens dans le contexte d’un album se mouvant avec une telle finesse dans l’éther de la stratosphère) au foisonnement stellaire du bien-nommé Stargazer, ou du final fleuve The Space Between Atoms qui semble explorer la matière même de notre univers pour trouver direction et sens à l’agitation de nos existences.

Superbe !