Le streaming du jour #762 : Tricky - ’False Idols’
On ne va pas se voiler la face, les grandes heures d’Adrian Thaws sont désormais derrière lui. Mais après l’énorme déception d’un Mixed Race aux métissages électro-pop à mi-chemin de la grandiloquence et de l’inconséquence, on ne peut que saluer l’économie d’effets et le goût retrouvé pour les atmosphères claires-obscures de ce False Idols renouant avec le minimalisme à la fois anxieux, sensuel et inquiétant qui caractérisait les sorties du Kid de Bristol au mitan des années 90 et culmine ici sur l’électrique Parenthesis habité par le chant haut-perché de Peter Silberman des Antlers.
Certes ce 10ème opus dévoilé par NPR n’est peut-être pas aussi inspiré que BlowBack ou le mésestimé Vulnerable, certainement les deux derniers grands disques de l’auteur de Maxinquaye, et on se serait bien passé du trop-plein de lyrisme d’un Nothing Matters - que le mimétisme vocal de Nneka Lucia Egbunaqui amène d’autant plus à souffrir de la comparaison avec Neneh Cherry - ou des cordes bontempi du single Nothing’s Changed dont les allures de listener’s digest du trip-hop dark d’antan ne font pas vraiment honneur au timbre fragile et tourmenté de Francesca Belmonte, déjà croisée sur quelques titres de l’album précédent.
Mais les sommets ne manquent pas (à commencer par le climax mystique de Passion Of The Christ), et les nouvelles muses de l’Anglais n’y sont pas étrangères à commencer par cette dernière, frappante de pâleur patraque sur Valentine samplant Chet Baker dans un mélange parfait d’élégance syncopée et de tension feutrée, et tout aussi impressionnante sur l’insidieux Tribal Drums aux cascades de beats savamment dosées ou encore le second single Does It, ode crépusculaire et menaçante aux contestataires de la nuit :
Participations tout aussi appréciables du côté de Fifi Rong, Londonienne originaire de Pékin arpentant en solo les frontières de la folk chinoise et du post-dubstep dont la douceur acidulée à la croisée de Nina Persson et Martina Topley touche au cœur sur l’introspectif If Only I Knew et illumine en mandarin le rêveur Chinese Interlude. Quant à la sus-nommée Nneka, chanteuse soul aux racines allemandes et nigériennes, elle aura droit elle aussi à ses moments de gloire, choriste capiteuse sur l’épileptique Hey Love aux éclats drum’n’bass subtilement étouffés dans l’œuf, et même au premier plan sur le groovesque Is That Your Life symbolisant à lui seul le regain de classe névrosée d’un Tricky que l’on se réjouit de retrouver en si belle forme.
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