Baltic Fleet - Towers
Le réputé difficile deuxième album est d’autant plus compliqué à négocier lorsque barre est aussi haute que pour l’Anglais Paul Fleming. Impossible dès lors de se pas s’interroger, à la découverte il y a quelques mois du single Engage, sur les perspectives d’avenir de Baltic Fleet, projet instrumental dont le premier album éponyme composé sur la route déployait il y a tout juste 4 ans une ambition musicale peu commune, et d’autant moins pour un album à guitares sorti dans les années 2000.
1. Towers
2. March Of The Saxons
3. Headless Heroes of The Acropolis
4. Engage
5. The Wilds
6. Winds of The 84 Winter
7. Hunting Witches
8. Toire De
9. Midnight Train
10. Reno
De cette profusion instrumentale, Engage ne conservait pourtant que les fumerolles hypnotiques du krautrock, les guitares new-wave et ce goût des synthés vintage hérité de Brian Eno, et l’entame du présent Towers est du même acabit : résolument frontale sous cette couche synthétique de mélancolie futuriste, que ses beats marqués tiennent de l’incandescence du post-punk anglais (Engage toujours), des transes en clair-obscur de Madchester (Headless Heroes Of The Acropolis qui n’en surprend pas moins par ses orchestrations crève-coeur au second plan), des cadences lourdes et saturées de l’indus (March Of The Saxons) ou des itérations stellaires des sus-nommés teutons (Towers), citons Neu ! ou Cluster pour faire bonne figure.
L’ancien claviériste d’Echo & The Bunnymen aurait-il donc cette fois privilégié une certaine cohérence minérale aux chemins de traverse plus aériens qui faisaient tout le prix de l’opus précédent ? Ce serait compter sans The Wilds et Winds Of The 84 Winter dont les beats post-indus et les nappes fantomatiques surplombés d’arpèges éthérés et autres programmations fugaces renouent avec cette inspiration darkwave immersive et mouvante à mi-chemin de Trisomie 21 et du Massive Attack de Mezzanine ou 100th Window, le second s’ouvrant même peu à peu au lyrisme stratosphérique d’un orgue du plus bel effet, pas loin de nous rappeler les intermèdes ambient de l’éponyme.
Dès lors, l’album acquiert une toute autre dimension et si le spectre des paysages industriels du Nord-Ouest de l’Angleterre plane assurément sur ce disque du retour au bercail, comme en attestent les tours de refroidissement nucléaires de la pochette qui lui donnent son nom, l’aspect cinématique de la musique de Baltic Fleet n’a fait que céder quelques pouces de terrain sur son efficacité rythmique. Après une paire de titres dans la continuité post-punk/krautrock de notre entrée en matière, le pouvoir d’évocation de l’Anglais reparaît ainsi au détour d’un Midnight Train qui sillonne au son des synthés gothiques les terres en friche séparant Liverpool de Manchester dans un avenir que l’on imagine proche, pour finalement culminer sur la mélancolie de Reno où le piano impressionniste des désormais classiques 48 Hour Drive (Boston) ou Berlin 8mm Deep refait surface le temps d’une romance rétro-futuriste avec les nappes analogiques, cette fois plus délicates et feutrées que jamais.
En somme, un album d’apparence plus monolithique qui ne réussit pas l’exploit d’égaler son illustre prédécesseur mais révèle des trésors de subtilité une fois apprivoisé.
Repas complet ce soir avec entrée Motorik, plats de résistance électro/hip-hop, trou auvergnat, douceur au dessert et quelques pains dans l’estomac pour aider à la digestion. Servez chaud ! 1. Baltic Fleet (krautrock incandescent) Dans la foulée de son très efficace Towers publié l’an dernier chez Blow Up Records, Baltic Fleet nous revient avec (...)
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