Murkok pourrait être qualifié parmi ces artistes extrêmement productifs qui n’hésitent pas à abreuver très fréquemment leur page Bandcamp de nouvelles compositions.

Ainsi, Solaris constitue déjà la cinquième réalisation du cru 2017 pour ce producteur actif depuis juin 2015 et la sortie d’Investigation. Le Russe est devenu un spécialiste du partage d’émotions suggérées à l’aide de guitares électriques dont les drones occupent chacun des coins de la pièce qu’ils investissent.

Radical mais jamais bruitiste, Ilya Glebov parvient à convoquer des ambiances atmosphériques laissant place à un océan de désolation qui imprègne rapidement l’auditeur aussi bien sur le plan auditif que graphique, la pochette de l’objet défendu par le label Fern Leaf faisant apparaître un paysage pictural maritime et abstrait aux couleurs froides.

Cette illustration a été réalisée par Nastya Glebova, femme de l’artiste, avec lequel il travaille en étroite collaboration puisque, en plus de signer les pochettes de ses disques, elle a pu inspirer un EP tel que Matryoshka sur lequel Ilya Glebov rejouait de manière plus mélodique quelques classiques slaves en guise de soutien commercial à des poupées russes conçues par Nastya.

Rien de comparable sur Solaris malgré la présence sur Matryoshka d’un voile mélancolique déjà perceptible qui s’étoffe cette fois. Les field recordings brumeux peuvent accompagner une rythmique métronomique (Solaris) ou se suffire à eux-mêmes (Lid Pattern), mais l’effet reste identique. Les tourments sont contagieux et l’artiste basé à Vyborg, à quarante kilomètres de la frontière finlandaise, partage habilement ce spleen polaire à la fois attirant et oppressant.