Jazzman atypique puisant son influence aussi bien du côté du classique contemporain que de la pop ou des musiques extrêmes, Aaron Novik louvoie de sortie en sortie entre écriture et improvisation, easy-listening post-moderne et expérimentations plus noisy et déstructurées.

Pour ce second volet d’un diptyque inspiré par les storyboards symbolistes d’un certain Mark Wilson dont les séries de 18 dessins à chaque fois représentent autant d’instructions données aux interprètes, le Californien délaisse les courts badinages poétiques et presque cartoonesques (au sens light, bois et marimbas du quatuor The Crafty Apples aidant) déclinés sur l’opus précédent au profit d’une demi-douzaine de compositions plus étoffées et d’une certaine tension rythmique héritée autant de Leonard Berstein que du courant minimaliste américain.

Pas étonnant d’apprendre que certaines d’entre elles (91-108 et 127-144) sont basées sur une gamme altérée telle qu’a l’habitude d’en utiliser Steve Reich, les autres moins spacieuses mais plus denses usant d’une échelle octophonique dont la symétrie naturelle est déjouée par des altérations de hauteur et de tempo propices à des sections plus improvisées. On ne va pas essayer de vous faire croire qu’on y comprend vraiment quelque chose mais une chose est sûre, un peu comme de la musique de chambre polyphonique jouée par des musiciens de jazz modal élevés à la musique klezmer voire au drone (cf. l’intro aux allures de didgeridoo cacochyme), l’EP fascine par son mélange de clarté tonale, de répétitivité oppressante et de variations alambiquées malgré l’aspect sonore un peu monolithique inhérent au quartette de clarinettes basses Edmund Welles emmené par Novik lui-même.