Le nouvel album de Kai Reznik s’écoute en avant-première
Awkward Motions, le nouvel album du Parisien Kai Reznik est à découvrir ces jours-ci dans nos pages avant sa sortie officielle le 30 juin sur Atypeek Music. Sombre et immersive, sa synthwave devrait vite vous capturer.
On ne sait pas grand chose de Kai Reznik, on se concentre donc sur sa musique et cette dernière est des plus singulières. D’abord on y trouve un habillage électronique aux sons majoritairement suspects : les nappes semblent débarquer des ’70s agonisantes/’80s balbutiantes et adorent tricoter les aigus. Le beat en-dessous provient de la même faille spatio-temporelle et sonne plus cheap qu’impressionnant. On pense à Vangelis, à Carpenter dans ce qu’il a de plus croquignolet ou encore à Bontempi. De prime abord, on est très refroidi. Mais voilà, il y a là-derrière quelque chose qui accroche irrémédiablement : sans doute l’infinie mélancolie qui suinte par tous les pores de cette peau synthétique ou encore le côté extrêmement immersif de l’ensemble. On rentre peut-être difficilement dans Awkward Motions mais une fois que l’on est dedans, on n’en trouve plus la sortie et tous ces sons de prime abord suspects, on finit par complètement y adhérer. C’est que tout cela se montre très bien construit : les nappes imposantes s’accrochent aux os du beat et chaque écoute amène de nouveaux détails que l’on n’avait pas perçus jusqu’ici. Des bouts de symphonies empruntées à l’ère Victorienne croisant le fer avec des ersatz de guitares noisy voire carrément metal (You Killed Me First), des passages ambient qui suggèrent énormément, des drones destructeurs et du post-punk partout, versant cold wave, indus ou EBM.
Et puis, Kai Reznik ne compte pas que sur ses machines et truffe ses morceaux de collaborations diverses : de Sasha Andrès (que l’on ne présente plus) habitant L.A.S.T de quelques soupirs à Francesca Lago (auteure d’un chouette Mirrors Against The Sun l’année dernière) venant hanter Intimate Move en passant par Marc Strebler (de MeAsTheDevil) sur Beautiful Agony et You Killed Me First, chacun vient avec ce qu’il est fondamentalement mais ne dénature jamais l’ensemble, ce qui montre bien la grande cohérence d’Awkward Motions. On ne sait rien de Kai Reznik mais cet album très dense et infiniment personnel nous dit finalement l’essentiel : après une quinzaine d’années d’exploration musicales qui l’ont mené de Belfort à Paris, Trevor Reznik semble s’être trouvé et se livre tout entier dans ce disque. Mais le mieux est-il sans doute encore de se taire et de vous laisser découvrir en avant-première un album auquel il s’avère bien difficile de résister.
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