Le streaming du jour #1451 : LVL UP - ’Return To Love’
Nous mentirions en prétendant suivre LVL UP depuis de longues années. La vérité est la suivante : ce troisième album du combo américain est le premier qui s’invite auprès de nos oreilles. Le regrette-t-on ? Même pas. Alors pourquoi parler de ce Return To Love dans nos colonnes ? Les explications arrivent.
Débutons. Si LVL UP se fraye un chemin jusqu’à nos écoutilles, ce n’est pas lié à nos nombreuses pérégrinations sur la toile. Non, les New Yorkais ont visiblement acquis une solide réputation outre-Atlantique, si bien que le prestigieux label Sub Pop s’est arrêté sur leur cas, leur proposant de défendre leur troisième opus. Le quatuor a beau adopter un son volontairement saturé, parfois même lo-fi, le présenter comme un « self-made band » serait donc erroné. A l’heure actuelle, en tout cas.
Venons-en au fait. Pourquoi ce paradoxe entre le fait que l’on ne regrette pas le moins du monde d’avoir fait l’impasse sur les albums précédents – impasse que nous n’allons même pas corriger – et la volonté de défendre malgré tout ce disque ? La réponse est simple : des Return To Love, il en existe des dizaines ! Et l’on soupçonne aisément leurs premiers essais de ne pas offrir de plus-value particulière.
LVL UP ne brille donc pas par son originalité, et la composition du groupe – deux guitaristes, un bassiste et un batteur – est tout ce qu’il y a de plus classique. Pourtant, Return To Love est d’une efficacité redoutable, et peut en ce sens rappeler le Range Anxiety proposé par Twerps l’an passé. Ces deux albums sont en effet assez comparables : immédiats, classiques dans leurs compositions, mais suffisamment déglingués pour attirer la sympathie et l’intérêt du chaland.
Le concept de la madeleine de Proust est ici poussé à son paroxysme, si bien que l’auditeur pourra s’enfiler tout le paquet en écoutant cet opus. L’influence d’une certaine éthique « indie » des nineties est clairement mise en avant : de Sebadoh (ou Dinosaur Jr, on vous laissera apprécier) (la bombe Pain) à Pavement en passant par Weezer (I), l’éventail n’est pas forcément très large, mais différents courants sont néanmoins perceptibles.
Brut et rêche, le son de LVL UP est l’aboutissement d’un processus créatif dans lequel chacun des membres est impliqué : le quatuor dans son ensemble apporte ses idées sur le plan musical, tandis que trois des membres se partagent aussi bien les parties vocales que l’écriture des textes. Les sept dernières minutes de l’album, avec un Naked In the River With the Creator qui dénote autant que son titre surprend, laissent entrevoir une direction plus psychédélique que les Américains seraient bien inspirés d’approfondir car pour en finir avec notre argumentaire, si Return To Love fonctionne aussi bien, c’est probablement car il est l’œuvre d’un combo que l’on sent au sommet de sa forme et qui aura bien du mal à se hisser de nouveau à un tel niveau. Sauf s’il vient à se réinventer.
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