Kwoon : Entrez dans le rêve...
Rencontre avec un groupe des plus étranges et fascinants. Peu importe qu’il soit français, qu’il puisse être rapproché de Sigur Rós ou Radiohead... Cela est facile et réducteur et ne leur rendrait pas hommage. Car il faut entrer dans l’univers de Kwoon si particulier, envoûtant et attachant pour en comprendre la magie. Alors, accompagnez nous et entrez dans le rêve...
Remarquez, il est facile de s’intéresser au groupe car on est facilement happé par les ambiances oniriques de leur premier album autoproduit, Tales & Dreams . Mais, il n’est pas si simple d’en comprendre les raisons.
Le Mag Indie Rock a donc voulu une explication de texte.
L’histoire débute alors que Sandy, l’âme poète de ce qui sera Kwoon, décide de quitter son groupe du moment, un combo de post-rock. Il décide de se lancer dans un side-project. Il écrit, compose et enregistre pendant 1 an et demi ce qui deviendra son album Tales & Dreams tout en continuant les tournées avec son groupe.
"Avant d’écrire Tales & Dreams, j’avais pour volonté de dessiner un voyage musical où chaque titre nous emmènerait sur une planète différente, avec des décors et ambiances particulières, nous explique Sandy. Finalement, trouvant le projet trop linéaire, j’ai préféré écrire un album comme un écrivain écrirait des contes pour enfants, où chaque chapitre est une histoire différente, où chaque histoire a une finalité.
Ce que j’aime dans les contes, c’est que le rêve est permis ; il y a cette magie omniprésente qui nous emporte haut, très haut. Si haut que le monde réel n’est plus qu’un souvenir poussiéreux et que l’on aimerait même ne plus jamais y retourner. "
Il finit par faire comprendre à ses collègues qu’il rêve d’autre chose. Une fois Tales & Dreams pressé, Sandy décide d’appeler des amis pour devenir ce qui sera sa troupe. Kwoon est né : il est composé de Sébastien, le petit frère de Sandy (son petit poulain comme il le dit si souvent) qui assure le rythme derrière la batterie, Nelson les synthés, Olivier, Jérome et Benoit (Ben) assurant quant à eux les guitares et basses.
Le groupe peut ainsi défendre sur scène les morceaux de Tales & Dreams .
" Tales & Dreams est mon refuge, là ou j’ai étalé mes plus sentiments les plus profonds durant 1 an et demi, et parlé de ma planète, Kwoon.
On y trouve un sentiment de malaise profond, de tristesse, d’angoisse, de peur mais parfois de force invincible venant tout bousculer tel un ras de marée, ou une pluie de météorites ! Beaucoup de contrastes, entre le calme représenté par la mélancolie et la colère par cette magie destructrice."
Mais que racontent les 10 histoires de cet album ?
I lived on the moon est un autoportrait : j’y décris ma vie, mon univers. C’est aussi une invitation au rêve. Je guide cet enfant perdu dans un monde doux, où il peut se protéger du monde réel en prenant le chemin des rêves.
Pouvez-vous raconter cette vie antérieure ? Etait-elle meilleure que cette vie présente ?
Sandy : De loin ! Pensez un instant que tous vos rêves les plus profonds et les plus sains se réalisent. Le monde dans lequel vous évoluez n’est alors plus que le reflet de votre imagination. Imaginez que vous pouvez voir, toucher, flotter, vivre tout ce que vous êtes en train d’imaginer… Vous verrez alors que vous vivez au milieu de choses hors du commun, les choses les plus splendides qui puissent exister car c’est au cœur de votre idéal que vous vous trouvez. Enfin, imaginez que vous parvenez à rester des années dans ce monde... C’est ce qui m’est arrivé…
La 2ème histoire, Blue Melody, parle d’un vieillard qui, sentant sa mort venir, décide de rejoindre celle qu’il a perdue durant son adolescence au cours d’un dramatique naufrage. Une descente vertigineuse dans les abysses guidée par cette mélodie qui raisonne au fond de l’océan.
Puis on arrive dans un monde lugubre où le malaise s’installe (The Beast). Une ambiance froide où cette affreuse bête rôde, seule sur sa planète, hurlant de tristesse.Il y a ici un contraste entre ce qu’elle représente et ce qu’elle est réellement. Ce titre est pour moi le plus triste de l’album. Lorsque je le composais, j’étais dans un état un peu étrange et je dois vous avouer qu’une fois l’avoir réécouté, je ne me sentais pas très bien.
Arrive ce spectacle que j’ai vécu. J’ai fait un jour un rêve de toute beauté. Je marchais sur des plaines s’étendant à perte de vue et, en levant la tête, je voyais ces créatures célestes, dansant lentement. Des méduses. Je pouvais presque les toucher tellement elles me semblaient vraies. C’est le genre de rêve où lorsque vous vous réveillez, vous êtes profondément déçu que rien ne soit arrivé réellement, vous essayez même de rendormir pour rattraper ce rêve, en vain. J’ai voulu retranscrire cette expérience hallucinante sur Eternal Jellyfish Ballet.
