Un an après un Poverty remarqué et salué par la critique, Motorama est déjà de retour. Depuis Calendar, second opus sorti en 2012, le combo russe fait partie des valeurs sûres du catalogue de Talitres et ce n’est pas ce quatrième disque – le troisième au sein du label, donc – qui devrait changer la donne.

Dialogues est en effet tout sauf un disque de rupture. Il poursuit le sillon creusé par son prédécesseur. Et cela tombe plutôt bien, puisque l’on n’attendait pas de révolution de la part du quintet de Rostov.

Vladislav Parshin, leader officieux, chanteur et guitariste de la formation, n’infirme pas cette tendance en expliquant son processus créatif : « J’essaie d’enregistrer le tout dans un seul élan pour conserver l’ossature dans sa fragilité. A mon sens, parfois, voire souvent, les maquettes sont meilleures que les versions définitives ». Immédiateté et spontanéité sont donc toujours des valeurs qui priment chez les Russes.

Entre shoegaze et cold-wave – là aussi, rien ne bouge – Motorama s’autorise néanmoins l’intégration de quelques lignes plus lumineuses, à l’instar d’un Someone Is Missed sur lequel la gravité de la basse parvient néanmoins à tendre l’atmosphère. On ne se refait pas, mais les fans de The National ou Other Lives devraient toujours y trouver leur compte.

Dans la continuité de Poverty, Dialogues se singulariserait donc par des mélodies plus directes et légèrement moins glaciales. Motorama est pourtant loin d’avoir vendu son âme au diable, le mode de composition presque surréaliste de Vladislav Parshin ne laissant de toute manière aucune place aux faux-semblants. Non, plus accessibles et épanouis que jamais, les Motorama semblent traduire un quotidien légèrement moins sombre que par le passé. Tant mieux pour eux, et peut-être également pour nous, Dialogues se hissant au moins à la hauteur de son prédécesseur.

Par ailleurs, l’excellent label Talitres, pour ses quinze ans d’existence, a choisi de gâter ses fans. Ceux-ci pourront découvrir sur Bandcamp les deux premiers EPs autoproduits du combo russe, en l’occurrence Horse (2008) et Bear (2009). La formule était déjà efficace, ce n’est d’ailleurs pas pour rien qu’ils avaient tapé dans l’œil de Sean Bouchard, patron du label, quelques années plus tard lors d’un festival en Estonie, mais une certaine accointance avec Interpol permet de mieux cerner l’évolution et la trajectoire de Motorama.