La rentrée du label nantais se fera sur 7 pouces ! Enfin, sur CD, vinyle et 7"... pas sûr que toutes les platines soient adaptées... bref, deux albums, un long et un court, paraîtront le 16 octobre, dont l’un rassemble deux figures emblématiques du label, (Pneu et Room 204), et l’autre un trio de musiciens aguerris au sein d’une formation qui publie son premier album : The World.
Avec un nom aussi vaste, on pourrait s’attendre à ce que la musique de ce trio soit englobante ou bien qu’elle nous rappelle les sonorités exotiques d’un voyage oublié. Mais non, The World emprunte ses timbres et son vocabulaire aux années 80... C’est donc à grand renfort de synthés cheap, d’une batterie plate et de voix claires que le trio nous ramène à nos vestes trop grandes à épaulettes, aux joggings multicolores, aux coupes de cheveux embarrassantes qui épousent la nuque, à nos rêves naïfs de skates volants... Il n’y a rien de nouveau dans cet album qui, jusqu’à l’esthétique de la pochette, cherche à nous tromper : s’agit-il d’une vieillerie trouvée dans un bac d’invendus chez Noz ? Non, il s’agit bien d’une nouveauté. Et c’est cet effort minutieux, à la fois comique et très sérieux, pour paraître anachronique, qui fait tout le charme de ce projet. Le pastiche pourrait certes sembler vain si ces musiciens n’avaient pas ce sens aigu de la mélodie, du refrain qui fait mouche, du riff évident et du rythme entraînant. André Pasquet et Jean-François Riffaud, déjà techniciens du décalage au sein de Syntax Error, ainsi que Nicolas Cueille, prince du 8-beats dans son projet Seal of Quality, et nouvelle recrue de Room 204, se distinguent nettement par leur volonté de ne suivre aucun mouvement actuel, aucune mode et pour faire du mauvais goût un appui pour exprimer leur propre personnalité.
On retrouve Nicolas Cueille, décidément prolifique, sur le split qui oppose le désormais trio Room 204 (trio depuis le dernier album Maximum Végétation , qu’on avait déjà apprécié) au duo Pneu (qu’on ne présente plus...). Room 204 continue de creuser le sillon ouvert il y a bientôt quinze ans : des instrumentaux expéditifs aux riffs carnassiers et au rythme toujours soutenu. Mi punks, mi cols roulés, ces musiciens parviennent à créer une atmosphère à la fois joviale et tendue en moins de vingt secondes grâce à des harmonies originales, entre douceurs et dissonances, et un son précis mais ambivalent, entre tendresse et violence. Le math-rock des Nantais plonge sans préambule l’auditeur dans un bain de lait bouillant auquel il a à peine le temps de s’accommoder. Quand il s’y fait, il faut déjà changer de face... De l’autre côté du disque roule un Pneu goguenard. Toujours rutilant, avec ses jantes chromées, il traverse sans garde-boue un désert d’aspérités. Tout accroche sur cet unique morceau dont on ne peut distinguer aucune mélodie. Essentiellement rythmique, le duo s’efforce de proposer des effets de tempos, de glissements, de reliefs, sans jamais chercher à toucher la sensibilité mélodique de l’auditeur. Si ce morceau peut bien être placé dans la droite lignée du précédent album, il n’en représente pas, toutefois, le meilleur exemple. Placé sous le signe du flingue, ce maxi sonne comme un coup de feu : sec et rapide. De la balle !