Maissiat - Tropiques (nouvelle édition)
Ce premier album de Maissiat pourrait se résumer en un mot : incontournable. Incontournable pour ses textes, pour ses arrangements et surtout son sens de la mélodie, le tout sublimé par une voix singulière et touchante. Incontournable également pour sa capacité à continuer de vivre en vous une fois l’écoute terminée. Incontournable enfin pour la redécouverte qu’il offre à chacun de ses passages dans la platine.
1. Le Départ
2. Trésor
3. La Fabrique Des Fauves
4. Havre-Caumartin
5. Tropiques
6. Jaguar
7. Soûle
8. Les Fins De Nuit
9. Jour De Chance
10. Havana
11. La Traversée
12. Paradis
13. Iris
14. La Réponse
D’abord paru dans une version de dix titres en début d’année (faisant suite à un premier EP éponyme des plus réussis), Tropiques est ressorti le 7 octobre dernier, enrichi de quatre nouveaux - ou presque - morceaux, également produits par Katel (le name-dropping s’arrêtera ici, d’autres s’étant déjà très justement adonnés à cet exercice).
Avec ce disque, Maissiat nous invite à la suivre dans un voyage à l’ambiance feutrée avec la finesse comme fil conducteur, que nous retrouvons dans le choix des mots, dans la musicalité et dans l’interprétation. Nous pourrions dès lors nous attarder à décrypter ces mots, ces notes et ces silences mais une étude pure et simple serait restrictive, quand bien même chaque morceau invite à l’analyse. En effet, derrière chacun d’eux se cache son lot de subtilités, se découvrant au fil des écoutes.
Et surtout, le plus grand talent de Maissiat, celui qui fait d’elle une véritable artiste, c’est cette capacité à transcender ces textes impeccables et cette interprétation toujours juste pour vous atteindre en plein cœur avant même d’avoir eu le temps de comprendre ce qui passait par vos oreilles. A partir de là, insidieusement, sa musique s’empare de votre inconscient pour vous hanter secrètement.
Comme le titre de l’album l’indique, nous nous dirigeons plutôt vers le soleil - de la Méditerranée essentiellement. Toutefois, autant le dire tout de suite, ce ne sera pas un voyage particulièrement joyeux. Les textes sont sombres et l’ambiance parfois pesante, ce dès l’ouverture avec Le Départ, une élégie émouvante mais certainement pas fleur-bleue, interprétée presque uniquement en piano-voix. Cette configuration épurée reviendra d’ailleurs tout au long de l’album. Soûle, un "trois-temps" où le temps s’arrête et qui, derrière une rythmique certes plus enjouée, n’en demeure pas moins troublant, au même titre que Paradis - superbe en live en compagnie de Bertrand Belin. Havana, au lyrisme déchirant, et enfin (surtout ?), La Réponse, en écho au titre d’ouverture. Dire que cette chanson est bouleversante, mais toujours sans tomber dans le mélo, est un euphémisme et, que ce soit sur album ou en live, quelques secondes sont nécessaires pour retrouver nos esprits après un tel souffle.
Ainsi, si c’est au soleil que nous sommes censés allés, la progression se fait incontestablement de nuit avec une autre facette de ce disque qui va se chercher du côté du trip-hop avec notamment Iris, Jaguar et Tropiques, ligne de batterie épileptique pour le premier, ambiance cinématique pour le deuxième et une montée en puissance urgente du piano pour le dernier. Pour autant, même si sur le papier, ces titres semblent bien éloignés des ballades piano-voix précédemment évoquées, ils n’altèrent en rien l’homogénéité du disque dont la construction est, comme le reste, savamment pensée et lui offrent même un relief bien senti.
Pour cela, Maissiat n’hésite pas à explorer, oser : une dose de pop, une pincée de folk, tout en restant dans son univers, tel Havre-Caumartin ou, plus onirique, La Fabrique Des Fauves. Mais quels que soient les chemins empruntés, le voyage demeure beau. Comment d’ailleurs ne pas évoquer La Traversée ? L’urgence y est palpable, traduite par les accents rock, où la voix devient un instrument à part entière. C’est d’ailleurs le cas sur l’ensemble des chansons, comme je l’évoquais dans ce streaming du jour de l’EP.
En fin de compte, ce qui me fait aimer cet album - qui fait partie de mes favoris de cette année - c’est de ne pas en sortir indemne et, malgré ce chamboulement interne qu’il provoque, d’y replonger volontairement tant Amandine inspire confiance et sympathie. Et les différentes directions que Maissiat semble être capable de suivre avec brio laissent entrevoir de belles surprises pour l’avenir.
Vidéo : Sarah Bastin
Cela fait quelques mois déjà que j’ai l’EP de Maissiat sous le coude, que je l’écoute et surtout, que je l’apprécie énormément. Pourtant, il a fallu patienter jusqu’à aujourd’hui pour que j’en parle enfin. J’attendais en effet de voir si, en concert, toutes les promesses de ce disque étaient tenues. Et comme vous vous en doutez, je n’écrirais pas ces (...)
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