David Bowie - No Plan EP
Le 8 Janvier 2017, David Bowie aurait fêté ses 70 ans s’il ne nous avait pas quittés, voici tout juste un an. Une occasion parfaite pour les ayant-droits des derniers enregistrements de l’artiste et l’EP No Plan est désormais accessible en version digitale.
1. Lazarus
2. No Plan
3. Killing A Little Time
4. When I Met You
De l’inédit ? Pas tout à fait, puisque ce court format rassemble quatre morceaux, dont le sommet Lazarus, déjà bien connu des fans de Blackstar qu’il sublimait en plein cœur du disque après les émotions fortes déjà véhiculées par le titre éponyme puis ’Tis a Pity She Was a Whore.
Rien de nouveau sous le soleil avec ce titre, et les trois autres morceaux sont également connus de ceux qui ont jeté une oreille attentive sur la comédie musicale Lazarus, sortie en octobre 2016. Inspirées par la nouvelle The Man Who Fell to Earth de Walter Tevis qui avait d’ailleurs fait l’objet d’une réadaptation au cinéma dans un film du même nom où l’on retrouvait Bowie en tant qu’acteur, ces représentations jouées entre décembre 2015 et janvier 2016 au New York Theatre Workshop mettant notamment en scène Michael C. Hall utilisaient la bagatelle de dix-huit titres signés David Bowie : quinze issus de sa discographie et trois inédits.
Ce sont ces derniers que l’on retrouve à la suite de Lazarus sur cet EP. Avec sa rythmique downtempo et l’influence des vents, No Plan est, on le comprend très vite, issu des mêmes sessions d’enregistrement que Blackstar. La voix de Bowie s’y fait mélancolique voire plaintive et désespérée. Clairement, ce morceau ne respire pas la joie et, s’il est plus facile de l’interpréter ainsi avec du recul, il n’est pas difficile de repérer que le Britannique se sait proche de la fin, en témoignent notamment certaines paroles acérées telle que « Here Is My Place Without No Plan ». La qualité du clip tourné par Tom Hingston ajoute encore au charme du titre.
Somptueux, mais Killing A Little Time, avec son riff électrique, ses vents en rupture et son chant tourmenté, enfonce le clou. Ce titre aurait également eu une place de choix sur Blackstar tant il s’inscrit dans un esprit similaire : diminué mais loin d’être résigné, le Thin White Duke envoie valser toute la bienséance et les codes, intégrant même après deux minutes des bribes d’une rythmique dub qui s’estompent aussitôt, laissant de nouveau la place aux digressions jazzy qui n’incitent qu’à retenir son souffle.
Difficile de succéder à un tel monument, mais When I Met You, s’il n’atteint pas les cimes du précédent, n’est pas qu’un titre figuratif. Plus traditionnel dans sa construction et son instrumentation, il lorgne davantage, batterie martiale à l’appui, vers un univers rock dans lequel Bowie aura été, jusqu’au bout, à l’aise.
Si l’on peut toujours se demander à qui profitent les disques posthumes (Columbia ne le diffuse probablement pas par philanthropie) et si les fans du Britannique avaient déjà en leur possession chacun des titres qui composent cet EP, No Plan est tout sauf une collection de titres bricolés à partir de bandes retrouvées au fond du grenier. David Bowie est l’architecte de chacun de ces titres et, au vu de leur qualité, on aurait tort de bouder notre plaisir. Jusqu’au bout, Bowie aura été digne et créatif, sans jamais céder à un quelconque plan de carrière : No Plan, donc.
Chacun son Bowie au sens propre comme au figuré avec cet hommage qui se veut protéiforme comme le fut l’Anglais, reparti sur sa planète le 10 janvier dernier après avoir changé la face du rock à jamais.
Pour ne pas encombrer l’actualité éditoriale du webzine, la chronique de Blackstar, rédigée hier soir, ne devait être publiée qu’au cours de la semaine. Le décès de son auteur, le passionnant David Bowie, a forcément bouleversé cette organisation. Il aurait pu être tentant de modifier cette critique mais, finalement, quelle plus belle façon de rendre (...)
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