Le streaming du jour #1137 : Nereus - ’Exegesis’
Dernière niche d’une IDM hardcore de qualité, CRL Studios, à l’image de la disco de son patron Lucidstatic passé par les rangs de Signifier ou Tympanik Audio, est capable du meilleur tout en flirtant parfois avec l’anecdotique ou le gothique daté voire les remixes d’un goût douteux. C’est assurément à la première catégorie que l’on associera Exegesis, concentré de textures malaisantes et de pulsions épileptiques dont la dimension cathartique est mise en exergue sur la page Bandcamp du Michiganais Keldrick Brown par une citation du roman L’étranger.
"Comme si cette grande colère m’avait purgé du mal, vidé d’espoir, devant cette nuit chargée de signes et d’étoiles, je m’ouvrais pour la première fois à la tendre indifférence du monde." A l’instar du personnage de Camus, le chaos des beats implosifs que l’Américain tente de dompter dès l’entame de ce successeur d’un Course Correction déjà fortement attiré par la cosmogonie n’est qu’une porte ouverte sur l’infiniment grand, évoquant ces pluies de météores dont le pouvoir de destruction est proportionnel au peu d’incidence qu’elles auront sur l’expansion de l’univers. Sur Exegesis, malgré la violence et la vélocité des rythmiques en roue libre, on est ainsi plus proche des pulsations stellaires de matière noire faussement déstructurées d’un Access To Arasaka (Written In The Blackness Behind The Stars) que des aboiements de chien fou du breakcore, la radicalité des déferlantes tachycardiques contrastant avec la cinétique immuable des astres et des trous noirs aux radiations obscures.
Empruntant ici à l’ambient techno (Trembling Hands Clutch The Veil) ou plus loin aux martèlements pachydermiques et oppressants du doom metal (The Key), Nereus semble tiraillé entre angoisse et sérénité à l’idée de cette immensité qui lave l’homme de ses tourments insignifiants tout en le renvoyant à la futilité de sa propre existence, et si quelques interférences nous font parvenir ça et là les voix étouffées d’une humanité avide de conquête (Thereupon I Saw The Wolves, And How They Oppressed The Sheep Exceedingly With All Their Power), c’est pour mieux les réduire au silence sous les assauts des beats sursaturés jusqu’à ce qu’il ne reste plus que le grondement purificateur de l’ultime éruption solaire qui soufflera dans quelques millénaires nos dernières présomptions :
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