2016 : EPs hip-hop et trucs dans le genre
Voici une sélection toute subjective (je m’appelle Spoutnik, je suis majeur et sain d’esprit, je crois) de mes 12 EPs de l’année (avec en bonus quelques recalés de près parce que juste 12, c’est trop dur), tout ça est millésimé 2016 bien sûr et à très haute teneur hip-hop (de qualité, je l’espère), avec pas mal de découvertes (je l’espère aussi), des réussites en nombre et des absents volontaires, mais à quoi bon parler d’eux, d’autres webzines s’en chargeront ou s’en sont déjà chargés. L’idée étant de faire découvrir, ou plutôt d’essayer de faire découvrir et humblement d’ouvrir les horizons. Z’êtes chauds ? Moi oui, alors c’est parti pour cette troisième partie avec que des formats courts dedans, la suite suivra bientôt avec mes LPs (mes 12 beat-tapes de l’année étant ici et mon rap français là).
L’emcee d’Atlanta revient gonflé à bloc avec une petite tuerie d’EP aux ambiances minimales et sombres où même les petites ritournelles deviennent inquiétantes. Coté production, c’est la classe internationale, les boucles se répètent à l’infini, on pense à Ichiban Hashface (encore lui !) et on se régale, surtout que le flow hargneux de Tha God Fahim occupe tout l’espace !
Cette année, impossible de passer à côté de Westside Gunn, de son Flygod et de ses nombreux projets en binôme avec Conway ou ici avec Tha Purist ! Pourquoi parler de cet EP ? Parce que Tha Purist est un bon, que je ne me suis toujours pas remis de Pyrex Scholar, de plus je trouve que c’est le seul producteur qui arrive à apaiser la voix de gamin criard de Westside Gunn !
On vous a déjà parlé d’OptimisGFN suite à son interview concernant notre future compil’ Twin Peaks. Vous connaissez donc le beatmaker/emcee berlino-ricain, son The Fresh Prince of Berlin et tout le bien qu’on pense de lui et de son EDM abstraite métissée de hip-hop de rue !
Pas de secret : la bonne vielle formule héritée des années 90 à base de beats lancinants et de flows virevoltants fonctionne toujours. Rajoutez à ça le petit accent anglais qui va bien, des refrains accompagnés de chœurs scandés et la lourdeur urbaine : on y est !
Grosse découverte macabre et chargée que 7’Rinth (écoutez Medecine Cabaret !) et tous les gars qui gravitent autour de lui : Anubis Dohji, Menes The Pharaoh, Sea/Swordz, Sorcery Orchestra (dont on parlera plus bas et dont on parlait là) ! DIY, ultra-lo-fi, drogue, ambiances anxiogènes, flows de dingues, boom-bap des bas-fonds et productions trippantes, voilà pour le programme !
Productions industrielles, gritty et finalement très Def Jux mais version 2016, le tout sur fond de super-héros et de graffiti, narration parfaite et captivante, Blueprint élève encore son flow depuis Respect The Architect et King No Crown ! Une suite, vite !
Willie Evans Jr. a un truc dans le flow qui fait penser à MF Doom, c’est indéniable et si on rajoute à ça des productions extraordinaires, on a The Crush et c’est la régalade... Le Floridien a frappé fort avec cet EP et sa beat-tape toute fraîche confirme tout le bien que je pensais de lui : un souci de la mélodie et un goût pour l’expérimentation !
Le gars Cryptic One fait dans le hip-hop depuis les années 2000 seul ou avec son crew Atoms Fam, ici c’est solo que le producteur/emcee new-yorkais nous livre cet excellent The World According To… Le résultat est simple et court, mais lumineux et singulier, le gars a purifié son hip-hop de tout le superflu pour ne garder que les tripes boom-bap intelligentes, un truc fait d’une conscience politique de vétéran du rap jeu allant des brutalités policières à Trump en passant par le contrôle des armes à feu. Fulgurant et gorgé de classe !
Depuis The Swordsman (qui était juste mon album de l’année en 2014 et qui a malheureusement disparu de Bandcamp), la passion que nous avons ici pour Ichiban Hashface n’est plus un secret. Ses titres lancinants et hypnotiques, ses beats et son flow monotone, froid, presque inarrêtable sont des expériences à vivre, ce dernier Raw Fish EP et Moonshine Dojo ne dérogent pas à la règle ! Ils sont grands, plus dans un sillon jazzy, moins dans le DIY radical, mais toujours aussi grands !
Attention, reculez, vous allez vous prendre dans la face une bonne grosse claque de hip-hop glauque, embrumé, glacial et accessoirement foutrement bien foutu ! Kurt Travis et Sorcery Orchestra (dont on parlait là et ça n’est pas fini) sont Ostrich Breath et ils assurent le cachou à grands coups d’ambiances lourdes et malsaines ! Labyrinthique, flippant, malsain, la régalade !
Le Red Lotus Klan, on vous avez dit que c’était du feu cette année et on en reparlera ailleurs mais revenons à notre sujet : Genghis Khan et Scvtter Brvin ! Les deux anciens Masters of The Universe ont commis cet EP court, mais monstrueux, martial et grandiose en forme de suite logique au Night Gallery de 2011. Quatre titres, rien de plus, mais quatre grands titres et surtout une ambiance globale horrifique et expérimentale assez dingue, une sorte de petit Dr. Octagon avec un Kool Keith macabre et hanté.
Entre hyper-activité et rien, les parcours des deux puits de créativité que sont Zeroh et Jeremiah Jae se ressemblent et sont finalement anti-symétriques l’un par rapport à l’autre. Quand l’un dort, l’autre grouille de partout ! De 2013 à 2015, Jeremiah Jae avait sorti une dizaine de projets tous plus bonnards les uns que les autres et Zeroh quasi-zéro… Cette année, c’est le contraire avec les énormes O Emissions de l’un (dont on reparlera) et quasi-rien pour l’autre (mais tout est relatif, car on en reparlera ailleurs). Alors voir les deux du Black Jungle Squad sous le même blase d’Holy Smoke, mes yeux ont pleuré ! Les deux ensemble, c’est de la pure bonne fois 2, ils nous font voyager bien bien haut à travers les méandres de deux cerveaux génies du hip-hop moderne. La recette est connue mais toujours bigrement efficace, flow monocorde, samples kaléidoscopiques, bricolages lo-fi, hypnose hip-hop, expérimentation et perfection ! IMMENSE !
En bonus, comment ne pas évoquer les sorties de The Soloist, le mash-up Sadevillain, Sadistik et Salo Sessions, Jwles et Diggin Thru The Mine Vol.1 , Has-Lo et Hard Writer, Marjen & Parlay Droner et Split EP, Sleep Sinatra et I’m Not Even There ou People Under the Stairs et The Gettin’ Off Stage, Step 2 ? 12, c’est définitivement trop dur...
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