Pensionnaire ces dernières années des très sérieux labels Audiobulb et Empreintes DIGITALes, primé en festival à travers toute l’Europe, on eut pu faire l’erreur d’assimiler l’Anglais Mathew Adkins à cette scène expérimentale qui s’écoute parfois un peu trop penser, d’études acousmatiques en bandes-sons pour installations d’art contemporain. On serait alors passé sans le savoir à côté de l’une des pièces musicales les plus transcendantes de ce bouillonnant cru 2014, progression craquelante aux confins d’un drone irisé et d’un classical ambient subaquatique agité de glitchs saturés et de percussions organiques.

Évoquant mille réminiscences d’émotions et de souvenirs diffus à l’image de son piano impressionniste et un brin tourmenté errant d’un rêve étiolé à un autre, Residual Forms sorti sur le micro-label portugais Crónica explore en vingt minutes les grands fonds d’un subconscient troublé, à moins qu’on ne préfère y voir comme le suggère le musicien le portrait psychologique d’une ville, Londres en l’occurrence, au prisme de la prose hallucinée de William Blake et des écrits de Iain Sinclair dépeignant la capitale anglaise comme inséparable de son histoire à la fois réelle et fantasmée. Qu’importe, puisque dans un cas comme dans l’autre on se plaira à dériver toujours plus loin sous la surface au gré des courants ambient et des infimes répliques noisy de séismes passés :