Concernant Last Sundown, je me demande pourquoi j’ai laissé ce morceau sur l’album. Je n’en suis pas satisfait.
Tinklëh, c’est une planète où tout est pur, blanc, magique. J’y suis allé et ai appris cette langue. Un très beau souvenir.
Que signifient les paroles « étranges » de Tinklëh ? Qu’est-ce qui
constitue la richesse de la langue employée sur ce morceau ?
Sandy : C’est une histoire dont je ne peux révéler le secret. C’est la langue parlée sur Kwoon.
Tinklëh Skofa constitue la suite de Tinklëh. Petite astuce pour les bricoleurs de son : prenez cette piste et lisez la à l’envers avec un logiciel, vous aurez la vraie suite de Tinklëh.
The Door : Un suicide.
Pour terminer ce premier chapitre, j’ai voulu parler de Kwoon sur le dernier titre éponyme, cette planète d’où je viens, cette planète à laquelle je dois beaucoup et où je finirai mon existence. Malheureusement, je ne peux pas vous parler de ce monde tant il est protégé et tant nous préservons sa richesse. Je peux simplement vous dire qu’il n’existe pas sur Terre quelque chose d’aussi émouvant que cette planète. La décrire musicalement fut un défi insurmontable. Je ne suis d’ailleurs pas entièrement satisfait de ce titre, il ne représente qu’une particule de Kwoon. J’essaierai de mieux m’y prendre dans le Tome 2 de Tales & dreams et de vous faire découvrir ses autres faces.
Quand est prévue la sortie du Tome 2 de Tales & Dreams ?
Sandy : Il va falloir être patient, très patient…pas avant fin 2007/début 2008.
On sent, à l’écoute et à la lecture de ces 10 histoires un univers proche de la littérature et de la poésie en particulier. Avez-vous été tenté par l’écriture de poèmes ?
Sandy : Non. Je préfère l’illustration sonore. C’est un choix.
Il est indiqué dans le livret que votre album Tales & Dreams a été
enregistré au coeur de la montagne Hakuma en 1582. Quelle est la
signification de ce message ?
Sandy : Et bien, c’est la vérité, rien de plus. Hakuma est la montagne la plus vieille de Kwoon. L’album a été écrit au cœur de cette montagne en 1582. D’ailleurs, pour en revenir à votre précédente question, Tales & Dreams possède en réalité 3 Tomes. Ils sont déjà tous écrits mais, venant de Kwoon (notre planète), étant à des millions d’années lumière d’ici, il leur faut le temps du voyage pour arriver sur Terre. Il va donc falloir s’armer de patience… J’espère surtout qu’ils ne croiseront pas de Zgoïjab sur leur chemin sinon ce sera encore plus loin ! Donc, j’évaluerais à 2007/2008 pour le Tome 2 et 2010 le Tome 3.
Comment arrivez-vous à retranscrire l’univers si onirique de l’album en concert ?
Nelson : Pour essayer de garder l’ambiance onirique de l’album, on utilise des réglages spécifiques pour les effets des guitares. Pour les claviers, c’est parfois un peu compliqué, mais j’arrive à me débrouiller en jouant les parties les plus audibles de la masse orchestrale avec des
sons assez riches. On utilise parfois quelques samples comme les chants de baleines dans Blue Melodie, les pleurs de The Beast, etc. Et puis, on tamise les lumières !
Ben : Les guitares seront plus présentes et plus distinctes que sur la version enregistrée qui est plus adaptée à une écoute globale. C’est à dire qu’aucun instrument n’est mis en avant, ils se complètent : c’est un collectif plutôt que des individualités qui est mis en avant, pourrait-on dire en termes sportifs ! Vous serez surpris sur scène. En live, les morceaux auront une "texture" différente de la version album, c’est à dire qu’il seront plus péchus, plus puissants...
Nelson : Il y aura aussi quelques surprises, certains morceaux auront une nouvelle structure sur scène. Je n’en dis pas plus…
Quand et où pourrons-nous vous voir sur scène ?
Ben : Très bientôt ! Vous en serez les premiers informés. On se produira dans et aux alentours de Paris pour le moment. Le reste n’est qu’à l’ordre du projet.
Nelson : On vous tiendra au courant à travers notre site www.kwoon-music.com.
Avant de plonger dans l’univers de Tales & Dreams, on est complètement en extase devant la pochette de l’album. Comment devons-nous interpréter ce dessin ?
Sandy : C’est une peinture regroupant tous les contes, rêves et histoires de l’album. On y retrouve notre petit singe favori, faisant son apparition dans I lived on the moon, les méduses volantes de Eternal Jellyfish Ballet, l’ambiance magique et mélancolique de la plupart des titres et le personnage principal qui a vécu tout cela.
