De retour à son Detroit natal après quelques années passées à se bâtir une réputation dans l’underground électro hip-hop de Chicago à coup de remixes remarqués, d’instrus classieux et de 7" édités par son propre label Tall Black Guy Productions et distribués de notre côté de l’océan par First Word Records, Terrel Wallace rend un hommage appuyé à la Motor City sur ce premier LP à la fois smooth et affuté dont les incursions psychédéliques et syncopées évoquent également les virées au néon des beatmakers glitch de LA.

Élevé au jazz et la Motown mais marqué tout aussi sûrement par les collages soulful de Jay Dee, l’extase futuriste des pionniers techno ou la langueur romantique du hip-hop Daisy Age, le bonhomme n’a pas son pareil pour transcender les étiquettes, une évidence dès Funeral Biz dont les motifs de guitare en suspension sur fond de volutes cosmiques et de beats deep qui claquent leur petit groove abstract semblent fantasmer la rencontre circa 96 de Tortoise et A Tribe Called Quest.

Entre les paillettes des quartiers animés et les ruelles malfamées, Tall Black Guy a tôt fait de choisir malgré les claviers clairs-obscurs et les distorsions inquiétantes de l’hypnotique The Dark Streets, et c’est d’ailleurs tout ce que l’on pourra reprocher à cet 8 Miles To Monaert particulièrement cohérent : son élégance légèrement trop léchée frôlant l’hédonisme désincarné, qui culmine sur la coolitude éthérée de Mon Amie De’Troit que le flow d’Ozay Moore finit d’envoyer sur la planète Q-Tip, mais qui trouve sa limite dans les incursions lounge plus datées que vintage du jazzy There’s No More Soul :