Le streaming du jour #1496 : Elise Mélinand - ’Aphophyllite’
Dans les couloirs de la rédaction, nous n’avons pas pour habitude de suivre les buzz de la télévision française, mais lorsqu’il nous arrive de découvrir que l’une des artistes que nous aimons défendre dans nos colonnes s’est illustrée dans un télé-crochet, la curiosité est trop forte pour passer à côté.
C’est ainsi que nous avons pu découvrir la reprise de You’Re The One That I Want de la comédie musicale Grease par Elise Mélinand. Une version convaincante, mais forcément moins que ses compositions originales où sa voix angélique est accompagnée de son instrument de chevet, le violoncelle. Au-delà du commentaire de l’une des membres du jury comparant la prestation à un épisode de Twin Peaks, cette incursion nous aura donné envie de prendre des nouvelles de la Parisienne.
Et alors que, découvert sur les conseils de Will Samson, nous avions encensé l’EP Le Voyage et fait de Gray Hoodie, signé sur n5md, l’un des sommets de l’année 2014, nous étions totalement passés à côté d’Apophyllite, sorti l’été dernier.
Toujours très proche vocalement des jumelles Gyða et Kristín Anna Valtýsdóttir (mùm), la Parisienne joue toujours autant sur les contrastes qui existent entre cette voix candide mais hantée, en un mot élégiaque, et la délicatesse des instrumentations l’accompagnant, celles-ci étant basées sur une omniprésence des cordes frottées, qu’elles émanent du violon de Beatrijs De Klerck ou du violoncelle dont Elise Mélinand délègue ici exclusivement la charge à Aurélien Vacher et Sati Jimenez.
Comme elle en a pris la bonne habitude, l’artiste nous gratifie de très grands moments de grâce, à l’image du sommet All I Want dont la dynamique et l’élégance des cordes sublimées par cette voix revenue d’outre-tombe constituerait presque un hymne aventurier faisant l’apologie de la rupture de la routine. Idéal pour faire le point sur sa vie.
D’un Vénus dont les sonorités trip-hop dépouillées et une voix qui n’a jamais semblé si proche de celle d’Emilie Simon à un Pandore où se marient brillamment d’élégantes cordes à des effets électroniques bien sentis, le tout récité sur un débit vocal proche de Benjamin Biolay, Elise Mélinand n’en fait qu’à sa tête pour notre plus grand plaisir.
Reléguant légèrement son instrument à cordes de prédilection - grâce auquel elle a été diplômée du Conservatoire - pour s’autoriser davantage d’incursions au piano, la Française fait finalement le chemin inverse d’Agnès Obel dont elle n’est en fin de compte pas si éloignée (O, Ma, Amnésie).
A défaut de nous intéresser au principe des télé-crochets ou pire encore de le louer, l’apparition d’Elise Mélinand sur la première chaîne nationale aura au moins eu le mérite de nous faire découvrir, avec plus de six mois de retard, un disque grave, hanté, décalé et éthéré, mais finalement tout aussi inspiré et ambitieux que les précédents.
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