Quel est le rapport qu’entretien Kwoon et l’art graphique ? Y-a-t-il un message adressé à l’auditeur qui est sur le point de poser le disque sur sa platine ?
Sandy : L’art graphique illustre parfaitement le monde kwoonien. Aurélien (le graphiste) a su avec talent reproduire à l’identique les ambiances et les paysages qui étaient initialement illustrés de manière sonore. Il a suffit de lui décrire ce qu’était Kwoon, il s’est ensuite imprégné de la musique, puis il a sorti ses pinceaux… Ces illustrations peuvent guider l’auditeur dans notre monde avant même qu’il ait écouté un titre. Un guide de voyage en quelque sorte.
Pour arriver à constituer un groupe, on s’imagine qu’il a fallu une
symbiose entre Sandy et les autres membres.
Nelson : En effet, Il semblerait que le critère principal du "casting" pour créer le groupe était les bonnes vibrations que chacun émettait. C’est ce que dit Sandy...
Ben : Sandy nous connaissait tous plus ou moins selon les membres. Il a une vision de la musique que j’approuve totalement. Il privilégie l’esprit à l’aspect purement technique musicalement parlant de l’individu, du musicien.
Nelson : La technique c’est juste une question de pratique, on peut y arriver en bossant dur, mais arriver à bien s’entendre avec des gens avec lequels on est pas compatible, ça c’est plus dur ! Maintenant qu’on se connait, on s’entend tous très très bien, nous sommes de vrais amis. En dehors des répétitions, nous nous retrouvons très souvent dans des pubs, nous nous faisons des virées ensemble à la campagne, des soirées, on aide l’un à déménager. Bref, de vrais amis !
Sandy : A partir du moment où l’on se connait tous plus que bien, que l’on sait que l’on ne va pas froisser quelqu’un en lui disant que son solo est à refaire, sa rythmique est à revoir, etc, il est très facile d’avancer dans notre travail. C’est vraiment agréable de bosser dans ces conditions ! Je les adore !!!
Ben : Et c’est un honneur de faire partie de ce groupe, où l’ambiance est au beau fixe !
Comment travaille l’ensemble du groupe à l’écriture des morceaux ?
Ben : Sandy a tout composé chez lui au calme de A à Z. Nous n’avons pas participé à cet album. Disons qu’il nous a fait une très belle surprise !!!
Nelson : Par contre, pour les versions concert, là, on y met tous notre grain de sel. Pendant les répétitions, on modifie parfois nos parties pour voir ce que ça donne, on essaie un nouvel effet ou de nouveaux arrangements, on change un peu le rythme et on essaie des breaks différents à la batterie,... Mmm..., ça donne parfois des choses… intéressantes…
Il y a aussi, pour se reposer, des moments de "dé-kwoon-nade" : où l’on joue des choses complètement différentes, voire ringardes :de la varieté à la pop en passant par une bonne fanfare etc. Ca soulage après de longs moments de concentration !
On part parfois sur des improvisations pour le fun en déstructurant légèrement les morceaux de l’album, ce qui finit parfois par donner des choses que l’on finit par garder, des parties inédites de l’album que l’on ne pourra entendre qu’en live. Les parties inédites sont le produit de nos "dékwoonnades".
Peut-on espérer une commercialisation plus importante de votre album (l’album est disponible sur le site officiel du groupe) ? Y-a-t-il des contacts avec des labels et autres maisons de disques ?
Sandy : Le post-rock a-t-il une place assez importante dans l’industrie du disque pour qu’une maison de production se lance dans cette histoire avec nous ? Mmmmm… A voir… Les artistes indépendants et surtout autoproduits se retrouvent très souvent derrière des grilles fermées car la musique soit disant trop ambitieuse ou trop complexe n’est pas dans le « mouv » actuel… C’est connu : on préfère de loin les schémas classiques qui se vendent bien et qui plaisent à la majorité : Couplet/Refrain/Couplet/Refrain/Pont/Couplet/Refrain. Malheureusement, nous ne sommes pas dans ce moule et nous en sommes conscients, mais ce n’est pas pour cela que nous allons changer notre manière d’écrire. Oh non !
A propos des contacts, pour être franc, il y en a déjà eu 1 ou 2, avec des labels mais peu intéressants. Nous sommes confiants et patients. Déjà, tout va trop vite pour nous, vu les chroniques dans les Mags & webzines, les quelques passages radio avec très souvent de supers retours, les interviews… Rappelons que nous venons à peine de débarquer et que nous avons encore beaucoup à apprendre, alors ne nous pressons pas… Nous saisirons l’opportunité au bon moment.
Site officiel de Kwoon : http://www.kwoon-music.com/
Leur site MySpace : http://www.myspace.com/kwoonmusic
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