Pas facile à décrire, ce quatrième opus de notre duo transatlantique, cinquième en comptant le généreux et farouchement free EP IV qui demeure à nos oreilles le chef-d’œuvre de leur discographie. Mais si l’univers de Red Space Cyrod est en devenir, on préfère autant les voir continuer à se chercher, comme ils le font si bien au gré de ces 15 titres aussi accrocheurs que barrés.

A la fois mélodique et discordant, limpide et alambiqué, lo-fi et foisonnant, psychédélique et sec comme un coup de trique, En Devenir est un album de paradoxes. Une dualité multiple que l’album pousse d’ailleurs jusqu’à se scinder de lui-même et dans toute l’approximation qui anime les pop songs délicieusement abrasives et droguées de Red Space Cyrod en deux parties vaguement équilibrées, une face-A aux influences américana plus marquées qu’on imagera à tort ou à raison chapeautée par le Californien Red Space Cadet, et une face-B plus libertaire et angoissée qui respire à plein nez les obsessions de notre Cyrod national et viennent parfois ici flirter avec les compositions hors cadre des derniers albums d’Angil (cf. la scansion primale de Monastic Feelings ou le constant décalage vocal de Cynical Ukee).

Citons en en guise de morceaux choisis le quasi a-capella déliquescent de Charlice, le shoegaze-folk au romantisme squelettique de Madeleine, la noisy-pop dadaïste de Stupid RNR Song, les envolées glam désarmantes de Doog Do Do Doog, l’électrisant et très "lou-barlowien" Y Bis, la dark-wave agitée du bocal de Paused, la comptine bruitiste aux angles ronds The Cable Tree, la ballade en astéroïde de Ze Magic Numbers ou encore le lyrisme anxieux du poignant Pneumatic Theory... mais à ce train-là nous voilà déjà en train de citer tout l’album, alors autant arrêter les frais et passer directement à l’écoute, avec téléchargement à prix libre en cas d’affinité :